A ce rythme, c’est le président de la République qui risque de descendre sur le ring politique pour faire face à l’ancien Premier ministre (novembre 2002-avril 2004), qui semble définitivement porter les habits de nouvelle terreur du régime. Idrissa Seck a, en effet, sorti une nouvelle fois son arme pour faire feu sur Macky Sall et son gouvernement.
Le patron de Rewmi, qui était à Porokhane dans le cadre du Magal de Sokhna Diarra Bousso, a abordé les relations entre Abdoulaye Wade et le Président Macky Sall. Sans doute, une manière pour lui de faire un clin d’œil à un Parti démocratique sénégalais (Pds) en attente de son candidat «exilé». En effet, interpellé sur l’affaire Khalifa Sall, Idrissa Seck a assuré être attristé que le président de la République utilise l’institution judiciaire pour combattre et écraser des adversaires politiques. Il déclare que c’est en procédant de la sorte que Macky Sall a réussi à écraser l’ancien président de la République. «Si vous prenez le cas du Président Abdoulaye Wade, aujourd’hui, l’Afrique et le Sénégal sont privés de son talent diplomatique, de son envergure et de toute sa flamboyance. Aujourd’hui, ni l’Union africaine, ni la Cedeao, ni l’Uemoa, ni l’Onu ne font appel à lui (Abdoulaye Wade), du seul fait du traitement que lui réserve Macky Sall. Je trouve ça indigne», a regretté l’ancien numéro 2 du Pds.
C’est Idrissa Seck alors Pm qui a contresigné le décret qui a mis fin au mode de fonctionnement de la caisse d’avance
Sur l’affaire Khalifa Sall, qui semble faire partie de ses sujets favoris, Idrissa Seck persiste qu’il s’agit d’un procès politique. Parce que le décret qui a mis fin au mode de fonctionnement de la caisse d’avance (de la mairie de Dakar) depuis son institution est un décret qui porte sa signature. Donc, il ne pouvait pas l’ignorer et ce décret date de 2004. Donc, entre 2004 et maintenant, pourquoi Macky Sall n’a pas soulevé de problème ? Et pourquoi seulement maintenant, au moment où Khalifa Sall manifeste son ambition présidentielle ?», demande l’ancien maire de Thiès, qui ajoute qu’un tel comportement, visant à détruire des leaders politiques qui auraient pu servir le pays, servir le continent, est inacceptable. «C’est le maire de la capitale. C’est un maire qui est connu par tous les autres maires du monde et en particulier les maires francophones. A un moment où la coopération décentralisée est un pilier essentiel de la diplomatie, on l’écrase et on prive l’ensemble des communes de la capitale et même les autres communes de son apport», dit-il.
«Des tournées folkloriques pour répéter des promesses qu’on a déjà faites et qu’on n’a pas respectées ne relèvent pas du comportement adéquat d’un chef d’Etat»
Interpellé sur les déplacements du chef de l’Etat, Idrissa Seck a qualifié ceux-ci de scandaleux, notamment au vu des dépenses qu’ils occasionnent «(…) Des déplacements folkloriques, sans absolument aucun intérêt, dont les coûts devraient être versés dans une caisse pour solutionner les nombreux problèmes auxquels il (Macky Sall, ndlr) fait face», a critiqué l’ancien Premier ministre. Poursuivant, Idrissa Seck dit à Macky Sall ce qu’il attend de lui. «Ce que j’attends de lui, c’est qu’il achète l’arachide des paysans. Ce que j’attends de lui, c’est qu’il paye les bourses des étudiants et leurs frais de scolarité, pour ceux d’entre eux qui n’ont pas eu de place dans le public et qui ont été orientés dans les instituts privées. Ce que j’attends de lui, c’est qu’il respecte ses engagements vis-à-vis des enseignants. Ce que j’attends de lui, c’est qu’il veille sur la sécurité des Sénégalais, la sécurité routière en particulier», a-t-il listé, laissant entendre que ce sont ces sujets qui intéressent les Sénégalais. Suffisant pour qu’il se mette à railler : «Je pense que faire des tournées folkloriques, répéter des promesses qu’on a déjà faites et qu’on n’a pas respectées ne relèvent pas du comportement adéquat d’un chef d’Etat».
Terminant, Idrissa Seck a tenu à insister sur la morale qu’il avait faite, il y a quelques jours, au Président Macky Sall, à travers sa lettre ouverte. Accusant les journalistes d’avoir traité cet aspect de sa déclaration de manière lapidaire, le patron des oranges de Diamalaye réitère : «Le bon chef doit porter deux noms : Togneha (Celui qui ne fait pas outrage) et Yoptatako (Celui qui ne se venge pas)».
Sidy Djimby NDAO