La 2ème vague de coronavirus tant redoutée est bien là ! C’est le constat du Dr Bousso, Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), qui était hier l’invité de «Objection» sur Sud Fm. Pour lui, il reste à rendre la stratégie de lutte plus efficace, à la lumière des leçons tirées de la première vague. Sinon, soutient-il, «si nous revivons la même situation, cela va être très difficile». A propos du vaccin, le patron du Cous a rassuré sur le fait que celui qui arrivera au Sénégal sera «efficace», car il refuse que nous soyons des «cobayes» pour tester l’efficacité d’un vaccin. Aussi, il a fustigé les propos à la limite «irresponsables» de ceux qui se prévalent des titres de docteur et professeur et qui tiennent un discours qui discrédite le vaccin, affectant même le Programme national de vaccination qui n’a rien à voir avec la pandémie.
La pandémie du coronavirus a repris du terrain depuis quelques semaines. Même si au niveau des populations, le respect des gestes barrières pose toujours problème et qu’au niveau des autorités, l’on peine à lâcher le terme seconde vague, synonyme d’une nouvelle situation de crise sanitaire aigue. Mais, pour Dr Bousso, il ne sert à rien de tourner autour du pot. «Je pense qu’aujourd’hui, nous nous accordons tous que nous sommes dans une deuxième vague. On ne doit plus être là à faire des discussions sémantiques. Nous sommes dans une deuxième vague», martèle-t-il. Non sans s’empresser de préciser que cette seconde vague est, pour le moment, moins grave que la première, avec un taux de reproduction du virus autour de 2,3%, soit deux personnes contaminées par un malade, contre 8%, durant la première vague. Dès lors, il invite à ce que l’on mette les bouchées doubles, pour que la situation ne dégénère pas. «Maintenant, notre combat, c’est de tout faire pour qu’on n’atteigne pas le niveau de la première vague. Dans la première partie de cette épidémie, ce que nous avons vécu n’a pas été très facile (…). Si nous revivons la même situation, cela va être très difficile pour nos pays», prévient-il. Et de souligner que pour éviter de tomber une situation immaitrisable, il faut «tirer les leçons» de la première vague. «Il ne faut pas que nous soyons dans une éternelle reconstruction. Nous avons quand même vécu des mois très difficiles, avec beaucoup de cas. Nous avons une meilleure connaissance de la maladie et de son mode de transmission. Donc, cela nous permet, par rapport à la stratégie, de pouvoir nous rediriger», explique le patron du Cous. Qui est convaincu que l’option «vivre avec le virus» prise par le Sénégal est «plus qu’actuel».
«Sur le vaccin, beaucoup de personnes, parce qu’ils ont le titre de Dr ou de Pr, font des discours irresponsables».
Interpelé sur le vaccin contre le coronavirus que plusieurs pays ont commencé à administrer à leur citoyens, Dr Bousso est formel : «nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser le vaccin. C’est la seule solution. Aujourd’hui, il faut un vaccin pour pouvoir régler cette question de Covid-19». En ce sens, il ne manque pas de déplorer l’attitude de certains professionnels de la médecine qui alimentent un débat tendant à discréditer le vaccin et à faire douter les populations. «J’aimerais bien m’arrêter sur le débat qui entoure la vaccination et surtout attirer l’attention des gens. Il y a beaucoup de débats et surtout de la part de certains de nos collègues. Je pense que la Covid doit nous amener à être humbles, à le rester et à continuer de l’être. Il y a beaucoup de personnes qui, parce qu’ils ont le titre de docteur ou de professeur, font de ces discours qui, à mon avis, sont irresponsables», soutient-il.
«Nous n’allons pas être des cobayes pour quelque organisation internationale que ce soit»
Et ce, d’autant plus que «les grandes entreprises qui travaillent sur ces vaccins ne s’amusent pas». Car, note-t-il, tous les pays qui l’achètent le font avec beaucoup de responsabilité, comme le fera le Sénégal. «Tout vaccin qui va arriver au Sénégal sera un vaccin efficace. Nous n’allons pas être des cobayes pour quelque organisation internationale que ce soit», affirme Dr Bousso. Qui ajoute que les entreprises qui fabriquent les vaccins sont conscientes aussi que s’il y a «un défaut, un dégât sur qui que ce soit dans le monde», elles seront tenues pour responsables et vont le payer cher. Très remonté contre les animateurs de «cette mauvaise communication sur le vaccin» contre le Covid-19, Dr Bousso note que leur action est en train «d’impacter même le Programme élargi de vaccination» qui n’a rien à voir avec la pandémie.
Mbaye THIANDOUM