Une perte de trois jours de travail équivalant à 900 millions de francs ! C’est la coquette somme que risque de perdre la société de Ali Dangote, si jamais les syndicalistes mettent en œuvre leur préavis de grève. En effet, le collège des délégués du personnel de Dangote Cement Sénégal a déposé un préavis de grève de 72 heures en observant un arrêt total de production, si la Direction sise au Nigeria ne réagit pas favorablement à leurs multiples demandes.
La section syndicale Dangote Cement Sénégal est catégorique. Tant qu’elle n’aura pas reçu une réponse satisfaisante de la Direction générale de Dangote au Nigeria, elle va cesser toute activité de production durant 72 heures. En effet, le collège des délégués du personnel de Dangote Cement Sénégal a déposé le 3 septembre dernier un préavis de grève, après trois tentatives de négociations, les vendredi 3, jeudi 16 et lundi 20, pour aboutir à la signature d’un procès-verbal de non-conciliation en date du 20 août 2018 sous le numéro 00000849 de l’Inspecteur régional de Thiès. Ces derniers, via le collège des délégués, ont égrené un chapelet de revendications allant du refus de la prime de production du deuxième trimestre de cette année, malgré le dépassement de l’objectif assigné, à l’absence d’un comité d’hygiène et de sécurité fonctionnel, aboutissant à une hausse considérable des accidents de travail.
Multiplication par 3 au moins des indemnités de logement
Ce qui est grave, souligne le mémorandum des syndicalistes, il y a eu 3 décès en l’espace de deux ans et 2 accidents graves tous les mois. Il s’ajoute à cette liste de revendications l’insécurité des bus de transport du personnel, un défaut d’ambulance médicalisée et d’ambulancier pour les évacuations en cas d’accident de travail. Le collège réclame aussi une hausse des indemnités de logement. «250.000 F à la place de 75.000 F pour les chefs de départements et cadres, 200.000 F à la place de 55.000 F pour les agents de maitrise et 150.000 à la place de 55.000 F pour les ouvriers et employés de bureau», lit-on dans le préavis de grève.
Les syndicalistes dénoncent aussi la discrimination dans le traitement salarial, favorisée par l’absence de grille des salaires, la discrimination dans les postes d’avancement et dans l’octroi d’outils de travail et d’avantages liés aux postes. «Les cadres étrangers avaient une voiture, une dotation de carburant, un ordinateur portable, un téléphone portable, mais dès que les cadres sénégalais ont remplacé les expatriés, malheureusement la Direction a retiré tous les avantages liés aux postes : voitures, chauffeurs, logement…», fustigent les syndicalistes. Pour finir, ils dénoncent des forfaits d’heures supplémentaires pour les cadres, très mal calculés.
72 heures d’arrêt total, perte estimée à plus 900 millions
Las de demander ce qui leur va de droit, le collège informe qu’il reste disposé à poursuivre les négociations pour avoir un dénouement heureux, «sans cela, nous serons dans l’obligation d’observer une grève après la durée d’un mois du préavis». Nous allons observer un arrêt total de 72 heures et nous verrons si la Direction est prête à mettre sur la table 150 millions F qui représentent nos revendications dans l’année ou de perdre 900 millions de francs durant trois jours», explique une source.
Samba THIAM