Azoura Fall sera jugé à huitaine sur décision du juge qui souhaitait consulter le dossier qu'il a tardivement reçu la veille du procès. Le tribunal des flagrants délits de Dakar devant qui il a comparu hier, jeudi 15 mai 2025, lui a accordé la liberté provisoire malgré l'opposition du procureur. Son coprévenu El Ousseynou Kaïré reste en prison jusqu'à la date du procès. Dans cette affaire où ils sont poursuivis pour discours contraires aux bonnes mœurs, leurs avocats et ceux de la partie adverse se sont chamaillés concernant la constitution de partie civile des derniers nommés.
Le procès de Assane Guèye alias Azoura Fall et de El Hadji Ousseynou Kaïré, poursuivis pour discours contraires aux bonnes mœurs, s'est tenu dans une atmosphère très tendue hier, jeudi 15 mai 2025, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Lorsque le dossier a été évoqué, la juge a pris sur elle la responsabilité de renvoyer l'affaire à mercredi prochain, 21 mai 2025. La magistrate, pour justifier le motif du renvoi, a confié avoir reçu le dossier tardivement et qu'elle n'a pas eu le temps de le consulter. Toutefois, le procès a été marqué par un incident survenu entre avocats. Les robes noires se sont crêpé le chignon tout simplement pour la constitution de partie civile. Les conseils de la défense ont contesté la constitution de partie civile des avocats de l'autre côté. Avocats qu'ils disent appartenir au régime de l'ancien président de la République, Macky Sall, à savoir Mes El Hadji Diouf, Amadou Sall et Antoine Mbengue.
Chamailleries entre avocats
En réponse, Me El Hadji Diouf argue : "tous ceux qui ont souffert d'une infraction peuvent se constituer partie civile. En plus, ce n'est pas le moment d'apprécier la Constitution des parties civiles". En guise de réplique, Me Bamba Cissé lui rétorque : "vous faites de la politique, nous faisons du droit. Vous plaidez par procuration. Vous plaidez pour Macky Sall". Me Antoine Mbengue de déclarer qu'il n'est pas interdit de faire de la politique.
À la suite de cette perturbation, la kyrielle d'avocats qui s'est constituée pour le compte des mis en cause dont Mes Ciré Clédor Ly, Bamba Cissé, Brice Sylva, Abdy Nar Ndiaye, Famara Faty, Souleymane Soumaré et autres, ont plaidé une demande de liberté provisoire pour Azoura Fall et Kaïré 220. Me Sylva, évoquant ainsi leur garantie de représentation en justice par le fait qu'ils sont régulièrement domiciliés, déclare : "ce sont des jeunes connus. Ils ne peuvent pas disparaître. Ils se sont eux-mêmes rendus à la cybercriminalité. Ils ont des adresses connues à Dakar et ils ne peuvent pas fuir. Il faut leur accorder la liberté provisoire parce qu'ils vont comparaître à l'audience". Me Souleymane Soumaré a indiqué au tribunal que dans le dossier, il y a des documents médicaux qui ont été versés et qui lui permettra de mieux apprécier le sort de Azoura. Me Famara Faty pour sa part dira : "je vais trahir la confidence qu'il m'a faite. Azoura m'a confié qu'il préférait mourir que de retourner en prison. C'est son incarcération qui lui a causé des troubles pathologiques". Justifiant sa requête sur l'état de santé de Azoura Fall, Me Bamba Cissé a expliqué : "à l'hôpital Fann où il a été envoyé, il a été soumis à un examen. La maison d'arrêt avait établi un document qui stipulait qu'il souffrait de problèmes mentaux et on se permet de l'envoyer en prison".
Azoura, pointant son doigt la composition du tribunal, a accusé Macky Sall des tortures qu'il a subies en prison. A la surprise générale, il tente de se déshabiller en soulevant son tee-shirt. "Voilà ce que Macky Sall m'a fait", a-t-il balancé avant qu'il ne soit arrêté par Me Clédor. Pire, il enlève son pantalon laissant apparaître sa petite culotte, en menaçant toujours de se mettre complètement nu. Pris de court, ses avocats se sont vite rendus à sa rescousse. Me Clédor de lui implorer : ‘’de grâce, fais-le pour moi. Ne te déshabille pas" ; il s'exécute et va s'asseoir sur l'une des sièges réservés aux avocats.
Me Ciré Clédor Ly, pour sa part, a dans sa plaidoirie étalé son cri de cœur. "C'est le cœur lourd et choqué que je prends la parole, parce que je pensais qu'il restait une dose d'humanité chez les humains, mais je me suis rendu compte que je me suis trompé. Quelque part, la bestialité prend le dessus. Les faits dont on parle sont amnistiés. C'est de la forfaiture", a-t-il pesté en demandant leur libération d'office.
Le procureur a demandé au tribunal de rejeter cette requête de liberté provisoire sollicitée par la défense. Le parquet a motivé sa demande en soulignant que les prévenus n'ont aucune garantie de représentation en justice. Finalement, le juge a accordé la liberté provisoire à Azoura Fall, mais a maintenu Kaïré en prison, avant de fixer la date du procès pour le mercredi 21 mai 2025.
Fatou D. DIONE