La bataille au niveau de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar fait rage. Serigne Mboup a porté plainte contre ses anciens compagnons et leur réclame 1 milliard Cfa de dommages et intérêts pour des faits de diffamation. Délibéré le 10 février prochain.
Pour des faits de diffamation, Serigne Mboup, le président de l’Union nationale des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal, a traduit hier devant le juge correctionnel de Dakar les membres du bureau de ladite structure. Le plaignant reproche à ses compagnons d’avoir publié dans la presse une résolution où sa réputation et son honneur ont été salis. Pour cette citation qui a été servie à 11 personnes, seulement Abdel Kader Ndiaye et Bruno D’Erneville ont déféré à la convention du juge. Ces derniers ont nié les faits qui leur sont imputés même s'ils ont reconnu avoir apposé leur signature sur la résolution. À en croire ces comparants, ils ont agi solidairement aux décisions du bureau. «Je suis solidaire avec ce que le bureau a fait. Je ne suis pas allé dans la presse. Ce n’est pas mon rôle. Je ne suis pas habilité à parler à la presse. Je n’ai jamais dit qu’il est incompétent et qu’il est dangereux», s’est justifié Bruno D’Erneville. Et d'ajouter : «je respecte Serigne Mboup, car il s’est fait tout seul. On est allé à des élections et Abdoulaye Sow a gagné à Dakar. Je ne sais pas ce qui oppose Serigne Mboup à celui-ci. Mais après, il nous a convoqués à son bureau sis au centre commercial Touba Sandaga pour contrer le vote du budget du bureau. Il nous a demandé ce qu’on a à gagner à la Chambre de commerce. Je lui ai dit qu’on n’est pas là-bas pour se faire des sous, mais pour y représenter des hommes d’affaires».
Abdel Kader Ndiaye et Bruno D’Erneville solidaires du bureau
Pour sa part, Abdel Kader Ndiaye a expliqué la surprise qu'il a eue lorsqu'il a reçu cette citation directe. Selon lui, la Chambre de commerce de Dakar, suite aux sorties de Serigne Mboup dans la presse, a décidé de suspendre sa participation à la rencontre de l’Union nationale des Chambres de commerce. Contestant être l'auteur de la résolution «incriminée», il a précisé que la décision a été prise au cours d’une assemblée générale. «Je suis solidaire d’une décision prise par le bureau. Notre assemblée comprend 100 personnes et je n’ai pas communiqué avec la presse. Dans le texte, je ne vois pas de propos diffamatoires. Le bureau s’est basé sur les sorties de Serigne Mboup pour faire cette résolution. J’assume avoir signé le document car je suis solidaire au bureau. Nous sommes des responsables. C’est l’objectivité qui commande nos propos», a-t-il confié.
Serigne Mboup chargé ses «détracteurs»
Invité à s'expliquer sur les faits, le plaignant Serigne Mboup a affirmé que ce n’est pas la première fois qu’il fait l’objet de ces attaques de la part des mêmes personnes qui sont traduites aujourd’hui à la barre. «En 2015, ces individus avaient sorti une résolution que le président Abdoulaye Sow n’avait pas signée. Et dans ce document, il y avait des propos diffamatoires. En 2020, je suis encore victime de ces mêmes individus pour avoir évoqué l’intérêt général. Ce n’est pas ma personne qui m’importe dans cette affaire. Ils ont signé individuellement la résolution. Je suis diffamé car je suis qualifié d’incompétent et d’erratique dans le document», s'est offusqué Serigne Mboup. Les conseils de ce dernier ont réclamé à titre de dédommagement la somme d'un milliard. «L’objectif était de discréditer Serigne Mboup aux yeux de l’opinion internationale. Ils ne pourront se prévaloir de la bonne foi. Ils n’avaient pas le droit de divulguer la résolution. Ils ont choisi de le faire par voie de presse», a martelé Me Ousseynou Ngom. Demandant que la décision rendue par le tribunal soit publiée dans la presse, Me Bamba Cissé de soutenir : «je précise que c’est une page de publicité. Ce qui veut dire qu’ils ont payé. En lisant ça, des opérateurs ont appelé Serigne Mboup en croyant qu’il est corrupteur, qu’il est incompétent. Ça fait mal». La robe noire a aussi sollicité que les prévenus soient astreints au paiement de 10 millions F Cfa pour chaque jour de retard. Avant que Me Baboucar Cissé ne tonne : «depuis 1960, ils sont là. C’est des gens qui vivent aux basques de la Chambre de commerce de Dakar. Le budget de la Chambre de commerce de Dakar est 80% un budget de fonctionnement. Serigne Mboup veut un assainissement, c’est ce qui lui vaut ces attaques». À sa suite, le procureur a requis l'application de la loi là où les avocats des prévenus ont demandé que leurs clients soient relaxés. Délibéré le 10 février prochain.
Fatou D. DIONE