Alors qu’il est en prison à la suite d’une plainte de Pape Maël Diop, Cheikh Mbacké Gadiaga a été extrait de sa cellule, afin de comparaître pour le délit de diffamation, cette fois, contre Abdoulaye Sylla. Pour sa défense, il a encore chargé Moïse Rampino. Abdoulaye Sylla lui réclame 500 millions de francs. Verdict le 17 mai.
C’est une anticipation du procès qui pointe à l’horizon, dans son différend avec Pape Maël Diop, que Cheikh Gadiaga a vécue, hier, devant le juge de la première Chambre criminelle. Cheikh Mbacké Gadiaga a, en effet, comparu hier devant le juge pénal pour le délit de diffamation. C’est Abdoulaye Sylla qui a esté en justice contre lui, en lui servant une citation directe. L’administrateur de sociétés, patron de ECOTRA, accuse le prévenu d’avoir usé de son site senegalinfo.net pour attenter à son honneur et sa considération. Dans la citation, Abdoulaye Sylla, qui était représenté par ses conseils, relève les termes d’un article posté sur le site et dans lequel l’auteur écrit ceci : «la tristesse tient au fait que le Président Macky Sall n’a pas l’impression d’avoir retenu les erreurs qui ont perdu le régime libéral. En voyant monsieur Abdoulaye Sylla faire main basse sur des pans entiers de l’économie, juste parce qu’il est un ami du couple présidentiel, l’on serait tenté de nous demander si nous sommes réellement dans une république. Ce monsieur qui, dans un passé récent, vendait des seringues devant l’hôpital régional de Diourbel, est devenu l’homme fort de Diourbel». Plus loin, il ajoute : «toute chose ayant une fin, monsieur Abdoulaye Sylla aura beaucoup de mal à justifier tout le patrimoine qu’il est en train de s’octroyer indument. De Hong-Kong en passant par Dubaï et Londres, le mari de Fatima Zahra Dème possède des actions ou des comptes bancaires bien remplis».
Cheikh Gadiaga encore dans son sport favori : il met tout sur le dos de Moïse Rampino
Afin de s’expliquer sur ces propos, Cheikh Gadiaga, qui a été extrait de sa cellule pour comparaître, a tout mis sur le dos de Moïse Rampino : «tout ce qui est écrit dans le site, c’est le directeur de publication, Moïse Rampino, je n’y ai aucune responsabilité. J’ai signé un contrat avec Moïse Rampino, dans lequel je lui délègue tout. Je ne sais pas ce qui y est écrit. Je ne sais ni lire ni écrire le français, je n’ai appris que l’arabe». A la question du juge de savoir s’il ne vérifiait pas souvent ce qui se passe dans le site, puisqu’il y va de sa responsabilité, Cheikh Gadiaga jure qu’il ne jette jamais un œil sur le site, tout ce qui l’intéresse, c’est les publicités qui y passent, car il a un groupe de sociétés appelé Cmg Communication. Cheikh Gadiaga a juré sur tous les saints qu’il ne connait Abdoulaye Sylla «ni d’Adam ni d’Eve».
Mes Seyni et Assane Dioma Ndiaye dénoncent un chantage
Me Seyni, un des avocats d’Abdoulaye Sylla, lui a alors posé la question par rapport à son histoire avec Pape Maël Diop. Pour sa défense, il soutient qu’on l’a appelé à la Section de Recherches pour lui en parler et Moïse Rampino a tout endossé ; «d’ailleurs, j’ai arrêté le site depuis lors», a-t-il ajouté. Selon Me Ndione, le prévenu cherche une passerelle pour se dédouaner, mais il est entièrement responsable. A l’en croire, l’article n’a pas été signé et le nom de Moïse Rampino ne figure nulle part dans le site. «On ne peut pas écrire pour faire chanter la personne. Il aurait dû s’assurer à ce que son rédacteur en chef signe les articles. En fait, la logique est une logique de chantage», a pesté Me Assane Dioma Ndiaye. La partie civile a réclamé un demi-milliard de francs pour la réparation du préjudice causé.
Pour l’avocat de la défense, Cheikh Gadiaga n’a rien à voir dans cet article, car c’est Moïse Rampino qui a écrit. «Ils auraient dû le sommer et il leur aurait expliqué que c’est Rampino qui est le rédacteur en chef», argue la robe noire. Auparavant, le conseil du prévenu avait soulevé une exception de nullité en produisant le contrat par lequel Cheikh Gadiaga a délégué la responsabilité du site à Moïse Rampino. Le juge a joint l’exception au fond et a renvoyé les parties au 17 mai pour le délibéré.
Alassane DRAME