C’est confirmé. C’est par les mots que la jeune étudiante s’exprime le mieux. Alors que tout le monde attend une sortie officielle de Diary Sow ou de son parrain, c’est sur Instagram qu’elle a décidé enfin de briser le silence. En diffusant la Trailer de son nouveau livre «Et les masques tombent !», la jeune étudiante encore une fois laisse sous-entendre quelques messages.
Diary Sow s’est exprimée sur Instagram pour répondre à plusieurs interrogations. Même si cela semble être une façon de faire la promotion de son livre dont le titre est assez parleur «Et les masques tombent», il laisse toutefois le doute dans la tête des Sénégalais. Seulement, le prénom du personnage principal a changé. Ce n’est plus Allyn mais plutôt Eryn. Un changement qu’elle explique dans la Trailer publiée sur Instagram. «Je ne m’appelle plus Allyn. J’ai cessé d’être Allyn il y a exactement 26 mois et deux jours, quand le destin a frappé une fois de plus aux portes de mon existence. Depuis, je suis deux femmes distinctes, que plus rien ne relie», explique-t-elle.
Pourtant, le prénom choisi ne l’a pas tout de suite plu. Elle qui voulait d’un nom plus africain. «Eryn Joly. D’abord, je n’ai pas voulu de ce nom, trop occidental et peu naturel. Maintenant, je sais que je me trompais».
Décrivant son nouveau personnage Eryn, l’auteure d’expliquer que sa vie n’a jamais été simple. Parsemée d’embûches, le personnage, d’après Diary, avançait sans se lamenter encore moins se morfondre sur son sort. «Longtemps, j’ai cru que ma vie ne serait que pénitence, je m’étais faite à l’idée de ne jamais connaître le véritable bonheur. J’aimais les aventures et les hasards de l’existence. Je m’élevais, je montais, je grimpais, sans jamais pleurnicher sur mon sort. Mais mon cœur battait tragiquement au rythme de la grande Horloge. Je me hâtais de vivre, de peur de ne vivre assez, de peur que ma vie ne passât, avant que j’eusse appris à vivre. Je préférais à la monotonie, au prosaïque, l’exceptionnel, fût-il macabre».
L’amour au cœur de son roman
L’amour encore une fois est au cœur de son roman. Seulement, pour cette fois-ci, il s’agit plus d’un amour impossible avec le frère de son ex amant, Karim. «Quand j’ai vu l’amour, de nouveau, pointer le bout de son nez, d’abord je n’y ai pas cru. J’ai passé des jours, des semaines, puis des mois, à me convaincre que je me trompais, que mon cœur déréglait et mes sens et ma raison. Ce sentiment indésirable, que je ne recherchais guère, s’imposait à tort à une éternelle cynique», narre-t-elle.
Avant de poursuivre : «il n’y a certes de malheur plus grand que l’amour, quand il est fini, mais nul bonheur ne l’égale, quand il commence. J’avais hurlé de douleur de voir disparaître mon amant délaissé. Mon silence, si bavard qu’il fût, ne lui avait pas parlé. Je suis donc allée m’informer, toute seule, sur tout, en réponse à ce besoin intrinsèque de me confronter à l’inconnu, mais aussi à ce sursaut poétique d’éprouver, ailleurs, l’harmonie de l’univers. Je ne craignais plus le monde sans lui».
Seulement, la campagnarde qui est devenue une sirène des podiums ne savait pas le nouveau monde qui s’ouvrait à elle, avec son lot de péripéties. N’empêche, elle aimera. Elle finira par y prendre goût. «Je n’avais alors qu’une vague idée de la vie qui m’attendait. Une vie dissolue, immorale, diraient certains. Et mes principes n’ont pu résister longtemps à l’influence de ce monde. Je pose. Je suis déshabillée et mon corps, exposé à la vue de tous. Ma beauté est anonyme, interchangeable.»
Comme pour répondre à ceux qui l’interrogeront sur une quelconque ressemblance entre Eryn et elle, l’auteure d’apporter quelques précisions. Pour dire qu’elle ne se connaît pas, qu’elle ne peut se définir. «Eryn est un personnage que j’incarne le jour, parfois la nuit, un déguisement que j’entretiens soigneusement à force de mensonges, de simulacres et de non-dits. Qui suis-je réellement ? Je ne le sais pas plus aujourd’hui qu’hier. Je suis toujours pour moi-même, un monde mystérieux et insondable. De nouveau seule, livrée à moi-même, n’ayant de famille, d’ami, que moi-même. Si j’ai eu besoin d’un costume, ce n’est pas parce que mon âme n’est pas pure, elle ne l’est pas moins que les vôtres, et au risque de vous décevoir, la douleur ne l’a pas avilie. Ce n’est pas parce que je suis damnée, pas davantage pour épargner votre sensibilité, encore moins pour dissimuler ma part de noirceur».
Malgré tout, elle reste optimiste. Elle espère malgré toutes les difficiles épreuves qu’elle a traversées, voir le bout du tunnel. «J’entrevois la fin des ténèbres. Quelle qu’en soit l’issue, je serai prête. Même au plus sombre de l’épreuve, nul ne connaîtra mon talon d’Achille. Peu importent mes tourments, mes défaites, je renaitrai de mes cendres, tel le phénix. Et alors, mon cœur cessera à jamais d’avoir froid.»
Khadidjatou DIAKHATE
MOUHAMED NDIAYE, PSYCHOLOGUE
«Je perçois un plan méticuleusement et intelligemment suivi et qui a porté ses fruits»
les Echos : Qu’est-ce qui selon vous explique les agissements de Diary Sow ?
Mouhamed Ndiaye : J’ai suivi l’affaire Diary Sow, et j’ai d’abord cru à un moment donné que sa disparition était liée à un drame. Pour la simple raison que ça commençait à durer. Or, il est connu dans la criminologie que les personnes disparues pendant un certain nombre de jours, sont, dans la plupart du temps, retrouvées mortes ou laissées pour mortes. A ma grande surprise, comme tout le monde d’ailleurs, elle est réapparue. J’ai alors lu les extraits de sa lettre, ce qui a totalement changé ma vision des choses. Je percevais alors une jeune fille qui se cherchait, qui se posait beaucoup de questions existentielles, une personne qui, toute sa vie, a fait les choses de façon parfaite, comme le veut la société. Et qui, de plus en plus se perdait dans une vie où elle n’a pas le droit de faire des erreurs, à force d’être perçu comme un modèle parfait.
Beaucoup de Sénégalais ont fait le lien entre la personne de Diary Sow et le personnage principal de son roman. N’est-ce donc pas juste une stratégie pour attirer l’attention ?
Aujourd’hui, j’ai découvert un passage et la promotion de son nouveau livre. Je perçois alors un plan méticuleusement et intelligemment suivi et qui a porté ses fruits. Elle a attiré l’attention sur elle et ses œuvres ; elle se fait lire, elle se fait connaître, elle se fait comprendre, elle a l’attention de tout le monde. Et si c’était cela son objectif, alors je trouve qu’elle l’a brillamment réussi.
Maintenant, le fait qu’elle ait eu pour objectif un coup de publicité de sa personne et de ses œuvres n’exclut pas pour autant qu’elle se soit rebellée d’une vie plus ou moins imposée. Les deux semblent aller de pair.
La thèse de trouble et de dépression chez la jeune fille a été avancée à un moment donné. Confirmez-vous cela ?
Pour clarifier un peu le concept de trouble, j’aimerais dire que personne n’est exempt d’en avoir à un moment ou un autre. La santé mentale est une recherche permanente d’équilibre des dimensions de l’être. Ainsi, on est forcément confronté à des moments d’instabilité. Avoir des troubles ne revient pas à dire qu’on a basculé dans la folie, mais que l’équilibre de la personne est perturbé à un instant précis.
Elle peut effectivement passer par des phases de trouble donc de rééquilibrage mais, encore une fois, rien ne peut être affirmé sans avoir des entretiens avec elle. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, les difficultés psychosociales que l’on traverse peuvent ne pas représenter un obstacle mais un atout. Ce qui pourrait être son cas.
Khadidjatou DIAKHATE