Dieynaba Doumbouya et Asmaou Diallo ont été jugées hier, mercredi 23 octobre 2024, pour des faits de traite de personnes. Ces deux sœurs ont finalement été condamnées à des peines de prison ferme par le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Dieynaba Doumbouya et Asmaou Diallo ont été respectivement condamnées à 2 ans dont 3 mois ferme et 2 ans dont 1 mois ferme de prison. Ces deux dames, qui sont sous mandat de dépôt depuis le 27 septembre dernier, ont été jugées hier, mercredi 23 octobre 2024, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar pour traite de personnes. Il résulte de la procédure que Dieynaba Doumbouya (mère de trois enfants) avait à sa charge les deux mineures de nationalité sierra-léonaises, F. C. (14 ans) et R. K (11 ans), à Thiaroye où elle est domiciliée. Ces deux dernières, huit mois plus tard, ont fugué du domicile de leur tutrice du fait de la charge de travail qui leur a été imposée et de mauvais traitements dont elles sont victimes. Elles sont ainsi allées se réfugier au marché Thiaroye où elles ont passé la nuit avant de rejoindre leur compatriote, une certaine Monica, à son commerce le lendemain. Les deux gamines ont raconté à cette bonne dame le traitement dégradant qu'elles subissaient. Elles ont confié à celle-ci qu'elles sont venues au Sénégal avec l'autorisation de leurs parents qui les ont mises à la disposition de Dieynaba Doumbouya. Deux semaines après avoir travaillé dans son restaurant qui se trouve aux Parcelles Assainies, elle les a laissées à la maison où elles faisaient toutes les tâches ménagères. Et comme ce supplice ne suffisait pas, Dieynaba Doumbouya a mis ces gamines à la disposition de sa sœur Asmaou Diallo. Cette dernière, à son tour, les exploitait en leur faisant vendre des sachets d'eau au marché Thiaroye. D'après toujours ces filles, Dieynaba Doumbouya les bastonnait de temps en temps quand elles refusaient d'exécuter ses ordres. Elles ont aussi précisé que son fils de 18 ans se permettait même d'exercer sur elles des attouchements sexuels.
Dieynaba et Asmaou Diallo portent plainte et se retrouvent derrière les barreaux
Ces victimes ont été conduites auprès des éléments enquêteurs du commissariat de Thiaroye sur recommandation du mari de leur compatriote Monica. Auditionnées, elles ont été par la suite transportées à l'ambassade de la Sierra Léone à Dakar, le 19 septembre 2024. Mais, la vice-consule aurait suggéré à Monica de garder les filles chez elle. Après cela, Dieynaba et Asmaou ont saisi le commissariat de Thiaroye lorsqu'elles ont su que les gamines se trouvaient entre les mains de Monica. Malheureusement pour elles, elles ont été arrêtées avant d'être placées sous mandat de dépôt pour le délit de traite de personnes.
Dieynaba et Asmaou démentent
À la barre des flagrants délits où elles ont comparu, Dieynaba Doumbouya a contesté avant d'ajouter que ces filles sont dans de bonnes conditions. Elle révèle avoir connu les parents de ces enfants par l'intermédiaire de sa sœur, établie en Sierra Léone. "Je ne gagne rien dans la vente des sachets d'eau. Asmaou m'a demandé de lui donner les filles pour qu'elles comprennent le wolof, mais également pour l'aider à vendre de l'eau. C'est une perte de temps de les laisser à la maison à ne rien faire. C'est pourquoi j'ai cédé à ses multiples demandes. Je lui ai demandé de garder ce qu'elles gagnent dans la vente des sachets d'eau jusqu'à ce que la somme soit consistante pour qu'elles puissent en profiter de façon significative". Ses aveux ont été corroborés par sa sœur Asmaou.
Le procureur, qui estime que les faits sont constants à l'endroit des prévenues, a requis l'application de la loi pénale contre elles. Assurant la défense des prévenues, Me Ndiaye dit avoir échangé avec le père des enfants, lequel lui a confirmé que c'est lui-même qui a pris l'initiative d'amener les enfants au Sénégal. Selon le conseil, Monica qui à maintes reprises a proposé à Asmaou de récupérer les enfants, a inventé cette histoire pour arriver à ses fins. Il a au final plaidé leur relaxe. Mais le tribunal a condamné ses clients à des peines de prison ferme. Les victimes ont été quant à elles confiées au service de l'Aemo (Action éducative en milieu ouvert).
Fatou D. DIONE