Les quelques conditions qui lui semblent absolument indispensables à cela, a-t-il théorisé, sont que d’abord, l’opposition doit aller vers la jonction des forces qui sont acquises à la rupture. «On ne peut pas dire en tant que forces politiques qu’on est acquis à la rupture et travailler à l’isolement et à la dispersion de ses forces. Celui qui travaille à l’isolement et à la dispersion de ses forces est contre la rupture», a dit Mamadou Ndoye, qui laisse entendre : «ce qu’il nous faut après l’opportunité extraordinaire que constitue le fait que les appareils traditionnels soient dans des difficultés, c’est de trouver des plages de convergence. Nous devons arrêter de dire Abdou Diouf, dehors ; Abdoulaye Wade, dehors. Macky Sall, dehors…cela ne suffit plus ! C’est cela qui fait les alternances continues… La question, c’est qu’est-ce que nous voulons mettre en place, quand nous aurons fini de chasser Macky Sall ?».
«Un candidat de transition, chargé uniquement d’appliquer le pacte de rupture»
Et Mamadou Ndoye d’embrayer : «il faut qu’on puisse fonder un pacte de rupture et de refondation. Il faut qu’on ait un pacte de rupture et de refondation sur lequel toutes les forces et toutes les parties prenantes sont d’accord. Et c’est sur cette base que nous pouvons avoir un vrai candidat unique aux élections de 2019. Si nous voulons ces ruptures, ce candidat ne pourra pas également faire plus d’un mandat. Il nous faut un candidat de transition, chargé uniquement d’appliquer le pacte de rupture. Qui n’a pas d’autres mandats à rechercher. Il faut que nous soyons très clairs sur ça. Parce que, quelle que soit la personne et je le dis aussi pour moi, Mamadou Ndoye, vous le mettez dans la position actuelle d’un président de la République jupitérien, il risque de faire les mêmes choses que les précédents. En effet, le mécanisme institutionnel est tel que vous êtes un roi. Vous êtes mis dans la position d’un roi. Vous risquez d’avoir les mêmes comportements que les autres présidents et une cour va vite se former autour de vous. Celui qui sera notre candidat, doit s’engager à un seul mandat, application du pacte de rupture et de refondation. Aussi, il ne sera pas notre chef ! C’est nous. Ce sera la citoyenneté active. Ce sera nous les chefs. Pas lui…»
«On ne peut plus avoir un Président jupitérien qui décide de tout à la place de tout le monde»
Le Sénégal, poursuit-il, ne peut pas approfondir sa démocratie ou développer sérieusement une citoyenneté active, tant qu’il y a un homme qui règne sur les autres. «Ce présidentialisme, il faut qu’on l’arrête. Il y a des réformes institutionnelles indispensables. Nous ne pouvons plus accepter qu’il y ait la possibilité pour un président de la République de mettre qui il veut en prison. Chacun de nous est en danger», indique Mamadou Ndoye.
Madou MBODJ