S’il y a des députés qui n’ont pas raté hier le Premier ministre, c’est bien Ousmane Sonko, Déthié Fall, Me Madické Niang et Cie. Brûlant le long discours de Mahammed Boun Abdallah Dionne, ils trouvent que le Sénégal peint par ce dernier est loin d’être celui qu’ils connaissent et où l’économie, la santé, l’éducation, l’emploi sont au plus mal. Sokhna Dieng Mbacké, qui trouve qu’aujourd’hui, la moitié des Sénégalais n’arrivent même plus à voir la queue du diable à plus forte raison de la tirer.
SONKO: «avec un gouvernement dirigé par un lion qui dort et un Premier ministre qui passe tout son temps à danser le mbarass…»
Ousmane Sonko n’y est pas allé de main morte, hier, pour brocarder le Premier ministre et son gouvernement. «Vous ne dites pas la vérité aux Sénégalais sur la situation du pays. Vous faites des décrets d’avance pour des charges qui sont connues d’avance. Le dernier adopté est le payement des salaires des contractuels de la santé, de même que sur les salaires des fonctionnaires qui obéissent à ce besoin imminent de mobiliser des fonds. Parce que, les chiffres que vous donnez ne sont pas bons», explique-t-il. Poursuivant, il ajoute : «La politique du gouvernent est scandaleuse. Il y a une absence de politique industrielle». Sur les infrastructures dont se vante le régime, Sonko est intraitable. «Votre politique infrastructurelle est inopportune, déséquilibrée et scandaleuse. Je prends pour preuve le TER qui coûte plus de 1200 milliards F Cfa au lieu de 572 milliards F Cfa que vous avez annoncés», dit-il, tout en dénonçant «un endettement chronique». En outre, le leader de Pastef est d’avis qu’il n’y a «jamais eu autant de scandales dans ce pays» que sous Macky Sall. Au vu de tout cela, Sonko souligne qu’il serait illusoire que les Sénégal espère une quelconque émergence. «Une mal gouvernance endémique ne fera pas émerger ne serait-ce qu’un village du Sénégal. Mais vous ferez émerger des entreprises étrangères. On n’en attendait pas plus d’un gouvernement dirigé par un lion qui dort et un Premier ministre qui passe tout leur temps à danser le mbarass».DETHIE FALL
«J’étais en train de googliser pour voir où se situe le Sénégal dont vous parlez»
Le député, vice-président du parti Rewmi, s’est aussi montré très critique à l’égard du Premier ministre. Selon Déthié Fall, le Sénégal évoqué par Mahammed Dionne est différent du Sénégal dans lequel il vit. «Quand vous aviez fini votre discours, j’étais en train de googliser pour voir où se situe le Sénégal dont vous parlez», a-t-il ironisé d’emblée. En effet, il a demandé au Premier ministre, de quel Sénégal il parlait, car la réalité du pays est tout autre. «En 2011, on avait un taux de chômage, pour les plus de 15 ans, de 10.4%. Aujourd’hui, on est à 12,4%. 2% d’évolution. En 2011, on avait 6 millions 200 mille pauvres. Aujourd’hui, on en est à 6 millions 800 mille pauvres, alors que vous aviez promis 500 mille emplois», a martelé le camarade d’Idrissa Seck.MADICKE NIANG
«Nous voulons un Sénégal des Sénégalais pour les Sénégalais et non un Sénégal pour tous»
Hier, Mahammed Boun Abdallah Dionne a énormément repris le slogan cher au président de la République : «Sénégal de tous, Sénégal pour tous». Prenant la parole, Me Madické Niang lui demande de trouver mieux. «Nous voulons un Sénégal des Sénégalais pour les Sénégalais et non un Sénégal pour tous», dit-il. Pour le patron du groupe parlementaire de l’opposition, le Sénégal pour tous du chef du gouvernement est «un Sénégal entre les mains de sociétés étrangères qui tirent tout le profit alors que notre secteur privé national tire la langue». Comme il avait touché un point sensible, les députés de la majorité se sont mis à perturber son intervention. N’empêche, Me Niang affirme que tous les projets aujourd’hui achevés ont été initiés par le régime du Président Wade. «Les projets du Pse tardent à voir le jour, excepté ceux que nous vous avons légués», dit-il. SOKHNA DIENG MBACKE
«La moitié de la population cherche la queue du diable pour la tirer»
Pour sa part, Sokhna Dieng Mbacké a vu «un discours sans âme». Ne se retrouvant pas dans le Sénégal présenté par le Premier ministre, elle trouve que ce dernier et son gouvernement doivent s’atteler à restaurer l’espoir perdu des Sénégalais, dont la grande majorité n’arrive même pas à trouver la queue du diable pouvoir la tirer. «Ce Sénégal de tous et pour tous, vous avez les statistiques, la pauvreté est galopante au Sénégal, la moitié de la population cherche la queue du diable pour la tirer. Il y a des départements qui sont en proie à la famine, notre jeunesse est désespérée et se jette dans la méditerranée. Alors, restaurez le Yakaar qui a été dilué dans le Benno. Parce que sans espoir, il n’y a pas de vie». Les députés de la majorité en boucliers de Mahammed Dionne
En capitaine du bateau Benno Bokk Yakaar, Aymérou Gningue a porté la réplique à l’opposition. Et c’est pour lui signifier que le régime ne boxe pas dans la même catégorie qu’elle. Poursuivant, il affirme : «Celui qui a un programme qu’il exécute, ne peut pas perdre son temps à polémiquer avec celui qui arrive avec des formules ramassés de nulle part». Fonçant dans le tas des opposants, le patron du groupe Bby de les railler par rapport au trop faible poids électoral de plusieurs d’entre eux. «Au Sénégal, quand il y a campagne (électorale), on voit certains arriver avec des slogans du genre : Jubbanti, Joyyanti, Yeesal… Ils restent sur le Facebook à tympaniser les gens, mais quand vient l’heure du décompte des voix, ils n’ont rien», martèle-t-il.Pour sa part, Sira Ndiaye a lâché : «Nous n’avons aucune leçon à recevoir de ces gens mal barrés». Et la députée de Mbour de galvaniser le Pm : «Vous êtes un homme imbu de valeurs cardinales. Vous êtes un homme discipliné. Vous êtes une référence pour la jeunesse sénégalaise»
Pour le député de l’Afp, Pape Sagna Mbaye, ses collègues de l’opposition naviguent dans le vide, en s’attaquant au Pm et en niant les réalisations du régime. «Quels daltoniens politiques avons-nous avec cette opposition ?», s’est-il exclamé devant le Pm.
Sa jeune collègue socialiste Yeya Diallo a également tiré dans le tas de l’opposition. Pour elle, c’est avec le régime Wade que le Sénégal a connu des «immolations de jeunes devant le palais» présidentiel. Tellement la jeunesse était désabusée et laissée à elle-même.
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