
C’est sur la même note par laquelle ils ont ouvert leur première session ordinaire, en septembre dernier, qu'ils l’ont clôturée, hier. Les députés se sont encore donnés en spectacle comme ils savent si bien le faire. Ils recevaient en effet le ministre des Finances pour débattre des orientations budgétaires, mais la séance a été suspendue à deux reprises parce que les députés de Yewwi ont bloqué les travaux pour réclamer la libération de leurs collègues interpellés la veille.
Les députés de la XIVème législature ont bouclé hier leur première session ordinaire avec le débat d’orientation budgétaire. Pour une séance qui devait durer cinq tours d’horloge, elle s’est étalée sur toute la journée pour ne finir que vers 22h à cause des tensions qui ont émaillé les travaux. Dès que le président de l’Assemblée nationale a ouvert la séance, donnant la parole au ministre des Finances pour son allocution, les problèmes ont commencé. Ahmed Aïdara a levé la main pour faire un «appel au règlement». Le président lui demande d’attendre la fin de l’allocution du ministre pour prendre la parole. C’est ainsi que Ahmed Aïdara a bénéficié de 5 minutes pour exposer sa doléance. Évoquant l’article 51 du règlement intérieur de l’Assemblée, le député fustige l’arrestation de ses quatre collègues de Yewwi Askan Wi. Le député-maire de Guédiawaye estime que les membres de Benno devraient être les premiers à refuser de débattre quand des députés sont arrêtés sur aucune base légale. Pour lui, l’article 51 est très clair, Cheikh Thioro Mbacké, Samba Dang, Bakary Diédhiou et Alphonse Sambou doivent être libérés immédiatement, sinon la séance ne continuera pas.
Deux suspensions de séance
La réponse des députés de Benno ne s’est pas fait attendre. Ils se sont mis à chahuter, perturbant la séance. Pour calmer les esprits, Amadou Mame Diop, avec son calme légendaire, essaie de raisonner Ahmed Aïdara qui était toujours debout au pupitre. «Vous n’avez pas le droit de sortir du débat». Entre-temps, Ismaïla Diallo et Ayib Daffé avaient rejoint eux aussi le pupitre. Malgré les supplications de Amadou Mame Diop. «Il faut que l’on se comprenne, ce même article 51 stipule que je ne peux être saisi qu’après que l’existence des faits soit établie». Abdou Mbacké Dolly, comme pour appuyer le président de l’Assemblée nationale, demande à ses collègues de Yewwi de savoir raison garder. «À ce que je sache, cet article 51 du règlement intérieur dont on parle existe depuis toujours, pourtant des députés ont été emprisonnés sans que leur immunité parlementaire ne soit levée», lâche-t-il avant de préciser que lui-même était en prison lors du dernier débat d’orientation budgétaire. «L’année dernière, à pareille heure, j’étais en prison et personne n’a évoqué l’article 51. Idem pour les députés du Pur qui ont passé 6 mois en prison, arrêtons les combats sélectifs. Nous allons poursuivre le débat d’orientation budgétaire pour lequel nous sommes là», lance-t-il en réponse à Ahmed Aïdara qui avait assuré que sans la libération de leur collègues les travaux ne se poursuivraient pas.
Matar Diop de Benno insulte et menace les députés de Yewwi
Avant même qu’il ne descende du pupitre, Ismaïla Diallo et Ayib Daffé se sont à nouveau levés, rejoints par le reste des députés de Yewwi, pour aller envahir encore une fois le pupitre bloquant les travaux. «On ne vous laissera plus emprisonner et tuer comme bon vous semble», affirme Cheikh Alioune Bèye.
C’est alors que Matar Diop et certains de ses collègues de Benno ont décidé de régler la situation eux-mêmes, en les rejoignant au pupitre. Une vive tension s’ensuit. Les députés de Benno engagent une bousculade avec ceux de Yewwi pour les obliger à libérer le pupitre. Le président de l’Assemblée nationale a dû suspendre la séance.
Matar Diop, très énervé, commence alors à proférer des insultes en menaçant les députés de Yewwi Askan Wi. «Vous pensez pouvoir dicter votre loi dans cet hémicycle. Essayez encore de bloquer les travaux, vous allez vous frotter à nous. Sachez que c’est votre leader qui ira répondre à la Cpi».
Fatou Sow de Wallu pique une crise... contre Woré Sarr
La tension était encore vive entre Yewwi et Benno lorsque que Fatou Sow, députée de Wallu, se fait distinguer elle aussi. On ne sait pour quelle raison la députée de Keur Massar a piqué une crise. Se levant automatiquement de son fauteuil, tremblant comme une feuille, elle répétait en boucle : «je ne vais pas laisser cet affront passer». Son entourage tente de la calmer, en vain. Quand ses collègues ont réussi à la faire asseoir, la dame s’est encore levée pour aller cette fois-ci attaquer Woré Sarr avec qui elle partage le même groupe parlementaire. Il a fallu que leurs collègues insistent pour faire sortir Woré Sarr afin que Fatou Sow se calme.
Ndèye Khady DIOUF