De plus en plus de lutteurs stars du Sénégal se tournent vers le MMA, sport de combat mixte qui a le vent en poupe. C’est le cas de Reug-Reug, de Tapha Tine ou encore d'Ada Fass. C’est aussi le cas d’Adiouma Diallo, plus connu sous le surnom Zarco. Le chef de file de l’écurie de Grand-Yoff se prépare, depuis plusieurs semaines à Abidjan, où il va livrer son premier combat MMA le samedi 17 mai dans la ligue Eric Favre Nation. Tout comme lui, cinq autres transfuges de la lutte sénégalaise prennent part à cet évènement.
Stature imposante de plus de 100 kg, Zarco transpire à grosses gouttes sous les efforts intenses qu’il enchaîne avec détermination. Dans une salle de gym moderne peinte en rouge et noir, le transfuge de la lutte apprend, progresse et s’adapte sous la houlette d’un coach et d’un préparateur physique. «Les préparatifs pour mon combat du 17 mai se passent très bien. Je me suis beaucoup amélioré au niveau des coups de pied et même de la boxe. On y a beaucoup travaillé. Quoi qu’on puisse dire, le MMA et la lutte, c'est presque la même chose. Les différences se situent au niveau des coups de pieds et des coups de coude, etc.», déclare-t-il au micro de Rfi.
La lutte, un avantage certain
Pour David Coppola, directeur d’Eric Favre Gym 225 et préparateur physique, le passage de Zarco de la lutte au MMA se fait sans encombre. «C'est quelqu'un qui est relativement malléable, mais qui reste très dur avec lui-même et qui se met beaucoup de pression, notamment à travers des trash-talk. Pour quelqu’un qui combat déjà dans une discipline voisine, l’erreur à éviter est de partir de zéro», ajoute David Coppola. «Quand on a un combattant aussi expérimenté que Zarco et avec l’âge qu’il a (30 ans), Il vaut mieux partir sur la base de ce qu’il sait déjà faire et l’adapter aux techniques spécifiques du MMA», explique ce dernier. «Car, on ne peut pas changer les réflexes d’un lutteur. Le lutteur attrape, saisit et soulève. Ce sont des mécanismes de survie qui sortent instinctivement à force de travailler dans la répétition.»
Les encadreurs de Zarco estiment d’ailleurs que ses conditions physiques en tant que lutteur, doublées de ses réflexes naturels, lui donnent un avantage certain dans la pratique de cette nouvelle discipline mixte qu’il embrasse.
Content d’accueillir plusieurs stars de la lutte sénégalaise dans un MMA africain en éclosion, David Coppola voit ces lutteurs jouer sur les deux tableaux pendant un bon moment. «Ils doivent avoir leur plan de carrière à eux. Je ne sais pas si Zarco va faire une reconversion complète ou s’il va être multidisciplinaire. On sait que les lutteurs sénégalais ont quand même des cachets de combats élevés.»
Le MMA, une bouffée d’oxygène financière
En plus des primes confortables des lutteurs au Sénégal, la discipline constitue pour eux un enracinement culturel profond. La lutte se place aujourd’hui nettement au-dessus des autres sports, notamment du MMA qui n’est pas encore légal dans le pays. «Peut-être qu’un jour le MMA sera légal au Sénégal mais je n’y crois pas trop. Parce que la lutte est notre sport national. Aucune autre discipline ne peut rivaliser avec la lutte. En plus, le MMA est encore perçu comme violent par beaucoup de Sénégalais», confie Zarco dubitatif.
Loin de son Sénégal natal, c’est en Côte d’Ivoire que Zarco va écrire la toute nouvelle page de sa carrière en MMA lors du chapitre 3 de la ligue Eric Favre Nation samedi 17 mai contre le Nigérian Kabiru Adédiran. «Ce combat, je vais le remporter parce que c’est mon tout premier au MMA, et il y a tout le Sénégal derrière moi. Je vais donc ramener la victoire.» En plus de Zarco, cinq autres transfuges de la lutte sénégalaise vont combattre lors de cette soirée. Il s'agit de Ada Fass, Zoss, Pape Thiam, Lamine Sène et Ketchup.