Connu pour ses contributions très pertinentes et virulentes envers le régime, Babacar Sadio fait les frais de ses sorties sur les réseaux et dans la presse. Le commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle à la retraite a été cueilli hier à son domicile pour être conduit à la brigade des affaires générales (Bag). Ce, par rapport à sa sortie sur Walf le 15 mai dernier. Interrogé pendant un peu plus de quatre heures, en présence de ses avocats, Boubacar Sadio a assumé tous ses propos. Il est sorti libre, mais il revient aujourd’hui à 16 heures 30 minutes. Cependant, de graves infractions lui sont imputées, notamment l’offense au chef de l’Etat, la diffusion de fausses nouvelles ainsi que l’article 80 du code pénal, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique. Il court tout droit vers l’instruction.
Quasiment tous ceux qui ont tiré sur le régime l’ont payé au prix de leur liberté. C’est soit applaudir soit se taire soit être très diplomate dans ses propos. Le cas contraire, c’est la prison. Après le journaliste Adama Gaye, l’activiste Guy Marius Sagna et Karim Xrum Xax, Le colonel Abdourahim Kébé, c’est maintenant au tour de Boubacar Sadio. L’ancien commissaire divisionnaire de classe exceptionnelle actuellement à la retraire a aussi fait une sortie au vitriol contre le régime en place.
La dernière en date a été publiée dans les colonnes de Walf quotidien le 15 juin dernier. Il s’agit d’une contribution de neuf paragraphes intitulé «Vous n’auriez pas dû être Président». Il explique dans l’article que «le Sénégal est malade de la perversion des principes républicains et de la déliquescence morale de ses dirigeants». Dans son article, le commissaire divisionnaire n’a pas raté les partisans du régime ni le Président. C’est ce qui lui a valu une arrestation et une conduite dans les locaux de la Brigade des affaires générales de la Division des investigations criminelles (Dic). Interrogé essentiellement sur l’ensemble des paragraphes du texte, le commissaire de police à la retraite ne s’est pas débiné. Il a assumé «l’intégralité, la totalité et l’entièreté de tout le contenu du texte». Mieux, Boubacar Sadio a aussi assumé tous les articles déjà parus et mêmes tous ses propos tenus à travers les télés et radios. Pendant plus de quatre tours d’horloge, le commissaire divisionnaire à la retraite a été cuisiné par les éléments de la Bag. Mais, connaissant les méthodes de la police, il n’a pas été ébranlé et est resté zen, assumant donc ses propos. Au final, il a été relâché, mais convoqué de nouveau aujourd’hui à 16 heures 30 minutes. Va-t-il rentrer chez lui aujourd’hui ? Quel traitement le procureur de la République va faire de l’affaire ? Il sera édifié aujourd’hui. Cependant, selon nos informations, le pire est à craindre. Dans le procès-verbal d’enquête, il lui est reproché de graves infractions, notamment offense au chef de l’Etat, diffusion de fausses nouvelles et l’article 80, c’est-à-dire, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, à enfreindre les lois du pays.
De leur côté, les avocats estiment que le procureur de la République n’est pas compétent dans cette affaire, puisque l’ex-commissaire à la retraite, aujourd’hui âgé de 66 ans, habite à Mbao. Ce qui explique que l’affaire est du ressort du Procureur de Pikine puisque Pikine est érigé en Tribunal régional. Mais, ils n’ont pas été écoutés.
Alassane DRAME