Si Macky Sall a pris une part active dans les combats du M23 pour faire reculer Me Wade dans sa révision constitutionnelle pour initier le «quart bloquant», il risque, cependant, s’il s’entête à briguer un troisième mandat, de faire face au M24. Un mouvement en référence à la présidentielle de 2024 est en effet en gestation pour lui barrer la route.
Le 23 juin 2011, un fort et vaste mouvement plus tard appelé «Mouvement du 23 juin ‘’M23’’) avait poussé le régime de l’ancien Président Wade à faire machine arrière dans sa volonté de faire adopter le «quart bloquant» qui permettrait au président d’être élu avec seulement 25% des suffrages. Le projet de révision du texte fondamental avait été ainsi abandonné grâce à la pression populaire devant les grilles de l’Assemblée nationale. Mais, depuis l’avènement du Président Macky Sall, le M23 a faibli, miné par une implosion avec certains de ses membres qui ont rejoint l’attelage gouvernemental. Plongé dans la léthargie, en dépit d’une volonté prêtée à l’actuel président de la République de vouloir briguer un troisième mandat, un autre mouvement est en train naitre des «cendres» du M23. Il s’agit du M24, en référence à la prochaine élection présidentielle de 2024. Ce mouvement en gestation est une initiative de membres fondateurs du M23 et va regrouper toutes les forces vives de la Nation, au niveau national et dans la diaspora.
Selon les initiateurs dudit projet, le M24 sera une suite logique du M23. A la différence que le M24 entend réussir là où le M23 a échoué. Si le M23 n’avait pas réussi à empêcher Me Wade de se présenter en 2012, le M24 entend bloquer la candidature de Macky Sall à une éventuelle troisième candidature. En effet, le Président Macky Sall, selon le M24, a été «bien élu» et doit quitter le pouvoir au terme de son mandat en cours. En tout cas, la principale préoccupation, révèle notre source, est de faire en sorte qu’un président ne puisse pas s’éterniser au pouvoir. Revenant sur le cas de Macky Sall, notre interlocuteur révèle qu’il aura fait 20 ans de pouvoir en 2024 et 25 ans s’il réussit à se faire réélire pour un troisième mandat. Ce qui n’est pas normal, dit-il, dans un système de démocratie moderne.
Aussi, invite-t-il le chef de l’Etat, contrairement à son discours de nouvel an, à s’engager publiquement à renoncer à un troisième mandat.
Outre cette volonté de s’ériger contre un troisième mandat du chef de l’Etat, Macky Sall, le M24 travaille sur un programme de fond pour les institutions en se fondant sur les conclusions des assises nationales. Un constat qui découle des pouvoirs exorbitants du président de la République qui, si personne n’y prend garde, risquent de tendre vers la monarchie. Le président de la République ne sera plus président de parti, étant donné qu’il est président de tous les Sénégalais, il doit être au-dessus des partis politiques. Mieux, le M24 travaille également à l’indépendance de la justice. Ce qui passe par une séparation effective des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, afin que la justice ne soit plus le bras armé du président de la République.
Moussa CISS