Après trois jours de vives tensions marquées par des affrontements meurtriers qui ont fait 16 morts, la tension redescend légèrement au Sénégal. Et alors que les deux camps se renvoient la responsabilité des violences, le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'environ 500 arrestations ont été faites depuis le début du mouvement contestataire. Antoine Diome, qui confirme la présence de forces occultes, a révélé que «des installations vitales pour le fonctionnement du pays» ont été prises pour cible pour provoquer «un chaos».
«Il y a de l'influence étrangère et c'est le pays qui est attaqué». Cette phrase est du ministre de l’Intérieur Antoine Felix Diome qui s’est exprimé hier sur les affrontements meurtriers qui ont fait 16 morts au Sénégal depuis l’annonce du verdict de la chambre criminelle condamnant le leader de Pastef-Les Patriotes Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme dans l’affaire Sweet Beauté. Alors que plusieurs quartiers et villes qui avaient connu des accès de violence jeudi, vendredi et samedi sont restés calmes, le ministre de l'Intérieur a noté dimanche «une baisse d'intensité» des manifestations.
L’usine de production d'eau de Thieudème touchée
Face à la presse étrangère, le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'«environ 500 arrestations» ont été menées depuis le début du mouvement contestataire. Certains parmi eux appartiennent à des formations politiques mais la majorité n'a pas d'appartenance partisane. «Notre pays a fait l'objet d'attaques, mais d’attaques de la part de forces occultes. Nous avons tous vu des personnes avec des armes à feu en pleine circulation ou bien qui tirent sur des manifestants, alors qu’il ne s’agit pas de membres des forces de défense et de sécurité. Au-delà, il y a eu une volonté manifeste d’affecter le fonctionnement normal de notre activité économique. Le choix des cibles n’est pas fortuit. Nous avons noté que des installations vitales pour le fonctionnement du pays ont fait l’objet d’attaque ou de tentative d’attaque pour provoquer un chaos», a-t-il poursuivi, citant notamment l’usine de production d'eau de Thieudème qui a été touchée et qui empêche aujourd’hui une production journalière de 12.000 m3.
Poursuivant, le ministre de l’intérieur d’ajouter que «si le projet des assaillants d’atteindre toutes les installations névralgiques avaient réussi, on ne pourrait pas avoir à ce jour ni de l’électricité, ni de l’eau»..
«Beaucoup de cas d’attaques de cantonnements, d’unités de police et de brigades de gendarmerie»
Mais, Antoine Diome dit à qui veut l’entendre que l’Etat fera face. «Je tiens à rassurer les populations sénégalaises pour leur dire que, quelles que soient les attaques que nous aurons, l’Etat fera face». Il a ensuite salué le professionnalisme et la sérénité de nos forces de défense et de sécurité. «Je déplore le nombre de morts, mais il faut préciser que seule une enquête ouverte et menée par les autorités judiciaires compétentes peut déterminer les causes d’un décès et qui en sont les auteurs. Il y a eu beaucoup de cas d’attaques de cantonnements, d’unités de police et de brigades de gendarmerie. Mais s’il n’y avait pas de sérénité chez les forces de défense et de sécurité, on aurait parlé d’un bilan autrement plus important que celui qu’on a. Mais en tout état de cause, il y a de l'influence étrangère», a assuré le ministre.
Rappelons qu’en marge de ces affrontements, depuis jeudi 1er juin, de nombreux biens publics et privés ont été saccagés et pillés, notamment des banques et des magasins Auchan dans la banlieue de Dakar. Certaines rues portent les stigmates des violents affrontements qui se sont déroulés depuis deux jours, avec des voitures calcinées, des pneus brulés et de gros cailloux qui jonchent les routes.
Sidy Djimby NDAO