L’état d’urgence assorti de couvre-feu constitue du pain béni pour des personnes malintentionnées, aux fins de commettre leurs forfaits contre d’honnêtes citoyens, qui s’attardent dans la rue jusqu’au-delà de l’heure indiquée. Quatre hommes, habillés en treillis militaire et armés de fusil M.16, ont investi dimanche dernier les rues de Pikine rue 10 de la banlieue dakaroise pour tenter leur coup. Mais en vain.
Le lieutenant du bataillon des parachutistes B.O. Diop et ses éléments ont déjoué le coup tordu d’un gang de quatre imposteurs présumés durant le couvre-feu de la nuit du dimanche 12 au lundi 13 avril dernier. Les mis en cause étaient habillés en treillis militaire et détenaient chacun un fusil de type M.16 avec lesquels ils faisaient les cent pas dans les rues de Pikine rue 10, renvoyant du coup l’image des agents de la force de défense et de sécurité du pays.
Des parachutistes surprennent dans leur rayon d’action quatre «soldats», qui ne sont pas de leur unité
Dimanche dernier, comme tous les jours à partir de 20h, le lieutenant du bataillon des parachutistes Diop, détaché à Pikine rue 10, débarque ses hommes et les pointe à des endroits névralgiques, histoire de boucler le périmètre de la localité par un dispositif de maillage implacable. Mais, pendant que ses hommes passent le quartier au peigne fin par des récurrentes patrouilles, ils aperçoivent un groupe de quatre individus, qui ne sont pas de leur unité, qui se livraient à une patrouille nocturne à pied dans le quartier.
Le lieutenant du bataillon tente d’identifier les «militaires» intrus, qui détalent comme des lapins
Les quidams étaient habillés en treillis militaire et détenaient chacun un fusil de type M.16. Ils ne portaient cependant pas de coiffe de l’armée et opéraient à hauteur de l’école 5. Intrigué par la présence curieuse de ses supposés collègues soldats, rapportent nos informateurs, le lieutenant des parachutistes, chef du détachement, soupçonne un regrettable chevauchement et décide d’y voir clair. Il saute alors de son véhicule de patrouille et se dirige à pas décidés vers les quatre militaires présumés patrouilleurs. Mais, à la vue du gradé de l’armée, ces derniers quittent en catastrophe les lieux, détalent comme des lapins et se fondent séparément dans les dédales sombres du quartier.
Un avis de recherche et d’arrestation lancé contre les quatre fugitifs
Ayant affaire à des imposteurs déguisés en soldats, le lieutenant de l’armée câble aussitôt les limiers du secteur, qui se rendent d’urgence sur les lieux et se renseignent auprès des vigiles de nuit, qui confirment le gradé de la grande muette et soutiennent avoir tous assisté à la scène. Suffisant pour que les agents de police lancent la traque aux «soldats» et investissent le quartier. Mais en vain. Ils émettent ensuite des avis de recherche et d’arrestation des quatre mis en cause fugitifs.
Le bataillon de l’artillerie dégage toute responsabilité et dit n’avoir envoyé aucun de ses hommes sur les lieux
Vu que les fugitifs détenaient des fusils de type M.16 dont le modèle est en réforme, le lieutenant Diop décide de crever l’abcès. Il appelle illico-presto au téléphone son collègue du bataillon d’artillerie et l’interpelle sur la présence de quelques-uns de ses hommes à Pikine rue 10. Mais, celui-ci répond par la négative et déclare n’avoir envoyé aucun de ses éléments là-bas pour les besoins du couvre-feu.
S’agit-il de vrais soldats agissant de leur propre chef ? Le fusil M.16, une arme de guerre hors de portée des civils ?
En attendant de tirer l’affaire au clair, nos informateurs écartent d’emblée la thèse de malfaiteurs déguisés en faux militaires et soupçonnent ces derniers d’être de vrais soldats qui auraient agi de leur propre chef pendant le couvre-feu dans le quartier pour soutirer de l’argent et des biens matériels de valeur aux récalcitrants du couvre-feu. «Compte tenu des armes de guerre automatiques, qui sont des fusils de type M.16 tirant par rafale, l’on est fondé à croire qu’il s’agissait de vrais militaires. Car, ce genre d’arme ne peut être à la portée de tout le monde, notamment des civils. Si c’étaient réellement des gangsters habillés en soldats, ils allaient ouvrir le feu sur le lieutenant militaire puis prendre la fuite. Je persiste à croire que ces quatre fugitifs en treillis militaire et armés de fusil M.16 sont de vrais soldats de l’armée, même si l’enquête de police suit son cours. Une autre enquête va peut-être être déclenchée par la haute hiérarchie de la grande muette en vue de démêler l’écheveau», ont soutenu nos informateurs.
Vieux Père NDIAYE