Très remonté contre la coupure du signal de Walf Tv, le Pdg du groupe Walfadjri, Cheikh Niasse, face à la presse, a estimé que l’injustice a atteint son paroxysme. Aussi a-t-il décidé, désormais, de rendre coup pour coup en boycottant les activités de l’Etat et du gouvernement.
Près de dix jours après la coupure de son signal télé par le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique, Moussa Bocar Thiam, le groupe Walfadjri a fait face à la presse pour s’indigner de cette mesure inique qui va durer 30 jours. « Nous sommes victimes d’injustice pour la troisième fois en deux ans avec la coupure de notre signal. Comme dit l’adage, une fois ça passe, deux fois ça lasse et trois fois ça casse. Pour la première fois, en mars 2021, nous n’avions pas jugé utile de saisir la justice car nous nous croyions dans un Etat de droit. Par contre, lors des évènements de Mbacké en février dernier, nous avions convié à un sit-in, en plus de porter plainte au niveau de la Cour suprême. Jusqu’à présent, ce dossier n’a pas été enrôlé. On dit souvent que le temps judiciaire n’est pas le temps médiatique ; plutôt, le temps judiciaire des gens ordinaires n’est pas le temps médiatique, mais le temps judiciaire politique est plus rapide que le temps médiatique », déplore d’emblée le Pdg du groupe Walfadjri, Cheikh Niasse. Il en veut pour preuve le procès expéditif en diffamation entre le leader de Pastef et le ministre du Tourisme.
Avec cette nouvelle coupure, l’injustice a atteint son paroxysme
Poursuivant, Cheikh Niasse estime qu’avec cette nouvelle coupure du signal de Walf Tv, l’injustice a atteint son paroxysme. « Il y a eu un évènement (Ndlr : le verdict du procès de viol contre Sonko), j’étais au plateau de l’émission Képar-Gui en tant que juriste avocat. Au cours de cette émission, notre signal a été coupé sans pour autant qu’on sache par qui ni pour quelles raisons. Le président du Cnra, Babacar Diagne avait dégagé ses responsabilités estimant qu’il allait servir une mise en demeure avant de procéder à la coupure. C’est finalement à travers le Directeur de Canal+ qu’on apprendra que la décision vient du ministre de la Communication pour message mensonger et subversif », narre le patron de Walf qui n’a pas manqué de démonter ces accusations. Revenant sur son analyse lors de cette démission, il dira suite à la décision rendue : « le droit n’a pas été dit, mais la politique a été dite ». Revenant sur la coupure du signal de Walf Tv, Cheikh Niasse rappelle que les politiciens ne sont démocrates que le temps de l’opposition. Une fois au pouvoir, dit-il, ils deviennent des dictateurs. « Couper le signal de Walf sans aucune notification alors que l’article 192 du Code de la presse établit qu’il faut - au préalable - une notification écrite, motivée adressée au responsable de l’entreprise. Ce qui n’a jamais été fait. Pour cette raison, on ne peut pas saisir le juge des référés pour lever la suspension. C’est une injustice notoire. On nous impose la force », sérine le Pdg du groupe Walf. Cette force, ajoute-t-il, est perçue à travers l’expression force reste à la loi. « La loi est une fiction, c’est l’invention de l’homme. On remarque que la loi ne sert plus à protéger. L’Etat est devenu un loup pour l’homme », martèle M. Niasse pour paraphraser Hobbes. Néanmoins, il rappelle que la force appartient au peuple qui l’a démontré parce qu’il n’accepte pas l’injustice.
Cheikh Niasse boycotte les activités de l’Etat et du gouvernement
En outre, Cheikh Niasse rappelle que ce qui incombe à son groupe de presse, c’est le travail pour éveiller le peuple sur les enjeux de l’heure et participer au renforcement de la démocratie. « Malheureusement, c’est comme si l’Etat méprisait son peuple, notamment les sans voix. Nous avons une entreprise avec des charges. A mon arrivée, les charges mensuelles étaient à hauteur de 20 millions. Aujourd’hui, elles ont atteint 60 millions, tout simplement parce que nous avons décidé de mettre le personnel à l’aise. C’est pourquoi, il n’y a pas eu de démission, ni de licenciement. Mais à l’impossible, nul n’est tenu. Les récents évènements ont provoqué des conséquences néfastes sur la bonne marche de notre activité avec la coupure sans délai de notre signal Tv. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur le personnel qui doit se battre afin de sortir de cette impasse. Tout le personnel du groupe Walfadjri est d’ores et déjà mis au chômage technique et des licenciements collectifs suivront pour la survie de l’entreprise. On nous empêche de travailler donc nous n’avons pas de ressources pour payer les salaires. Depuis quatre ans, nous n’avons jamais eu de problème. Tout ce que l’Etat veut, c’est de fermer Walfadjri. De notre côté, nous ferons tout pour maintenir le flambeau, mais il faudra serrer la ceinture», s’est encore indigné le Pdg de Walf, avant de se radicaliser. A travers cette démarche, il estime que l’Etat a déclaré la guerre à son groupe de presse. «L’Etat nous a déclaré la guerre. Nous n’allons pas tendre la joue, nous allons boycotter toutes les activités de l’Etat et du gouvernement. Nous irons jusqu’au bout. Ils peuvent dire que Walf n’est pas équilibré, que Walf est pro Sonko, j’accepte. C’est œil pour œil, dent pour dent», théorise Cheikh Niasse. Le «gatsa gatsa» médiatique.
Les quatre bombes qui guettent le Sénégal
Par ailleurs, face à cette situation latente, le Pdg de Walf révèle que le Sénégal est à la croisée des chemins. «Je ne crois pas à la présidentielle en 2024 et j’en veux pour preuve trois à quatre bombes qui risquent d’exploser. Il s’agit de l’arrestation de Sonko, tout le monde a vu ce qui s’est passé le jour du verdict ; la deuxième bombe est relative à l'inéligibilité de Sonko qui risque aussi de plonger le pays dans le chaos car tous les sondages montrent que Sonko est favori pour être le cinquième président du Sénégal. Je me suis procuré les sondages, les mêmes dont disposent le président de la République et les ambassadeurs. Les sondages montrent qu’il gagne au premier tour. La troisième bombe, c’est sa troisième candidature que les Sénégalais ne vont pas accepter. Ce n’est pas le Conseil constitutionnel qui va décider. La 4e bombe, c’est la fermeture de Walf», fait remarquer le patron du groupe de presse Walfadjri, persuadé que la révolution est en marche et que rien ne peut l’arrêter.
Moussa CISS