En conférence de presse, hier, l’intersyndicale Cnts-Synpics n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer ce qu’elle considère comme une «gestion nébuleuse et calamiteuse» du Directeur général de la Rts, Racine Talla. Entre autres griefs, le syndicat accuse le patron de la Rts, dans le cadre du projet de réforme de véhicules, de s’être payé trois véhicules 4x4 dont un de 80 millions pour lui, un de 40 millions pour ses enfants et un autre de 30 millions pour l’une de ses épouses.
Rien ne va plus entre l’intersyndicale Cnts-Synpics et la Direction générale de la Rts. En effet, derrière le déroulement normal des programmes de la télévision nationale, se cache un sentiment de frustration, eu égard aux difficultés que vivent les travailleurs et qui découlent de la gestion jugée «nébuleuse et calamiteuse» de son Directeur, en l’occurrence, Racine Talla. Une situation «préoccupante» qui a poussé les responsables de l’intersyndicale à tirer la sonnette d’alarme face à la presse, hier, au siège national de la Cnts. La pomme de discorde, rappelle l’intersyndicale, remonte à septembre 2019 avec la révision de l’accord d’entreprise avec deux points d’achoppement : la clause de mobilité et les écarts sur les différentes catégories de salaires. Pire, les négociations, accuse l’intersyndicale, ont été rompues par la direction au seul motif que le syndicat était en fin de mandat. Même si le Synpics/Rts a finalement tenu son assemblée générale de renouvellement le 9 juin dernier, ce n’était pas de tout repos, avec «l’immixtion» jugée «flagrante» du patron de la Rts en termes de menaces d’affectation, de licenciements dans le seul but d’intimider les électeurs. «Soit, vous soutenez le combat de Racine Talla visant à tout faire pour que ce syndicat soit vaincu, soit, on vous considère comme l’ennemi du Directeur général», se désole de constater le porte-parole du jour, Habibou Mbaye.
Un mouvement de soutien à Racine Talla
A la suite de l’échec des efforts consentis par la direction de la Rts pour contrôler le syndicat, l’intersyndicale se désole de constater une autre trouvaille, consistant cette fois-ci à mettre un syndicat parallèle à la solde de la Direction générale. Pour la radio, nous avons reçu des sanctions de journalistes talentueux dont le seul tort a été d’assister à la dernière assemblée du Synpics. Hier, nous avons été informés par des chefs de stations qu’ils ont été saisis par le directeur de la Radio qui leur a signifié de quitter le syndicat (Synpics ou Cnts) pour adhérer au nouveau syndicat de la Rts. Un syndicat que nous assimilons à un mouvement de soutien à Racine Talla. Le refus de ces chefs de stations leur a valu aujourd’hui des sanctions sans appel», fustige le porte-parole de l’intersyndicale qui révèle, dans la foulée, le départ de plus de 20 journalistes rien qu’à la rédaction du journal télévisé. Ce qui lui fait dire qu’une menace pèse, comme une épée de Damoclès, sur la tête de tous ceux qui osent croiser le fer contre Racine Talla.
Racine accusé d’avoir acheté 3 véhicules à 130 millions
Pour l’intersyndicale, cette gestion du Directeur de la Rts n’a qu’un seul objectif : piller la Rts avant de partir. Sous ce registre, Habibou Mbaye et ses camarades accusent leur patron d’avoir poussé son outrecuidance jusqu’à mettre à sa disposition trois véhicules de type 4x4 aux frais de la Rts, dont un de 80 millions pour lui, un de 30 millions pour une de ses épouses et un autre de 40 millions pour ces enfants. Soit un montant total de 130 millions. Ces acquisitions, selon l’intersyndicale, entrent dans le cadre du projet de réforme de véhicules. Ainsi, outre ces trois véhicules, les autres bénéficiaires sont certains de ses collaborateurs pour des véhicules qui n’ont pas 5 an d’âge. Si le Directeur de la Rts se permet ces écarts de conduite, c’est parce qu’il a, souligne l’intersyndicale, le Conseil d’administration à sa solde pour faire passer toutes les décisions. Au même moment, regrettent les syndicalistes, la Direction générale doit plus de 100 millions à l’Ipm, plus de 130 millions à la coopérative, des milliards à l’Ipres. En sus, il refuse de verser plus de 40 millions à la mutuelle sociale de la Rts alors que ces sommes sont retenues à la source et devraient être reversées à leurs ayants droit avant la Tabaski. A en croire les syndicalistes de la Rts, les recrutements et les nominations sont faits en fonction des affinités, du copinage, du pistonnage….
Les issues de secours fermées pour des raisons … mystiques
Poursuivant ce constat sombre à la Rts, l’intersyndicale fait remarquer que des caméras de surveillance à hauteur de 20 millions ont été installées à la Rts et ne parviennent pas à capter la plus petite image d’un voleur de matériel pour mettre fin aux vols multiples enregistrés dans cette entreprise. «Nous invitons la Protection civile à visiter la Rts pour libérer l’entreprise dont toutes les issues de secours sont fermées hermétiquement pour des raisons d’ordre mystique et non sécuritaire, dans un contexte de pandémie où l’aération des lieux est une forte recommandation des autorités sanitaires pour arrêter la propagation du virus qui, malheureusement, n’a pas épargné la Rts», sérine Habibou Mbaye qui dénonce le pilotage à vue du projet de création des antennes régionales. «Ce qu’il affiche à l’antenne de la Rts avec l’inauguration des stations régionales contraste mal avec la réalité que vivent actuellement les agents de la Rts. Notre télévision a perdu tout son lustre. Sur le plan médiatique, la Rts occupe le bas de peloton des sondages et parvient difficilement à dépasser la barre des 100 vues dans les réseaux sociaux, au moment où certaines chaines enregistrent entre 8000 et 10.000 vues», martèle le porte-parole de l’intersyndicale. Face à cette situation, il révèle que la démotivation est totale à la Rts. Pour toutes ces raisons, l’intersyndicale Synpics-Cnts a invité l’Etat à prendre ses responsabilités pour arrêter Racine Talla avant qu’il ne soit tard.
Ndèye Khady DIOUF