Le Tribunal de commerce de Dakar a infligé un nouveau revers à la Loterie nationale sénégalaise (Lonase). Après avoir été condamnée à verser 5 milliards de F Cfa au Gie Parilutte-Parilamb, l’entreprise publique vient de voir sa tentative de saisie de fonds annulée pour irrégularité. Une décision qui fragilise encore davantage sa position dans un dossier devenu symbolique des tensions entre institutions publiques et partenaires privés.
La Lonase n’en finit pas de trébucher dans le dossier Parilutte-Parilamb. Engagée depuis 2020 dans un contentieux judiciaire avec le Groupement d’intérêt économique (Gie), la société dirigée par Toussaint Manga vient d’essuyer une nouvelle déconvenue devant le Tribunal de commerce de Dakar.
Dans son ordonnance rendue en référé, la juridiction a purement et simplement annulé la saisie-attribution de créances effectuée le 21 mars 2025 sur le compte du Gie logé à la Coris Bank International. La procédure, diligentée par Me Guillaume Sagna, huissier de justice à Dakar, a été déclarée nulle pour vice de fond.
Le tribunal a ordonné la mainlevée immédiate de la saisie, estimant que la démarche de la Lonase était entachée d’irrégularités manifestes. L’entreprise publique a, en outre, été condamnée aux dépens, avec exécution provisoire de la décision.
Pour les avocats du Gie, cette victoire consolide la position de leur client dans un litige qui dure depuis près de cinq ans. Me Mohamed Seydou Diagne, conseil du Gie Parilutte-Parilamb, a salué «une décision claire et conforme au droit», rappelant que la justice avait déjà tranché en faveur de son client dans le jugement au fond.
En effet, en octobre 2023, le Tribunal de commerce avait condamné la Lonase à payer 5 milliards de F Cfa au Gie pour non-exécution de ses obligations contractuelles. Cette condamnation faisait suite à un partenariat signé en janvier 2020, censé encadrer et promouvoir les paris sur la lutte sénégalaise à travers la plateforme «Parilutte-Parilamb». Le projet devait marquer un tournant dans la modernisation du secteur des paris sportifs, mais il s’est rapidement mué en affrontement judiciaire.
Selon les termes du contrat, la Lonase devait accompagner le Gie dans la mise en place du système de paris liés à la lutte, mais le groupement reproche à son partenaire public d’avoir bloqué le projet et manqué à ses engagements financiers et techniques. Après plusieurs relances restées sans suite, le Gie avait saisi la justice pour obtenir réparation, ouvrant une série de batailles juridiques.
Ce nouvel épisode vient ainsi confirmer la tendance : la Lonase accumule les revers dans ce contentieux devenu emblématique des rapports parfois conflictuels entre les structures publiques et leurs partenaires privés.
Au-delà du dossier, il met en lumière les fragilités de la gouvernance contractuelle au sein de certaines entreprises publiques, souvent accusées de méconnaître leurs obligations vis-à-vis de leurs co-contractants.
Pour la Lonase, qui tente depuis plusieurs mois de redorer son image, cette énième décision défavorable risque de laisser des traces. D’autant que le Gie Parilutte-Parilamb, fort de deux victoires judiciaires consécutives, pourrait désormais réclamer l’exécution stricte du jugement de 2023.
Le bras de fer entre les deux parties est loin d’être terminé. Mais une chose est sûre : la Lonase, condamnée puis déboutée, se retrouve plus que jamais sur la défensive dans une affaire où le droit semble avoir, pour l’instant, choisi son camp.
Samba THIAM













