Le collectif des mouvements citoyens a rappelé au Président Bassirou Diomaye Faye ses engagements signés dans le Pacte issu des Assises nationales (2008/2009) et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (2013). Lors d'une conférence de presse, hier à Dakar, ils ont souligné l'importance de la démocratie participative, de l'État de droit, de la gouvernance responsable et de la citoyenneté active pour un nouveau contrat social au Sénégal. En effet, selon eux, malgré plusieurs tentatives de contact avec le nouveau Président pour discuter du Pacte, ils n'ont reçu aucune réponse depuis plus de 100 jours. Le collectif pose des questions sur l'absence de réponse et le manque de mention du Pacte dans les discours des nouvelles autorités, tout en espérant que les actions du gouvernement refléteront une véritable volonté de changement.
Animant hier une conférence de presse à Dakar, le Collectif des mouvements citoyens engagés pour l’application des conclusions des Assises nationales (2008/2009) ainsi que des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI/2013) a interpellé les nouvelles autorités sénégalaises. Ils rappellent qu’à la veille de l’élection présidentielle, sur les 17 candidats, 13 dont Bassirou Diomaye Faye ont signé le Pacte et pris l’engagement écrit de «traduire les principes, valeurs et objectifs du Pacte en plan d’actions à réaliser dans le courant de la première année de leur mandat en cas de victoire électorale à la présidentielle de février 2024».
Le porte-parole du jour Mamadou Ndoye a rappelé que pour se conformer à la redevabilité mutuelle de suivi, le Collectif a adressé, dès le 25 mars 2024, donc avant même la proclamation officielle des résultats, une lettre de félicitations au nouveau président de la République avec une demande d’audience pour un entretien sur le Pacte. Ainsi, dit-il, n’ayant pas reçu de réponse, le Collectif a écrit une seconde lettre au président de la République en date du 19 avril 2024, cette fois-ci après son installation officielle, pour saluer les premières mesures prises par les nouvelles autorités allant dans le sens du Pacte et pour réitérer sa demande d’audience. Après plus de 100 jours, nous restons en attente d’une réponse».
Pour le collectif, après 100 jours au pouvoir, le temps relativement court de réalisation ne fournit pas d’éléments probants permettant une évaluation objective d’un processus de transformation ne serait-ce qu’institutionnelle et ce d’autant plus qu’en ce qui concerne spécifiquement le Pacte, l’engagement de le mettre en œuvre se situe dans la durée d’une année, la première du premier mandat. En revanche, le collectif se pose les questions suivantes : «pourquoi le président de la République prend-il plus de 100 jours sans répondre à notre correspondance ? Pourquoi les mots Pacte et Assises Nationales semblent bannis du discours des nouvelles autorités alors qu’ils foisonnent dans leurs messages de la période préélectorale ? Pourquoi les nouvelles autorités n’invitent-elles pas le Collectif à leurs initiatives de dialogue sur les sujets qui le concernent à l’instar de celui initié sur la réforme de la Justice ?», questionnent Mamadou Ndoye et Cie.
Et de répondre sans attendre que tout observateur objectif peut reconnaître la légitimité de telles interrogations. «Nous n’en tirons pas pour autant de conclusion hâtive pour les raisons suivantes : L’enjeu tel que souligné ci-dessus dépasse nos égos et nos émotions car il s’agit du devenir du vivre ensemble au Sénégal. Nous n’osons pas également croire que la démission du Président de la République du poste de secrétaire général de Pastef-Les Patriotes, son engagement à mettre fin à ‘’l’hyper-présidentialisme’’ et à renforcer l’indépendance de la justice, sa décision d’initier les Assises de la justice ainsi que les actes posés par les nouvelles autorités pour une gouvernance éthique et sensible à la situation des plus démunis relèvent simplement d’éléments de communication et ne sont pas les signes d’une volonté de transformation dont nous ne doutons pas», disent les membres du Collectif.
Disant à qui veut les entendre qu’ils n’osent surtout pas croire que les nouvelles autorités feront moins que Macky Sall qui, tout en disant qu’il avait émis des réserves lors de la signature de la Charte des Assises, a tout de même confié au bureau des Assises la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) sans bien entendu adopter les recommandations transformationnelles qui en sont issues, le collectif estime que, au bilan, la balle se trouve aujourd’hui dans le camp des nouvelles autorités qui peuvent et doivent lever ces sources d’interrogation. «En fin de compte, notre message est clair : quels que soient les obstacles, nous allons continuer d’avancer car nous luttons pour un nouveau vivre ensemble que le peuple demande et pour lequel il s’est fortement exprimé le 24 mars 2024», a conclu Mamadou Ndoye.
Sidy Djimby NDAO