Le Mouvement pour la défense de la démocratie a tenu parole. Pour le 10e anniversaire du 23 juin, opposants, société civile ont organisé une grande manifestation au terrain des Hlm Grand-Yoff. Un rassemblement réussi, avec la présence de milliers de jeunes, de 15 à 19 heures. Avec le thème général «non à une 3e candidature du Président Macky Sall», les leaders politiques et les acteurs de la société civile se sont relayés au podium pour descendre le Président Sall et son régime en flammes.
La foule a commencé à prendre forme vers 15 heures et certains acteurs comme Guy Marius Sagna, Daouda Guèye, kilifeu, Cheikh Bamba Dièye et autres étaient déjà sur place. Et elle grossissait au fur et mesure et à 16h, le M2D pouvait déjà se féliciter de la mobilisation, avec une immense foule de jeunes et vieux qui s’étendait a perte de vue sur le terrain des Hlm Grand-Yoff. Dans l’attente du démarrage des allocutions, les jeunes manifestants ont enchaîné les piques contre Macky Sall. A travers les pancartes et les chants que scandait l’assistance, les jeunes ont fait exploser leur ras-le-bol par rapport à la gouvernance du Président Macky Sall. On pouvait voir sur la majorité des pancartes des messages comme «non à une 3e candidature», « Sénégal Tampi» ou encore «faire partir Macky Sall, un devoir pour tous».
Quelques mètres plus loin, un jeune, de rouge vêtu, tenant une pancarte avec ce message «Sonkorisons le Sénégal en le démackyant», dit vouloir s’expliquer sur son engagement dans cette lutte.
Les leaders politiques continuaient d’arriver et la foule s’agrandissait de plus en plus. Et c’est vers 17h30 que le leader de Pastef sonna son entrée. Ousmane Sonko a été accueilli par une foule surexcitée. Daouda Guèye qui officiait comme micro central a eu du mal à les calmer, avant de continuer à redistribuer la parole.
Le même problème s’est encore posé quand ce fut le tour de Sonko de livrer son message. Il était impossible de faire entendre raison aux jeunes qui scandaient à tue-tête des chansons pour le leader de Pastef. Et quand il a enfin réussi à avoir un peu de calme, Ousmane Sonko s’est encore livré à son sport favori : tirer à boulets rouges sur Macky Sall et son régime. «L’opposition sénégalaise ne se résume plus aux partis politiques. Elle englobe tous ceux qui sont contre les agissements du régime», déclare Ousmane Sonko, qui se tourne ensuite vers les jeunes de l’assistance pour les galvaniser : «vous devez connaître votre valeur. Vous présentez plus de 60% de la population. Vous avez pris conscience de votre responsabilité historique, donc préparez-vous au combat».
Ousmane Sonko : «nous sommes prêts à tous les sacrifices pour le faire quitter la tête du pays»
A en croire ce dernier, le combat risque d’être rude et bien long. «Aucune médiation ou dialogue ne fera plier notre adversaire. Il faut être réaliste, un président qui recrute des nervis a déjà dévoilé son jeu. Apprêtez-vous chaque jour, heure et minute et préparez-vous au combat. Tout le monde a vu ses nervis s’attaquer aux populations, mais nous allons refuser de nous faire brimer gratuitement», prévient Ousmane Sonko qui pousse un peu plus loin le bouchon. «Ses nervis sont peut-être une centaine, mais vous êtes des millions. Que Macky Sall sache que nous sommes prêts à tous les sacrifices pour le faire quitter la tête du pays», promet-il.
D’après le leader de Pastef, tous les pays ont dû faire des sacrifices pour bâtir leurs bases. «Il faudra certes faire des sacrifices, mais ce sera ensuite aux politiques d’arrêter de trahir le peuple. Il n’est plus question de se soulever contre un régime, le faire partir pour ensuite donner les commandes à quelqu’un pour qu’il reconduise les mêmes erreurs», prévient Sonko. Désormais, il ne doit plus y avoir d’état de grâce, il faut s’assurer de la perspicacité du Président, peu importe celui qui sera élu.
Mame Diarra Fam a appelé les acteurs politiques de l’opposition à se donner la main pour affronter ensemble Macky Sall pour toutes les élections à venir. «Macky Sall nous a assez démontré son incompétence. Son activité préférée, c’est la traque des opposants. La jeunesse a compris et elle s’engage auprès de l’opposition ; donc, c’est aux opposants de s’unir pour éjecter Macky Sall ; sans cette union, il fera tranquillement son 3e mandat», prévient Mame Diarra Fam.
Selon Madiop Diop, l’élection de Macky Sall a été la pire erreur du peuple ; il est alors temps de la rectifier. «Il compte nous affamer et nous envoyer ses nervis pour nous bastonner. Il n’a pas foi en nos forces de l’ordre ; Macky Sall va utiliser ses propres bras armés pour nous mâter quand il va nous imposer sa 3e candidature. Mais qu’il essaie pour voir», affirme Madiop Diop.
Dame Mbodji a été plus ferme en menaçant le régime d’aller déloger le Président Macky Sall si jamais il persiste dans ses délires de 3e candidature. «Nous l’avons fait en 2011 et nous sommes prêts à le refaire pour chasser ce président incompétent. S’il veut nous forcer la main, nous marcherons vers le palais pour le déloger», précise-t-il avant d’inviter l’opposition à mettre en place une forte coalition pour contrer les plans de Macky Sall.
Guy Marius Sagna : «si le Président Macky Sall veut un 3e mandat, il va devoir aller le chercher ailleurs»
A ceux qui parlent de récupération de la date du 23 juin, le coordonnateur de Frapp a été très clair sur la question. «Il y a 10 ans, j’étais le coordonnateur du M23 de Tamba. Si en 2021, je me mets là à combattre encore le 3e mandat, cela veut dire qu’il n’y a pas eu d’avancement ces 8 dernières années. Nous ne nous discutons pas la date du 23 juin avec qui que ce soit», a fait savoir Guy Marius. Poursuivant, il assure que le combat à mener, c’est d’arriver à régler définitivement la question du 3e mandat, peu importe celui qui sera élu président. Pour Guy Marius, le problème du 3e mandat se pose le plus souvent en Afrique francophone, parce que nous avons les pires dirigeants. «Mais qu’il se le tienne pour dit, il est hors de question de permettre à un quelconque président de briguer un 3e mandat», soutient Guy.
Déthié Fall : «ces prochaines locales constituent le premier tour de la présidentielle»
Selon le leader de Prp, cette manifestation 10 ans après le 23 juin 2011 est une preuve suffisante de l’échec du Président Macky Sall. Cela constitue un bon outil pour évaluer le bilan du Président Macky Sall parce que l’on est mobilisé encore pour les mêmes causes. Il y a eu changement ou variation de position, mais les problèmes demeurent. «Ce qui est malheureux, c’est que ceux qui avaient, pierre à la main, lutté contre le quart bloquant, sont en train de faire valider à l’Assemblée nationale toutes les lois pires que cette dernière. Face à ces derniers, nous avons l’impérieux devoir de nous unir parce que les élections locales sont le premier tour de l’élection présidentielle, des élections qui sont à quatre tours, dont les législatives comme deuxième tour et les deux tours de la présidentielle de 2024», assure Déthié Fall.
Barthélemy Dias : «il y a 10 ans, nous tenions les mêmes revendications et il y a eu 17 morts…»
Il avait pourtant décidé de ne pas prendre la parole, mais l’assistance l’a tellement réclamé avec insistance que le maire de Mermoz Sacré-Cœur a fini par prendre quelques minutes. «Il y a 10 ans, nous tenions les mêmes revendications et il y a eu 17 morts et parmi eux il y a eu Ndiaga Diouf. Et puisque Macky Sall veut encore nous coller ses nervis, nous prendrons acte», déclare Barthélemy Dias. Poursuivant, Dias fils faisant référence à l’histoire de Ndiaga Diouf, assure qu’il ne sera certainement pas ciblé par les nervis, tout en invitant les jeunes à prendre leurs dispositions pour se protéger contre les gros bras de Macky Sall. Abordant la question de la cohabitation entre pouvoir et opposition en cas de victoire de l’opposition, soulevée par Abdourahmane Diouf, le maire de Mermoz Sacré-Cœur assure que ce ne sera certainement pas le problème de l’opposition, mais celui de Macky Sall.
Ndèye Khady DIOUF
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