Finalement, le nombre de députés ne sera pas porté à 172. La majorité a fait un revirement pour maintenir le nombre initial de 165 députés. Une situation qui fait suite au consensus rompu par l’opposition et qui a poussé la majorité à présenter un amendement qui maintient le nombre des députés à 165 députés.
A la suite du consensus né du dialogue entre le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome et les différentes parties prenantes (majorité, opposition, non alignés), l’Assemblée nationale s’est réunie, hier, en plénière pour l’adoption du projet de loi portant code électoral en vue des élections législatives du 31 juillet prochain. Seulement, contrairement à ce qui a été arrêté de porter le nombre de députés de 165 à 172, un revirement spectaculaire a été noté à l’hémicycle. Alors que le consensus était en train d’être remis en cause, la majorité a sollicité une suspension de la plénière avant de revenir avec des amendements qui proposent un retour à la case départ. C’est-à-dire, maintenir le nombre initial de députés (165).
Une situation inattendue qui a poussé la majorité, à travers Seydou Diouf à amender le texte. Ainsi, le nombre de députés est resté le même : 165, avec tout de même, quelques modifications majeures.
7 députés à pourvoir sur la liste nationale, le quota des «plus forts restes»
Ainsi, il propose 112 députés dont 97 pour l’intérieur du pays et 15 pour l’extérieur au scrutin majoritaire à un tour dans le ressort du département et 53 députés au scrutin proportionnel sur la liste nationale. Conséquence : la liste nationale va désormais passer de 60 à 53 députés, soit une amputation de sept députés pour pourvoir le département de Keur Massar et corriger les disparités territoriales.
Avec cette nouvelle formule, ce sont les députés communément appelés «les plus forts restes» qui seront lésés puisqu’ils étaient pourvus sur ladite liste nationale.
Lors des plénières, le député Nicolas Ndiaye explique cette démarche de la majorité par le souci de respecter le protocole additionnel de la Cedeao sur la bonne gouvernance et la démocratie. De son côté, Nango Seck estime que l’Assemblée nationale a un problème de système. «Le pouvoir législatif doit avoir une autre posture pour faire son travail. Mais, s’il (le pouvoir législatif) doit se baser sur les orientations de l’exécutif, il y aura toujours problèmes», plaide Nango Seck. Sira Ndiaye cautionne les amendements d’autant plus qu’ils prennent en compte les erreurs commises notamment dans le département de Mbour et de Thiès qui vont bénéficier pour chaque département d’un député supplémentaire. En plus de prendre en compte la nouvelle circonscription de Keur Massar. Revenant sur le consensus, elle rappelle qu’il a été rompu par certains de ses collègues qui ont changé de fusil d’épaule à l’hémicycle. «Politique rime avec morale, politique rime avec éthique et politique rime avec parole donnée ; mais nous avons une opposition malhonnête qui ne s’assume pas», sérine-t-elle. Le président du groupe parlementaire de la majorité Aymérou Gningue rappelle qu’il ne s’agit pas d’augmenter 7 députés, mais de corriger des irrégularités. «On s’en tient à 165 députés et il n’y aura pas de dépenses supplémentaires et l’amendement permet de faire les corrections voulues», dit-il.
Marème Soda Ndiaye : «Si cet amendement passe, la parole d’un ministre n’aura plus aucun sens»
Le député non-aligné Marème Soda Ndiaye ne partage pas ce revirement de ses camarades de la majorité. « Lorsque le consensus est acté, on ne doit pas le remettre en cause. Nous étions d’accord sur la hausse des députés lors du dialogue ; malheureusement, quand ça nous arrange, on prend et quand ça ne nous arrange pas, on recule. Les acquis restent des acquis. Si cet amendement passe, cela voudra dire que la parole d’un ministre n’aura plus aucun sens, elle ne signifie rien aux yeux des Sénégalais», charge la jeune parlementaire.
Mame Diarra Fam accuse la majorité d’avoir procédé à des réformettes pour régler une situation et non le code électoral. Contrairement à la majorité, elle partage l’augmentation initiale du nombre des députés étant donné, relève-t-elle, que le Sénégal compte moins de députés par rapport aux pays de la sous-région. Aussi, a-t-elle préconisé de prendre le temps nécessaire pour discuter avec l’opposition en vue de trouver un consensus. «Nous voulons connaitre les raisons de ce changement radical, un seul député qui s’oppose à l’augmentation du nombre de députés ne justifie pas cet amendement», s’insurge Oulimata Guiro. «Il faut qu’on ose les grandes réformes sur la Constitution et sur le Code électoral ; sinon, à chaque fois qu’on va vers les élections, on procède à des réformettes», ajoute Marie Sow Ndiaye. Aida Mbodj rappelle qu’il ne faudrait pas revenir sur les acquis démocratiques. Même si on ne prend pas l’avis de l’opposition, il y a une opposition parlementaire qu’il fallait consulter. Mais si on veut remettre en cause le nombre de députés de la liste nationale, nous ne sommes pas d’accord», tranche Mme Mbodj qui rappelle qu’on trouve «les plus forts restes» même du côté de la majorité.
Beaucoup d’enseignants ont fait preuve de partialité
L’ancien maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, est revenu sur les dernières élections locales et c’est pour déplorer le choix des enseignants comme présidents et secrétaires dans les bureaux et centres de vote. A l’en croire, dans l’exercice de leur travail, beaucoup d’enseignants ont fait preuve de partialité durant les élections locales. Fort de ce constat, il plaide pour des critères plus rigoureux pour la désignation des présidents et autres secrétaires généraux dans les bureaux et centres de vote.
M. CISS