Macky Sall a fêté l’excellence, hier, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Le Concours général qui n’a pas pu se tenir en 2020 en raison de la pandémie du coronavirus est à sa 60e édition cette année. 107 distinctions ont été remises aux différents lauréats dont 55 prix et 52 accessits. Le parrain de cette année est le professeur Souleymane Niang, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop. La cérémonie a enregistré aussi la présence des deux jeunes jumelles de 13 ans bachelières en série S2, comme invitées spéciales du Président Macky Sall.
Le Président Macky Sall a présidé hier la cérémonie de remise des prix aux meilleurs élèves du Sénégal. Rendant d’emblée un hommage au Président Senghor, qui avait instauré le Concours général, le chef de l’Etat précise que ledit concours en est à sa 60ème édition, puisqu’en dépit de la situation sanitaire que nous vivons, il a souhaité organiser le Concours général, contrairement à 2020. Bien qu’elles n’aient pas participé au concours, les deux jumelles de 13 ans qui ont décroché leur baccalauréat cette année ont été invitées par le Président Macky Sall. «Nos jeunes bachelières de la série scientifique S2 sont issues du lycée El Hadji Ibrahima Diop de Yeumbeul, dans la banlieue dakaroise. L’Etat vous apportera tout le soutien nécessaire à la poursuite de vos études. Chacune de vous bénéficiera d’une bourse d’excellence», a assuré le Président Macky Sall.
«L’université de Matam portera le nom du professeur Souleymane Niang»
Le chef de l’Etat a ensuite tenu à honorer le parrain de cette édition, feu le Pr Souleymane Niang à qui il donnera le nom de la future université de Matam. «Il fut un mathématicien hors-pair, professeur titulaire des universités de classe exceptionnelle», a-t-il relevé. D’après le Président Macky Sall, la vie et l’œuvre du Pr Souleymane Niang méritent d’être offertes en exemple à notre jeunesse scolaire et universitaire et à toute la jeunesse sénégalaise. «Esprit fertile, son parcours scolaire et universitaire tel un trait de lumière a éclairé bien des générations. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages en mécanique, géométrie et algèbre.
Se lançant dans les anecdotes, le Président Sall soutient qu’il a personnellement connu le Pr Souleymane Niang, quand il était lui-même étudiant à l’Institut des sciences de la Terre, alors qu’il y était doyen de la Faculté des sciences. «Je peux vous témoigner qu’en plus de son érudition, ce que j’ai retenu de lui principalement, c’est sa rigueur scientifique, sa probité intellectuelle, son courage face aux défis, et croyez-moi, à l’époque, j’étais de l’autre côté, étudiant-revendiquant face au doyen», a-t-il fait savoir, avant de poursuivre : «il est arrivé qu’il nous reçoive seul dans son bureau au département de mathématiques. C’était un petit bureau où nous tenions à peine, et nous brandissions nos exigences. Il n’y avait ni forces de l’ordre, ni police, et il tenait la dragée haute aux étudiants que nous étions, pour défendre les valeurs pédagogiques qui devaient être celles de l’université, en particulier celles d’une Faculté des sciences». Selon le Président Macky Sall, Le Pr Souleymane Niang avait le sens de l’autorité. Il n’a jamais failli devant ses responsabilités, chose rare de nos jours. Il était à cheval sur les règles académiques qui gouvernent les enseignements. «Quelles que soient les péripéties, tous les étudiants de l’époque savaient combien le Pr Souleymane Niang était inflexible sur le respect du quantum horaire, pour la validation d’une année académique. Je pense que beaucoup d’étudiants se rappellent de la fameuse carte bleue, à l’époque, instaurée par lui-même, pour mettre fin à une grève, afin que l’année puisse être validée», a témoigné le chef de l’Etat.
Dans la même foulée, le chef de l’Etat a aussi annoncé l’érection de l’école Mariama Ba de Gorée en lycée d’Excellence dès la rentrée de septembre prochain.
«Des actes de cybercriminalité et autres dérives sur les réseaux sociaux qui envahissent dangereusement l’espace scolaire»
Evoquant les actes de violence notés dans le milieu scolaire et universitaire, le Président Macky Sall parle de cybercriminalité et autres dérives sur les réseaux sociaux qui envahissent dangereusement l’espace scolaire. «Par effet de mimétisme, des élèves se permettent dans des challenges insensés de s’attaquer à des enseignants, au personnel d’encadrement et de détruire des infrastructures scolaires. Je dois marquer ma ferme condamnation de ces actes totalement inacceptables», fulmine-t-il.
Poursuivant, le Président Macky Sall affirme que chacun doit savoir que l’école n’est ni un champ de bataille ni une scène pour gladiateurs. «L’école doit à tout prix garder sa vocation d’espace de diffusion du savoir, de fraternisation et de construction citoyenne. Les casseurs, ceux qui s’adonnent à la triche, à la violence et à l’incivisme n’ont leur place ni à l’école ni à l’université. Pour autant qu’ils soient encore minoritaires, nous ne devons pas laisser pousser la mauvaise graine», prévient-il. C’est pourquoi il appelle à une mobilisation générale pour une observance rigoureuse de la discipline à l’école. L’État y veillera.
«Les casseurs, ceux qui s’adonnent à la triche, à la violence et à l’incivisme n’ont leur place ni à l’école ni à l’université»
Ainsi, il a engagé les ministres en charge de l’Education, tous grades confondus, «à faire respecter, à tous les niveaux d’autorité, les règles disciplinaires qui régissent la vie à l’école. Car, il y va de la sauvegarde de notre bien commun et de l’avenir de la nation», a souligné le chef de l’État, qui estime que l’éducation au savoir-être et au savoir-vivre ne saurait être du seul ressort de l’État. «Tous les acteurs et partenaires de l’école, en particulier les familles et les associations de parents d’élèves sont invités à s’investir davantage dans la sensibilisation des enfants sur la portée de leurs actes et comportements à l’école», tonne le chef de l’Etat, qui pense que quel que soit le potentiel des apprenants, c’est d’abord et surtout l’encadrement et la discipline qui déterminent en grande partie leurs performances.
«Évitez l’exposition au grand piège des réseaux sociaux parce qu’ils flattent l’ego»
Les lauréats de cette année, le chef de l’État les exhorte à rester humbles, puisque ces prix leur ouvrent d’autres défis de la vie. «Soyez confiants, il le faut pour franchir les obstacles, mais surtout restez humbles et concentrés sur vos études. Si vous voulez aller loin, évitez l’exposition au grand piège de l'ère moderne dont celui principalement des réseaux sociaux, parce qu’ils flattent l’ego et rien n’est plus nuisible au progrès que l’ego, c’est-à-dire la satisfaction de soi», lance-t-il. La performance, dit-il, vient toujours de la vraie mise en cause de soi.
«Quand on est possédé par son savoir, on est ébloui par sa propre lumière et celui qui est ébloui par sa propre lumière perd ses repères et le sens de l’orientation»
«À la quête du savoir, prenez comme bouclier protecteur le savoir-être qui est comme une lumière. Quand on possède son savoir, on illumine son chemin et celui des autres, mais quand on est possédé par son savoir, on est ébloui par sa propre lumière et celui qui est ébloui par sa propre lumière perd ses repères et le sens de l’orientation», professe le Président Sall. Le président de la République a ensuite annoncé, avant de clôturer son discours, son désir d’instituer des classes préparatoires aux grandes écoles qui offriront deux années de formation soutenue, aux bacheliers remplissant les critères retenues, au lycée scientifique de Diourbel. La décision sera effective dès octobre 2022 avec les prépas scientifiques.
Ndèye Khady DIOUF