Le Président Bassirou Diomaye Faye a sacrifié hier à sa première cérémonie de remise de cahiers de doléances des syndicats. Pour la presse, qui traverse des moments tumultueux ces temps-ci, le secrétaire général du Synpics n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Bamba Kassé qui salue les quelques efforts consentis par l’Etat ces dernières années, estime qu’il reste néanmoins un grand chantier à abattre pour les nouveaux dirigeants.
Même S’il reconnaît les avancées notées ces cinq dernières années, le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), trouve que le Sénégal reste néanmoins très en retard sur certains aspects de l’écosystème des médias. Bamba Kassé de faire noter au chef de l’Etat que notre pays ne dispose toujours pas d’une loi d’accès à l’information pourtant programmée depuis 10 ans ; d’une nouvelle loi sur la publicité, l’actuelle datant de plus de 40 ans.
Pour le secrétaire général du Synpics, le Sénégal refuse de se doter d’une loi, d’un mécanisme de contrôle effectif des entreprises de presse, «ce qui se traduit comme vous le savez vous-même pour l’avoir déclaré en public, par une précarité organisée dont sont victimes les jeunes reporters et techniciens de l’information et de la communication». A en croire Bamba Kassé, le manque de contrôle des entreprises, au-delà de porter atteinte à l’existence sociale des travailleurs, contribue à violer un droit constitutionnel des Sénégalais, celui de disposer d’informations plurielles, sans oublier que l’Etat est quasi obligé souvent de se délester de ses propres ressources fiscales pour perfuser un secteur qui se refuse lui-même à un Etat normé.
«La nébuleuse de ce secteur est comme une gangrène, seul l’Etat peut y mettre un frein»
«Le plus gros manquement qu’enregistre notre pays est le refus de mettre en place un organe de régulation adapté, aux pouvoirs élargis, au fonctionnement autonome et jouissant d’une indépendance de ses moyens», dit-il avant d’ajouter : «parce qu’on ne dispose pas de cet organe de régulation, on assiste impuissant à une sorte d’esclavage organisé et consolidé des jeunes journalistes et techniciens qui ne disposent ni de salaire décent, ni de couverture maladie, encore moins de plan de carrière et qui sont laissés à la merci de la corruption institutionnalisée grâce au phénomène dit des perdiems».
Bamba Kassé de s’en prendre aux dirigeants des médias publics. «Sur la dernière décennie, les médias publics sont les supports qui ont le plus bénéficié de l’apport de l’Etat et pendant ce temps, ils font partie des plus gros violeurs des droits des travailleurs. Les dirigeants de ces médias, comme s’ils s’étaient passé le mot, ont eu recours à une arme non conventionnelle : la suspension de salaire», déclare Bamba Kassé qui cite son cas, mais aussi des agents de la Rts.
A l’en croire, l’absence de normes dans ce secteur prédit des lendemains très sombres : «c’est dans la presse privée que l’on peut dénombrer près de 59 quotidiens à quelques semaines de la présidentielle, dont certains ne font que des Unes sous format PDF et qui sont reprises dans les revues de presse», dénonce t-il.
Pour lui, la nébuleuse de ce secteur est comme une gangrène, seul l’Etat peut y mettre un frein. Abordant l’importation du papier journal, M. Kassé parle de nébuleuse puisque le produit totalement détaxé se retrouve à servir d’emballage de pain dans les boulangeries. Une vraie mafia qui fait perdre des recettes à la douane pour enrichir quelques individus.
Ndèye Khady D. FALL
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
