Idrissa Seck a été installé officiellement hier président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Une cérémonie qui s’est déroulée dans la gaieté, avec les éclats de rires suivant les blagues du nouveau président du Cese tout au long de son discours. Après avoir remercié le Président Sall, Idrissa Seck a tenté de justifier son «wax waxeet» de ne plus bénéficier de décret pour une quelconque nomination par la volonté divine. Il a aussi profité de cette tribune pour écarter toute chasse aux sorcières contre les pro Aminata Touré.
C’est officiel, Idrissa Seck est depuis hier président du Conseil économique social et environnemental. Une cérémonie qui lui a permis de lever les équivoques sur le prétendu deal qui l’a porté à ce poste. Selon Idrissa Seck, il y a trois catégories de personnes qui émettent leur avis sur son nouveau poste. ceux qui le soutiennent et qui s’interrogent sur la pertinence de sa nomination; ceux qui ne sont d’aucun parti politique et qui s’interrogent sur les soubassements de cette nomination ; et enfin ceux qui ne sont mus que par leurs propres intérêts, quitte à utiliser la pauvreté des jeunes pour s’en prendre à l’Etat. «Pour la première catégorie, je réponds : l’homme propose et Dieu dispose. Cet épisode de ma vie a déjà été décrété par Dieu, et en bon croyant, je m’y conforme tout en rendant grâce à Allah. Quant à ceux qui placent leur intérêt en avant, nous veillerons politiquement à ce qu’ils ne puissent causer aucun grand mal, seulement une nuisance par leur langue», affirme Idrissa Seck.
«Quand la nation a besoin de ses fils, il faut agir au bénéfice exclusif des populations, peu importe le coût sur notre propre image ou notre vie»
Néanmoins, il dit être attentif à toutes les opinions exprimées de manière bienveillante ou pas car il y voit une source précieuse d’enseignements. «Fface à certaines situations historiques, il faut dépasser l’attitude vaine du spectateur stérile. Il faut aussi dépasser l’attitude de la résignation. Lorsque la nation a besoin de ses fils, il faut agir au bénéfice exclusif des populations, peu importe le coût sur notre propre image ou notre vie qui, au regard d’une nation, demeure une insignifiance», déclare Idy.
«Ceux qui attendent encore à la gare de 2019 doivent réaliser que le train s’élance déjà du quai 2020, en route vers 2035 et au-delà»
Abordant la question de la chasse aux hommes de l’ancienne présidente, Idy jure que rien ne se fera en dehors des textes. «Il n’y a pas eu de passation de service, mais je devais recevoir un bilan administratif et financier établi et signé par la présidente sortante, mais je n’ai rien reçu. Je m’en suis ouvert à qui de droit et il m’a demandé de faire ma situation de référence, ce que j’ai demandé par la suite», explique-t-il avant de préciser : «je ne fouille la gestion de quiconque, je n’ai même pas le temps. Nous cherchons juste à établir une situation de référence que nous présenterons à notre prédécesseur. Si elle répond, tant mieux; si elle ne répond pas, tant pis. Dans tous les cas, je n’en ferai pas une histoire, j’ai mieux à faire».
«Quand je disais que plus jamais je ne serai nommé par un décret, je faisais part de mon désir personnel»
Balayant en touche les accusations de chasse aux pro Mimi Touré, M. Seck déclare que la compétence est la seule condition qui déterminera le choix de ses collaborateurs. Et sur la position qu’on lui prête par rapport à la pertinence du Cese pour le Sénégal, l’ancien Premier ministre jure qu’il n’a jamais plaidé pour la dissolution du Conseil économique social et environnemental. Mieux, il défie quiconque de lui apporter une preuve. «Je suis un homme nuancé, très nuancé. Même quand je disais que plus jamais je ne serai nommé par un décret, je faisais part de mon désir personnel», justifie-t-il avant de poursuivre : «j’ai appris d’un grand soufi que la nécessité crée l’exception, même en religion. L’homme peut prétendre être maître de ses intentions et de ses actes, mais son destin relève de ce que les croyants appellent la volonté divine et les non croyants l’appellent : contexte, circonstances», dit-il. Idrissa Seck de dire : «aujourd’hui comme hier, ma réflexion porte plus sur les solutions à apporter aux difficultés que sur la polémique. Ceux qui attendent encore à la gare de 2019 doivent réaliser que le train s’élance déjà du quai 2020, en route vers 2035 et au-delà». Le nouveau président du Cese d’embrayer : «Que tout le monde se le tienne pour dit, moi et Macky Sall, on a retrouvé notre complicité et il en est de même pour nos partisans. Il y a eu des moments troubles dans nos rapports et Dieu a fait qu’au détour de nos discussions qui n’avaient pas pour objectif cette nomination, il faut le préciser, nous avons jugé nécessaire d’unir nos forces pour le bien du Sénégal. Il y en a qui adorent nager ou faire nager leur leader en eaux troubles. Moi, personnellement, je ne répondrai plus à ces genres d’invitation», prévient Idy selon qui, le chapitre de la Présidentielle 2019 a été clos avec l’ouverture du dialogue national.
Poursuivant l’ancien Premier ministre pense que l'élection de 2019 était une compétition électorale et chacun avait son programme et les Sénégalais qui doivent décider ont donné au Président Sall 58% des votes. «Avec les autres candidats opposants, nous nous sommes réunis chez moi pour décider d’attaquer les résultats en justice. Mais le contentieux est fini quand nous avons décidé d’aller au dialogue national», explique Idy, qui pense que l’heure est au travail, mais pas aux lamentations.
Ndèye Khady DIOUF