Bruno a été pleuré, mais il a surtout bénéficié de prières. La cathédrale de Dakar où s’effectuait, hier, la prière mortuaire, a refusé du monde. De Kabrousse à Saint-Louis, en passant par le Sine, le Saloum et Dakar, amis, collègues et parents lui ont rendu un dernier et vibrant hommage.
Dans sa tombe du cimetière catholique de Bel-Air, Bruno Diatta n’aura sûrement pas assez de regrets de la pratique de sa foi chrétienne. Irréprochable dans son travail, Bruno l’était, peut-être aussi, avec ses frères et sœurs dans la foi chrétienne. A l’occasion de ses obsèques, hier, à la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Dakar, ils étaient cinq (5) évêques. Benjamin Ndiaye (Dakar), Abel Paul Mamba Diatta (Ziguinchor), André Guèye (Thiès), Cardinal Théodore Adrien Sarr (évêque émérite de Dakar) et Mgr Mikael W. Banach (nonce apostolique ou représentant du Pape à Dakar et Nouakchott) à faire le déplacement pour assister à la prière funèbre et accompagner à sa dernière demeure celui qui fut l’esprit du protocole du Palais de la République du Sénégal. A leurs côtés, il y avait près d’une trentaine d’autres prêtres. Bruno Diatta a mobilisé politiques, laïcs consacrés, religieux et religieuses, fidèles catholiques et musulmans. Tous étaient là. Personne ne voulait rater ce dernier hommage. Mais ce qui retenu l’attention, c’est cette image forte et saisissante du Cardinal.
Venu un peu plus tôt, avant la messe funèbre, Théodore Adrien Sarr a longuement prié devant la dépouille de Bruno Diatta. Seul devant l’autel, avant le chant d’entrée, il est resté immobile pendant des minutes. Disparu des radars, son geste et sa silhouette au sein de la cathédrale, qu’il a quittée pour sa résidence de retraite depuis peu, ont attiré tous les regards. Cardinal se rappelait-il, alors, à ce moment, de ses relations avec le défunt commis de l’Etat. Cette étape passée, la cérémonie eucharistique pouvait commencer. Après la chapelle ardente ou chapelle mortuaire (dernière exposition du corps du défunt avant enterrement), place à la messe.
Reconnaissance de l’Eglise
Dite par l’archevêque de Dakar, c’était l’occasion de revenir sur les qualités de l’illustre disparu. «Bruno Diatta a porté son identité chrétienne dans son travail, jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat du Sénégal», a témoigné Mgr Benjamin Ndiaye. Demandant aux jeunes de suivre son exemple, l’archevêque de Dakar d’ajouter : «son exemple nous interpelle pour vivre et agir comme disciple du Christ. C'est à dire là où le Seigneur nous envoie en mission que la qualité de nos engagements témoigne de notre identité de chrétien partout, dans la fonction publique, dans le privé, dans la politique, dans l’économie, la culture et dans nos divers engagements sociaux». Pour Mgr Benjamin Ndiaye, être chrétien ne se proclame pas. «Ne perdons pas notre saveur chrétienne. C’est notre image dans le Christ. Ne vivons pas en retrait mais investissons-nous dans tous les segments de la société», a-t-il invité, offrant Bruno Diatta comme un exemple à suivre.
Les larmes inondent la Cathédrale
A l’en croire, l’ancien chef du Protocole du Palais a accompli sa mission. Comme Saint Mathieu, il a rendu témoignage à l’Etat et à la République. Dans la salle, le discours de Benjamin Ndiaye a fait couler des larmes. Comme cette petite fille, assise aux premières loges. Devant la pluie de témoignages et de mots à l’endroit de feu son grand-père, elle a craqué tout d’un coup. Elle sera soutenue et encouragée par une autre. Amis, parents et collègues ont dit du bien sur le disparu qualifié d’homme intègre et affable. Ses enfants (filles) Guilaine et Yaliss ont aussi fait pleurer l’assistance. Porteuses du message de la famille, elles se sont engagées à soutenir leur maman dans cette dure éprouve qu’elle traverse pour la première fois sans son époux et ne pas décevoir ni salir la mémoire de leur défunt papa. Vers 16 heures et demie, le cortège funèbre s’est ébranlé pour le cimetière catholique de Bel-Air où repose désormais, Bruno Diatta.
Correspondance particulière