
La campagne de commercialisation de l’anacarde risque de vivre ses pires moments en Casamance. Les acteurs de la filière, très préoccupés par la concurrence d’Asiatiques qui font exploser le prix bord-champs et du manque d’implication du gouvernement qui a installé l’anarchie, tirent la sonnette d’alarme. En conférence de presse hier, les acteurs sollicitent l’implication et l’accompagnement de l’Etat ; sans quoi, des usines fermeront si rien n’est fait d’ici deux semaines.
Le démarrage de la campagne de récolte de l’anacarde semble mal barré. C’est du moins l’avis des acteurs de la Casamance naturelle, bastion de cette filière. À l’occasion d’un point de presse tenu hier à Ziguinchor, le collectif des transformateurs de l'anacarde de la Casamance prévient le gouvernement sur ce qui se trame contre la réussite de cette campagne. Elimane Dramé, l’un des porte-parole du jour, décrit la situation préoccupante que le collectif a découverte dès l’entame de la campagne 2025. « La campagne 2025 de l'anacarde est mal engagée et risque d’être un clone de celle de 2024 », prévient-il. Et pour trouver vaille que vaille une solution curative, le sieur Dramé fait des recommandations. « Pour sauver ce qui peut encore l’être, nous demandons au gouvernement de mettre en urgence à la disposition des industriels du Sénégal un stock de sécurité compris entre 7000 et 10.000 tonnes. Soit un peu moins de 10% de la production. Il est impératif d’agir rapidement pour sécuriser un stock de 7000 tonnes », fait-il savoir.
Prenant la parole, Xavier Diatta, Directeur de Casa industrie, très préoccupé par cette situation, manifeste pour sa part son inquiétude et invite les autorités à prendre en charge à bras le corps cette situation. « Il y a plusieurs problèmes », s’alarme-t-il avant de poursuivre : « cette campagne qui vient de démarrer risque d'être le clone de la précédente campagne. Absence totale d’un système organisé de collecte, spéculation sur les prix bord champs, absence totale de l’Etat dans la régulation du marché, le traditionnel Crd qu’on organise avant toutes les campagnes n’a pas été tenu. On constate des lobbies étrangers, c’est-à-dire les Asiatiques qui sont là et ont fait grimper les prix à des niveaux inatteignables pour nous qui sommes dans la transformation. Si le prix dépasse 650 F, on ne peut pas faire des affaires et le dernier problème, c’est la difficulté majeure de pouvoir bénéficier du financement », alerte M. Diatta.
Toutefois, loin d’être alarmiste et des négationniste, le collectif met sur la table du gouvernement un chapelet de solutions. « Il est possible de sauver cette année. On lui demande de nous sécuriser 7000 tonnes que nous allons acheter à un prix abordable qui varie dans la sous-région entre 450 et 600 F, alors qu’au Sénégal, il est entre 700 et 850 F. Même si nous nous transformons à ce prix, nous ne serons pas compétitifs. Et vous savez, la qualité de la noix de cajou que nous avons en Casamance. Ensuite, débloquer les financements pour permettre à ces usines de pouvoir tourner. Si dans les deux semaines qui viennent on n’a pas le soutien de l’Etat, plein d’usines vont fermer. L’année dernière on a déflaté mais cette année on va purement et simplement fermer », prévient le Directeur de Casa Industrie.
Baye Modou SARR