La banalisation de la mort violente, par sa fréquence paralysante, mais surtout notre impuissance face aux fléaux qui en sont les causes, est en train de modifier le rapport du Sénégalais à ce frein trop brusque à la vie. L’émotion que suscitait la découverte d’un cadavre, fut-il celui d’un embryon encore amorphe, se répandait comme une trainée de poudre et hantait pendant des jours les conversations, dans les concessions comme à la grand ’place. Or, aujourd’hui, même si en l’espace d’une semaine un hélicoptère s’est crashé faisant une dizaine de tués, au moins deux accidents de la circulation ayant fait trois morts survenus à Fatick et Mékhé, deux jeunes décédés sur les chantiers du Ter, sans compter ces meurtres successifs de Sénégalais à Madrid en Espagne, puis ce policier qui se suicide à Ziguinchor, l’opinion reste blasée, comme tétanisée. Maktoub, diraient certains. Fatalitas, diraient d’autres. Quoi qu’il en soit, l’encre devrait au moins sécher, avant que le Destin décidât une fois encore de tracer le nom d’un Sénégalais, ici ou ailleurs, sur ce registre des morts violentes et révoltantes, parce que souvent injustes, sinon évitables.
Waa Ji
Waa Ji