Alors que les larmes ne sont pas encore sèches avec la mort du Sénégalais tué en Espagne, voilà deux autres Sénégalais à qui on a ôté la vie dans des conditions dramatiques. Assane Diop et Amadine Diop ont été sauvagement tués au Brésil. Face à ces cas de meurtres qui ne cessent d’accroître, les Sénégalais établis au Brésil demandent plus de considération de la part des autorités diplomatiques sénégalaises y résidant.
Encore une fin tragique pour un compatriote sénégalais. Assane Diop, marié et père d’une fille, natif de Touba Guédé a été sauvagement tué par un Brésilien alors qu’il essayait d’écouler tranquillement ses marchandises. D’après nos informations, c’est le mercredi 9 octobre, vers les coups de 17h, que le jeune homme a perdu la vie dans des conditions atroces. Devant un petit bar, dans la ville de Sao Paulo, le marchand de chaussures guette les clients. Il fait des va-et-vient et interpelle les passants afin de se débarrasser du reste de sa marchandise. Le gérant du bar, qui suivait Assane Diop, l’interpelle. Ce dernier, qui, visiblement se doutait de quelque chose, refuse et continue son travail. Le barman continue de plus belle ses appels. Mais le Sénégalais continuait à l’ignorer.
Tué pour avoir fait la sourde oreille
Remonté par l’attitude de Assane Diop, le Brésilien entre rapidement dans son bar pour en ressortir armé. «Il avait un révolver entre les mains et a tiré près de cinq coups sur Assane Diop, sur la nuque et la poitrine», nous informent nos sources. Assane Diop est très rapidement évacué à l’hôpital «Complexo hospitalar Heliopos».
L’auteur du crime a pris la tangente, après avoir ôté la vie au jeune homme. D’après nos informations, l’assassin du Sénégalais serait d’ailleurs menacé de mort par les autres brésiliens qui ont été témoins de la scène.
«C’était un jeune travailleur, correct, très respectueux et calme»
Joint au téléphone, Cheikh Ndiaye, président du Dahira Mouxadimatoul Amdaa, à Santa Carina, présente Assane Diop comme quelqu’un de très effacé. «C’était un jeune travailleur, correct, très respectueux et calme. Ses activités se limitaient à son travail et la lecture des khassaides. C’était un fervent Mouride. Sa mort a choqué toute la communauté sénégalaise à Sao Paulo. On s’est vu deux jours avant sa mort», laisse-t-il entendre.
Une semaine avant, plus précisément le mardi, un autre Sénégalais du nom d’Amadine Diop avait été tué sur la route de la ville de Santa Catarina. Ass, comme l’appellent ses proches, a été mortellement fauché par un camion. Ce natif de Guédiawaye, marié à une épouse restée au Sénégal, a perdu son enfant il n’y a pas très longtemps. «Son corps devait être évacué la semaine dernière», nous renseigne-t-on.
La thèse du suicide réfutée par les Sénégalais
L’un des chauffeurs, qui était derrière le camion, aurait, à la police, avancé la thèse du suicide. «C’est totalement faux. Il a été délibérément tué par le chauffeur. Il n’y a pas mal de ponts dans cette route. Pourquoi ne pas sauter directement ou se jeter à la mer, s’il voulait vraiment mettre fin à sa vie ? Qu’ils arrêtent», peste Cheikh Ndiaye.
La communauté sénégalaise à Santa Catarina ne compte pas rester les bras croisés par rapport à ces deux cas. «Nous attendons les résultats de l’enquête. De toute façon, nous allons trouver des avocats pour que lumière soit faite sur ces deux cas», assure Cheikh Ndiaye.
Une ambassade et un consulat qui ne servent à rien
Entre les autorités consulaires sénégalaises établies au Brésil et les Sénégalais, le torchon brûle. D’après Cheikh Ndiaye, établi depuis plusieurs années dans ce pays, l’ambassadeur ou encore le consul ne fait aucun effort pour aider ou soutenir les Sénégalais. «Le corps d’Amadine Diop a été rapatrié grâce à la société où il travaillait depuis 3 ans, qui a pris intégralement en charge le rapatriement du corps. Les autorités ne prennent jamais ces genres d’initiative», lâche-t-il. Avant de poursuivre : «seuls deux corps ont été rapatriés par les autorités sénégalaises et c’était des remboursements. Mais, presque tout le temps, ce sont les membres du Dahira qui se mobilisent et font une quête pour le rapatriement et cela, en un jour. Même ceux qui sont malades et demandent à rentrer au Sénégal, c’est nous qui les recensons chaque année et assurons les frais du voyage», laisse-t-il entendre.
D’après Cheikh Ndiaye, Il y a eu plusieurs cas de meurtres au Brésil ou encore des Sénégalais détenus pour de nombreux délits, mais impossible de compter sur l’ambassade. «On ne les voit jamais. Ils ne prennent même pas la peine de se déplacer pour s’enquérir des nouvelles ou encore apporter un soutien moral ou financier. Et pourtant, Sory Kaba, qui était venu nous rencontrer, nous avait promis que l’ambassadeur sera plus présent dans pareilles circonstances. Que nenni. C’étaient juste des promesses électorales», se désole-t-il
9 Sénégalais tués entre 2015 et 2018
Au Brésil, les Sénégalais tombent comme des mouches et personne n’en parle. Le 4 avril 2015, un Sénégalais du nom de Cheikh Sèye, âgé de 25 ans, a été retrouvé noyé dans la vallée de Sinos. Il aurait été poussé dans l’eau. Deux mois plus tard, plus précisément le 19 juin, Moussa Diop, un jeune Sénégalais, a été retrouvé tué dans l’appartement où il vivait à Rio Grande. En 2017, deux Sénégalais ont perdu la vie au Brésil. Il s’agit en effet de Bassirou Diop, 33 ans et de Serigne Diakhaté. Le premier nommé a été poignardé à mort après une journée de travail à Porto Alegre, alors que le deuxième, âgé de 32 ans, est carbonisé à l'intérieur de sa maison.
Quatre, c’est le bilan macabre du nombre de sénégalais tué cette année
Le 27 juin, Mamadou Amath Dème, 32 ans, a été abattu après son retour du travail à Bahia et Fallou Ndack, 33 ans a été assassiné à Cascavel Parana où il travaillait, le 24 juillet. Et voilà qu’Assane Diop et Amadine Diop viennent s’ajouter à la longue liste de Sénégalais qui ont perdu la vie dans des conditions atroces.
Khadidjatou DIAKHATE