11ème mois sans salaire ! C’est la souffrance ultime pour le personnel administratif et technique de Pcci, environ 2000 agents. Qui, en plus de n’être pas payés, doivent subir le diktat de la Direction, hostile à toute forme de revendications ou contestations, sanctionnées par des menaces et des renvois. Les travailleurs concernés, dont certains ne peuvent même plus payer le transport pour aller au service, ont saisi l’inspection du travail. Après une première rencontre qui n’a rien donné, une dernière chance est offerte aux deux parties, avant de passer à une phase de contentieux, en cas de désaccord.
Le personnel administratif et technique de Pcci n’en peut plus des arriérés de salaire qui lui pourrissent la vie depuis presque un an. «Ils nous ont mis dans le pétrin et nous ont réduits à zéro. Nous sommes à notre 11ème mois sans salaire. Pendant toute l’année 2018, nous n’avons pas perçu de salaire. Le salaire du mois de décembre 2017 nous a été payé au mois d’avril dernier. Ça a commencé avec trois mois. Mais on nous disait toujours : patientez, on a des investisseurs qui doivent arriver, on va vous payer. Ensuite, c’est passé à cinq mois, ainsi de suite, jusqu’à la situation actuelle», se plaint un auditeur de la boite, qui a même cessé d’aller au travail, parce que ne pouvant même pas assurer son transport quotidien. Et son chagrin est d’autant plus énorme que les responsables du centre d’appel ne tolèrent aucune contestation ou protestation, trouvant toujours un moyen de débarquer tous les contestataires. «Il n’y a pas de syndicat. On s’est levé pour lutter contre cette situation. Et c’est là que les menaces ont commencé. Si tu parles, on te renvoie. Pour ceux qui ont des Cdd, ils profitent de la fin de la période pour ne pas te renouveler. Pour ceux qui ont des Cdi, ils trouvent toujours un moyen de leur coller une faute lourde et une mise à pied, et au moindre faux pas, ils en profitent pour les renvoyer», explique notre interlocuteur.
Devant l’Inspecteur du travail, les représentants de Pcci affirment n’avoir rien à proposer aux travailleurs…
Las des promesses de payement jamais tenues et du gonflement, mois après mois, des salaires impayés, les travailleurs se sont constitués en collectif et ont saisi l’Inspection du travail. Une première confrontation des deux parties n’a rien donné. «Nous avons saisi l’Inspection du travail. Au premier rendez-vous, ils ont dit qu’ils ne peuvent pas se libérer. On s’est finalement retrouvé mercredi dernier. Ils ont envoyé le porte-parole et le responsable des ressources humaines pour des négociations. Mais on a rien pu faire, parce qu’ils ont dit qu’ils n’ont aucune proposition à nous faire. L’Inspecteur nous a demandé, le collectif et eux, de revenir. Et si on ne trouve pas d’accord, on va en contentieux».
A côté du personnel administratif et technique, il y a le gros des travailleurs constitué de conseillers commerciaux. Ces derniers, mieux lotis, sont à 4 mois d’arriérés. Ils font le gros du travail et sont employés dans le cadre d’une convention avec l’Etat, qui prend en charge une bonne partie de leur salaire.
Mbaye THIANDOUM