Au péage, le client n'est pas roi, c'est bien sûr Senac «the King (le roi)» ! Cette remarque d’un commentateur de Seneweb résume bien l’idée que beaucoup de compatriotes se font de la gestion de l’autoroute à péage, surtout avec les nouvelles dispositions imposées aux usagers. Selon l’arrêté 21918 du 13 décembre 2017, entré en vigueur hier et portant règlement de police et d’exploitation de l’autoroute à péage, pour emprunter les voies automatiques Rapido, il faut avoir suffisamment de crédit sur sa carte, au risque de le payer très cher. L’usager qui emprunte les voies Rapido sans badge et sans crédit suffisant, sera puni d’un surpéage de 5000 F Cfa. Et désormais, on ne peut recharger sa carte qu’à partir de 5000 F Cfa et ses multiples. En outre, pour toute surcharge à l’essieu supérieure aux 11,5 tonnes autorisées, un surcoût de 100.000 F Cfa par tonne et par essieu lui sera appliqué. De même, les remorques par corde, chaîne ou bar de fer sont désormais strictement interdites sur l’autoroute. Et ces mesures sont loin de plaire à bon nombre d’usagers.
«Un emprunt forcé sans intérêt» et une aubaine pour Orange Money et autres
C’est le cas de cet internaute qui dénonce un prêt forcé que les usagers vont faire à Eiffage. «Il faut faire 5000 F ou plus pour ceux qui font aller-retour Saly ou aéroport. On n’a pas 4000 F à confier à Eiffage jusqu’à un prochain passage», rouspète-t-il, avant d’être appuyé par un autre : «exactement, c’est un emprunt forcé sans intérêt». Un autre commentateur dénonce les frais supplémentaires en obligeant les usagers à passer de plus en plus par les structures de transfert d’argent pour recharger leurs cartes. «Ils n'ont pas tout dit dans l'information, car pour les rechargements, il faut obligatoirement passer par Orange Money, qui prend 10% du montant rechargé. Donc 500F sur 5000F et 2500F sur 25.000 de recharge. Donc sur 25.000 F rechargés, tu en auras pour 22.500F», explique-t-il. Avant de terminer par un brin d’humour : «Merci beaucoup Président Macky d'avoir laissé les points stratégiques de notre économie aux étrangers». En plus d’Orange Money, d’autres sociétés de transfert sont aussi partenaires d’Eiffage.
«Les voies Rapido sont devenues de vraies voies "Lentido". Car on a maintenant beaucoup d'embouteillages sur ces voies»
Pour ce lecteur, la solution radicale du boycott des passages Rapido, qui deviennent de plus en plus le contraire, est prônée. «Boycotter l’autoroute, ou au moins les automobilistes peuvent boycotter les voies Rapido qui sont devenues de vraies voies "Lentido". Car on a maintenant beaucoup d'embouteillages sur ces voies dites Rapido», a réagi un lecteur. Qui poursuit : «Les automobilistes sénégalais doivent savoir qu'ils ont une arme puissante entre leurs mains, à savoir leur portefeuille. En effet, ce sont les automobilistes qui doivent avoir le dernier mot sur les choix qu’on leur impose. C’est-à-dire Eiffage a le droit de décider tout ce qu'il veut, mais les automobilistes sont aussi libres d'accepter ou de refuser les choix d'Eiffage. Donc, si le choix d'Eiffage ne leur convient pas, ils peuvent tout simplement le boycotter. C'est aussi simple que cela». Et de finir par donner une alternative : «puisque ces autoroutes du Sénégal sont aussi chères et font perdre beaucoup de temps avec les embouteillages, mieux vaut prendre la route nationale et économiser ses sous».
Responsabilité de l’Etat qui a accepté le «diktat» d’Eiffage
Un autre internaute, qui répond au commentaire ci-haut, reconnaît la cherté du péage, mais préfère pointer du doigt l’Etat. «c’est vrai que les tarifs du péage sont exorbitants. Mais à qui la faute ? Eiffage n'est qu'un concessionnaire, cela signifie que c'est l'Etat du Sénégal qui a fait construire cette autoroute et qui en est donc propriétaire, lui a confié, soit lui a concédé l'exploitation de cette autoroute», note-t-il. Et de poursuivre : «L’Etat est souverain, du moins nous le croyons ; et en principe aucune entreprise ne peut lui tordre le bras ou lui imposer quelque chose qu'il ne voudrait pas ou ne devrait pas accepter. Si donc de tels tarifs peuvent être appliqués par Eiffage, c'est parce qu'ils ont été acceptés et avalisés par l'Etat du Sénégal. Alors demandez donc à Ablaye Wade pourquoi».
Les organisations de défense des consommateurs interpellées
A sa suite, un autre internaute se désole de la passivité des organisations qui se réclament de la défense des consommateurs. «Où sont les associations de consommateurs promptes à traquer les pauvres boulangers ? Dans ce cas d'espèce, qui pour défendre les usagers de l'autoroute à péage ? On serait tenté de donner raison à l'autre qui les taxait de corrompues». Pour lui, il est d’autant plus important de réagir que «cette autoroute a été construite avec nos impôts. On ne nous l’a pas offerte». Peut-être que Momar Ndao et Cie iront dans le sens de la proposition de certains internautes qui préconisent d’attaquer l’arrêté portant cette nouvelles réglementation au niveau de l’autoroute à péage. «Cela peut être va marcher, mais c'est illégal sur le fond et la forme. On n’impose pas à un usager une pénalité sous réserve d'un arrêté (de qui d'ailleurs)», s’indigne un lecteur.
L’interdiction des remorquages par corde, chaîne, barre de fer… : le seul point positivement apprécié
Les rares réactions positives à propos de ces nouvelles mesures portent aussi sur l’interdiction du remorquage des voitures. «C'est très bien d'interdire les remorques par corde, chaîne et barre de fer. Il faut des sociétés spécialisées. C'est comme ça que ça se fait. On ne peut pas accrocher une voiture avec n'importe quelle corde pour la remorquer. C'est comme si on parlait toujours de sécurité en laissant tout entre les mains de la chance», peste un internaute.
Mbaye THIANDOUM