L’atelier sur la mise en œuvre de la loi sur le contenu local dans le secteur du pétrole et du gaz a été une occasion pour le président de la République de mettre fin au débat sur la transparence dans la gestion des ressources pétrolières et gazières. Ainsi, il est revenu sur tous les actes posés par son gouvernement pour plus de transparence dans ce secteur. A l’en croire, il est trop conscient de l’importance de ces ressources qui engagent le présent et l’avenir de notre Nation, pour laisser le moindre hasard porter atteinte à ces intérêts vitaux.
Le Président Macky Sall a présidé, hier, l’atelier sur la mise en œuvre de la loi sur le contenu local dans le secteur du pétrole et du gaz, organisé au Centre international de conférence Abdou Diouf par le ministère du Pétrole et des Énergies. Une occasion pour le chef de l’Etat de rappeler les différents actes posés pour une gestion transparente de nos ressources pétrolières et gazières. Il cite sa décision d’adhérer «volontairement» à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie), le référendum de mars 2016 avec la constitutionnalisation des droits de propriété du peuple sur ses ressources naturelles, la création du comité Cos-Petrogaz et l’adoption du nouveau Code pétrolier. «Ce code introduit une plus grande transparence dans l’attribution des contrats pétroliers soumis à une procédure d’appel d’offres systématique, exclusivement réservé aux personnes morales et non aux personnes physiques, à l’opposé du code de 1998. Le Code pétrolier de 2019 renforce la participation de l’Etat dans le partage de la production en lui donnant, de plein droit, l’option d’accroitre jusqu’à 30% ses parts dans cette association», souligne le président de la République, qui précise que le code prévoit également un bonus de signature, une taxe à l’exportation, entre autres avantages.
«Ce pays ne sera pas un non man’s land…»
Pour toutes ces améliorations, Macky Sall estime que le nouveau code conserve l’attractivité de notre pays pour les investisseurs et sauvegarde, en même temps, les intérêts nationaux sur toute la chaine de valeur. Cependant, outre ces actes déjà posés, le chef de l’Etat annonce une loi en gestation sur la «répartition et l’encadrement des revenus futurs sur le pétrole et le gaz». Ce, pour assurer, une gestion durable et équitable de nos ressources, mais en réservant une part aux générations futures, à travers le Fonds intergénérationnel. Ainsi, pour une bonne gestion des ressources, le chef de l’Etat dit avoir déjà envoyé des missions en Norvège, en France… pour s’inspirer des meilleures pratiques en matière de gestion des ressources en hydrocarbures. Ainsi, soucieux de l’impact de ces ressources dans la vie du peuple, le chef de l’Etat de marteler : «je suis trop conscient de l’importance de ces actes qui engagent le présent et l’avenir de notre Nation, pour laisser le moindre hasard porter atteinte à ses intérêts vitaux. Ce n’est pas seulement une question de patriotisme, mais c’est aussi, pour moi, une obligation unique en tant que responsable suprême de l’Etat du Sénégal», fait remarquer le Président Macky Sall, pour justifier sa volonté de mettre le pays à l’abri des convulsions symptomatiques de l’exploitation du pétrole relevées dans certains pays. En effet, s’il a pris toutes ces précautions, c’est parce qu’il souhaite un Sénégal prospère dans la paix. «Je veux un Sénégal prospère dans la stabilité et la cohésion nationale. Ce pays ne sera pas un non man’s land, les droits des investisseurs seront respectés, tout comme les droits des nationaux. Tout notre travail est d’assurer cet équilibre permanent», renchérit le Président Macky Sall.
«Réclamer la maitrise de toute la chaine de valeur et les corps de métiers émanant de ce secteur si stratégique est de la pure prétention»
Dans son discours, le chef de l’Etat n’a pas manqué de solder ses comptes avec ceux qui s’érigent en experts dans ce secteur complexe du pétrole. «Le secteur du pétrole et du gaz est l’un des plus complexes au monde», rappelle-t-il. «Soyons réalistes, il n’y a pas un spécialiste qui peut, dans ce domaine, de façon sérieuse et honnête, réclamer la maitrise de toute la chaine de valeur et les corps de métiers émanant de ce secteur si stratégique. Ce serait de la pure prétention», fait-il remarquer. Fait-il allusion à Ousmane Sonko ? En tout cas, celui-ci avait annoncé qu’il n’y avait rien de complexe dans le pétrole. Au contraire, les autorités étatiques s’enferment dans ce discours pour que le peuple ne comprenne pas ce qui se passe. En tout état de cause, le chef de l’Etat, en tant qu’ingénieur géologue de profession, ayant fait une dizaine d’années à Petrosen, ancien Dg de la boîte et ministre du secteur, dit ne connaitre qu’un bout de ce qu’il considère comme une longue et complexe chaine aux ramifications multiples. A l’endroit de ceux qui, comme Abdoul Mbaye, accusent l’Etat de n’avoir pas préempté ses ressources, le Président Macky Sall considère que cette préemption est hors de portée du budget national. «L’exploitation et l’exploration du pétrole et du gaz nécessitent des investissements immenses qui sont hors de portée du budget national. Cela doit être clair dans les esprits. Les compagnies pétrolières qui s’y aventurent sont peu nombreuses et le secteur privé national, par la faiblesse de ses capacités financières et techniques, est aussi limité dans le domaine de l’exploration», informe-t-il.
Signature des décrets sans délai de la loi sur le contenu local
Toutefois, il est d’avis que le secteur privé national peut se rattraper avec toutes ces activités génératrices de revenus du secteur pétrolier et gazier. Cependant, il invite les acteurs à comprendre d’abord les opportunités pour mieux se préparer à y investir. Par ailleurs, le président de la République a décidé, au terme de cette concertation sur le contenu local, avec les conclusions issues de cette journée, de prendre, sans délai, dit-il, les décrets d’application de la loi portant contenu local. «Je veux que l’on avance en mode fast-track», dit-il.
Moussa CISS