Le clerc-huissier Oumar Ndaw, du cabinet Me Mintou Mboye Diop, a été trainé, hier, avec ses acolytes Samba Ngom, Saliou Mbodji, Papa Danfakha, Mame Seydina Omar Seck et Mayoro Farayola, devant la barre des flagrants délits de Dakar, pour association de malfaiteurs, usurpation de fonction, violation de domicile, violences et voie de faits et détention illégale d’arme. Ces prévenus, qui seront édifiés sur leur sort demain, avaient usé de la force pour expulser Souhaibou Diallo d’une maison sise à la Zone A appartenant aux héritiers de feu Awa Bathily. Ils encourent 1 an de prison dont 6 mois ferme.
Poursuivi devant le juge des flagrants délits de Dakar où il a comparu hier pour association de malfaiteurs, usurpation de fonction, violation de domicile, violences et voie de faits, le clerc-huissier Oumar Ndaw regrettera toute sa vie son acte. Dans cette histoire d’héritage, la partie civile Souhaibou Diallo occupe sans titre une maison sise à la zone A appartenant aux héritiers de feu Awa Bathily. Lorsque le sieur Diallo est allé en première instance avec ses antagonistes, une ordonnance rendue par le juge a acté son expulsion. S’arcboutant sur cette maison qui ne lui appartient pas, il a interjeté appel. L’arrêt rendu confirme la décision de la première instance. Ne s’avouant pas vaincu, il est allé devant le juge des référés sur difficultés et celui-ci a ordonné la continuité des poursuites. Ainsi, les dés étaient jetés pour lui qui, s’était permis de louer des appartements à des tiers.
C’est sur ses entrefaites que le clerc-huissier Oumar Ndaw, du cabinet Me Mintou Mboye Diop, prétendant avoir en sa possession un ordre d’expulsion, s’est accompagné de 5 nervis, à savoir Samba Ngom, Saliou Mbodji, Papa Danfakha, Mame Seydina Omar Seck et Mayoro Farayola, qui se sont introduits de force dans la maison de la victime pour procéder à son expulsion. Sur les lieux, Oumar Ndaw s’est présenté à la victime comme un huissier. Pire, ses nervis habillés en treillis, se sont présentés comme des agents de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip).
Le sieur Diallo appelle alors son avocat Me Adnane Yakhya, qui demande à parler à «l’huissier» mais, Oumar Ndaw refuse catégoriquement de prendre le téléphone. Pis, lorsque le commissaire de police du Point E a envoyé des éléments pour interrompre l’expulsion, il a catégoriquement refusé d’obtempérer.
Ses affaires ayant été sorties de son domicile sans son accord, le sieur Diallo a porté plainte pour association de malfaiteurs, usurpation de fonction, violation de domicile, violences et voie de faits et détention illégale d’arme, avant qu’ils ne soient tous interpellés. L’arme factice de Oumar Seck est alors mise sous scellés ainsi que la carte professionnelle d’Oumar Ndaw.
Souhaibou Diallo : «ils avaient des menottes»
Hier, face au juge des flagrants délits, Souhaibou Diallo, revenant sur les faits, a enfoncé les prévenus. «J’étais tranquillement couché dans ma chambre quand mon fils m’a dit de répondre à des hommes armés qui se trouvaient dans le salon. Ils avaient des menottes et des décharges électriques. C’est là qu’Oumar m’a fait savoir qu'il venait procéder à mon expulsion sur ordre du procureur, sans me montrer une quelconque décision de justice. Ils m’ont fait croire qu’ils étaient des agents de la Bip. Ils ont cassé tous les fauteuils et les chaises», a-t-il narré avant de se désister.
Le clerc Oumar Ndaw nie tout
Agé de 48 ans, Omar Ndaw, qui a fait 13 ans de service dans le cabinet de Me Mintou Diop, a tout récusé. Il dit n’avoir pas engagé des agents de sécurité, mais des manœuvres, pour faire sortir les bagages du plaignant. Le procureur lui rappelle alors qu’il n’a pas la qualité, ni le droit d’exécuter cette décision de justice. Aussi, le maitre des poursuites lui a confié qu’il n’avait pas besoin de recourir à des gros bras armés pour procéder à cette expulsion. C’est dans la même logique de dénégations que se sont inscrits ses acolytes Samba Ngom, Saliou Mbodji, Papa Danfakha et Mayoro Farayola ainsi que Mame Seydina Omar Seck qui est poursuivi pour détention illégale d’arme. Ils ont juré qu’ils étaient là-bas comme manœuvres.
Me Khassimou Touré assène ses vérités
Hélas, le procureur qui estime que ce genre d'acte doit être découragé, a requis 1 an de prison dont 6 mois ferme pour chacun. Pour la défense, Mes Babacar Ndiaye, Abou Abdoul Daff, Barro, Michel Ndong, Iba Mar Diop et Abdou Dialy Kane ont sollicité la relaxe, avant de demander une application bienveillante de la loi. Tranchant comme à son habitude, Me Khassimou Touré a vaillamment défendu son client. «Vous avez à juger un auxiliaire de la justice et non un criminel. Aujourd'hui, il a été déshabillé, humilié... Les ordonnances qui ont été rendues ont pourtant dit que Diallo est un occupant sans titre. Ce sont des décisions définitives parce qu'on ne nous a pas produit des pourvois en cassation. Oumar s'est présenté sur les lieux avec une ordonnance qui ordonne la continuité des poursuites. Le commissaire ainsi que le procureur n'ont rien à faire dans ce dossier. Ce dossier est né de frustrations parce qu’Oumar n'a pas voulu coopérer avec les intervenants. Ce PV chargé de cumuls d'infractions est négatif et il ne vous rend pas service, parce qu’il a été établi par le commissaire du Point E. On ne peut pas être juge et partie. Je pense que le droit est en train de prendre une pente dangereuse», a pesté Me Touré, qui a demandé une liberté provisoire rejetée par le parquet.
Au terme des plaidoiries, le délibéré a été fixé pour demain mercredi 3 octobre.
Fatou D. DIONE