La justice continue de subir les contrecoups des émeutes des 1er, 2 et 3 juin courant. Les morts, les blessés et les arrestations qui s’en sont suivis sont en train de donner un sacré coup à son bon fonctionnement. Les acteurs de la justice sont aujourd’hui plus que débordés, de même que les policiers et les gendarmes qui ne savent plus à quel commissariat et brigade de gendarmerie se vouer. Avec près de 500 personnes arrêtées et des informations judiciaires ouvertes pour le plus grand nombre, presque tout le monde met la main à la pâte. Des avocats sont mobilisés. C’est le branle-bas-de combat.
A la suite des manifestations des 1er, 2 et 3 juin courant, le Sénégal a enregistré 16 morts selon les informations de la police au moment où Amnesty international fait état de 23 morts, avec des dizaines de blessés. Mais, ce n’est pas seulement la conséquence des émeutes, car les forces de défense et de sécurité ont procédé à des arrestations tous azimuts. L’on parle de 500 personnes arrêtées. Et pour la grande majorité, elles encourent une information judiciaire. Conséquences, l’administration pénitentiaire est totalement débordée ; la cave du palais de justice est pleine à craquer avec une odeur pestilentielle qui risque de provoquer beaucoup de maladies, notamment la tuberculose. Dans des posts sur leurs pages Facebook, Me Khoureyssi Bâ tout comme son confrère Me Amadou Aly Kane avaient déploré les conditions dans lesquelles se trouvaient les centaines de personnes interpellées et conduites à la cave en attendant de voir le Procureur ou le juge d’instruction. «Ils n’ont pourtant pas arrêté d’arrêter», a affirmé, sur un ton un peu ironique, Me Amadou Diallo d’Amnesty International Section Sénégal. Ces interpellations intempestives, en plus d’encombrer les juges d’instruction qui ont dépassé depuis fort longtemps les 500 dossiers, constituent un véritable problème pour la police et la gendarmerie. Car, tous ceux qui font l’objet d’un retour de Parquet doivent être gardés quelque part. Il faut alors tourner en rond et chercher un commissariat pour garder les mis en cause le temps qu’ils passent la nuit et pouvoir rencontrer le Procureur le lendemain.
S’agissant de l’administration pénitentiaire, elle est en train également de s’organiser afin de pouvoir recueillir les éventuels prisonniers.
C’est le même souci, en réalité, chez les avocats. Selon nos informations, Me Ibrahima Mbengue a réussi la prouesse de convaincre quelques avocats, surtout les jeunes, afin d’assister les personnes interpellées notamment les mineurs. Ces robes noires pourraient être payées plus tard par Amnesty International. On n’est pas encore édifié sur comment ils seront payés et qui va leur payer les honoraires. D’autres avocats ont été constitués par les familles des victimes ou les familles des manifestants interpellés. En fait, si les arrestations se poursuivent, même les avocats risquent d’être submergés et peut-être ne recevront plus de clients de ce genre. Quoiqu’il soit difficile pour eux de renoncer à l’argent.
Alassane DRAME