L’arrestation et le placement en garde-à-vue de son employé par la gendarmerie de Saly, alors qu’il était envoyé pour superviser des travaux à Mbour, a mis l’architecte Ousseynou Faye dans tous ses états. En effet, l’architecte ne comprend pas qu’on puisse demander aux gens d’apprendre à vivre en présence du virus et de les empêcher de circuler dans le cadre de leur profession. «Nous avons une profession d’intérêt et d’utilité publics, il faut qu’on aille superviser nos travaux», sérine-t-il.
Si les chauffeurs n’en peuvent plus de vivre dans la précarité suite à l’interdiction du transport interurbain, au point de déverser leur trop-plein de colère dans les rues de différentes localités du pays et faire face aux forces de l’ordre, ce spectacle désolant, en cette période de pandémie du Covid-19, risque de se propager dans d’autres secteurs d’activités. En effet, avec l’impact réel de la pandémie dans presque tous les secteurs d’activités, nombreux sont ceux qui tentent de survivre au confinement partiel. Ce, d’autant plus que le chef de l’Etat, dans son adresse à la Nation du 11 mai dernier, avait invité les Sénégalais à apprendre à vivre en présence du virus. En d’autres termes, il faut continuer de travailler tout en respectant les mesures barrières pour éviter la propagation du virus. Cependant, pour les architectes, cette invitation au plus haut sommet de l’Etat relève de l’utopie puisqu’ils sont traqués et parfois placés en garde-à-vue, dans le cadre de l’exécution de leur travail, par les forces de l’ordre. L’architecte Ousseynou Faye en a vécu, hier, l’amère expérience. Après avoir envoyé un de ses techniciens superviser un chantier à Mbour, celui-ci a été interpellé par les éléments de la gendarmerie de Saly avant d’être placé en garde-à-vue. Une situation qui a courroucé l’architecte qui n’a pas manqué d’avoir un coup de sang. «Trop, c’est trop ! On ne peut pas dire aux gens de travailler et les empêcher de circuler. Les architectes évoluent sur toute l’étendue du territoire national. Nous avons une profession d’intérêt et d’utilité publics ; nous avons des chantiers partout et il faut qu’on aille superviser les travaux», fulmine l’architecte qui rappelle, dans la foulée, que leur expertise peut être sollicitée à tout moment à travers le territoire national, notamment en ce qui concerne les nombreux bâtiments qui menacent ruine et relevant du public comme du privé. Pourtant, en dépit de toutes ces tracasseries dont ils font l’objet, les architectes, dans le cadre de leur travail, ajoute M. Faye, ont pris toutes les dispositions pour mettre leurs employés sur le terrain dans des conditions de sécurité et de respect des mesures barrières. Cependant, pour mettre un terme à ces restrictions qui empêchent les architectes de travailler, Ousseynou Faye invite l’Etat et le ministère de l’Intérieur à permettre au président de l’Ordre des architectes de pouvoir délivrer des attestations aux architectes et à leurs employés afin qu’ils puissent circuler librement et superviser leurs chantiers partout au Sénégal. A l’en croire, à l’image de l’Ordre des avocats ou des médecins, l’Ordre des architectes qui est aussi une profession libérale doit pouvoir bénéficier des mesures d’assouplissement.
M. CISS