Comme un accouchement, la victoire des Lions a été laborieuse et douloureuse et la délivrance n’a été définitive qu’au sifflet final de l’arbitre Tessema, quelque peu dépassé par une partie folle. Entre Sénégalais et Tunisiens, si l’avant match a été quelque peu houleux, les 120 mn qu’a duré la rencontre ont donné des haut-le-cœur aux supporters des deux équipes, tant la valse a fait balancer les palpitants dans les poitrines. Deux pénaltys ratés, un de chaque côté, une but, un seul, marqué contre son camp par le jouer tunusien, une faute de main de Gana, sifflé comme pénalty puis annulé par la Var, c’était franchement intenable. Mais, au bout de la longue épreuve, les Lions s’en sortent avec beaucoup de baraka. Ainsi, dans les confrontations avec la Tunisie, dont le quart de finale de Rades en 2004 est resté en travers de la gorge des El Hadji Diouf et Cie, les pendules sont désormais à l’heure, puisque le Sénégal égalise à 7 victoire partout. Certainement que, de leur côté, les Aigles de Carthage garderont dans un coin de leur mémoire cette demi-finale du Caire qu’ils ont perdue sur un coup de dé. En tout cas, les Lions doivent vite oublier cette rencontre et se concentrer sur cette seconde finale de la Can de leur histoire, qu’ils disputeront vendredi prochain. Ce sera, ironie du sort, contre les Fennecs d’Algérie. En effet, Lions et Fennecs avaient partagé le groupe C dont ils étaient les deux favoris. Dans leur opposition à l’allure de finale dans ce groupe, l’Algérie avait pris le dessus par un but à zéro. Et jusqu’à cette finale que les deux pays disputeront vendredi, le Sénégal n’a plus perdu de match, ni encaissé de but. Esprit revanchard des Lions contre ascendance psychologique des Fennecs ? Cela pourrait se susurrer, mais la réalité du terrain prévaudra, quel que soit l’esprit qui habitera les acteurs et leurs deux coachs à l’entame de cette apothéose du football africain. Les Lions, on se le rappelle, n’ont jamais voulu porter la tunique de favoris qu’on leur collait, même si le Sénégal est toujours première nation africaine de football, à l’aune de la Fifa. Désormais, à la porte d’une possible consécration, Aliou Cissé et ses boys ne doivent pas se départir de leur humilité, mais leur envie de vaincre doit être forcément décuplée. Il leur faut penser à toutes ces génération qui les ont précédés et qui, soit n’ont jamais accédé à ce niveau malgré leur qualité, soit ont perdu la seule finale jouée par le Sénégal, en 2002. L’Algérie reste un sacré client, mais, dans une finale, tout peut arriver et, comme on dit, on ne la joue pas, on la gagne.
Mansour CAN