La situation est très tendue au Caire en Egypte depuis quelque temps. Lundi, dès les premières heures de la matinée, les étudiants sénégalais établis dans ce pays ont assiégé les locaux de l’ambassade du Sénégal. Ce qu’ils dénoncent, c’est la dégradation de leurs conditions de vie dans ce pays arabe. Soutenant que l’ambassadeur est le responsable de tous leurs maux, ils réclament sa tête.
Les étudiants sénégalais établis au Caire sont dans un désarroi total. Et ils l’ont fait savoir dans un réquisitoire. En effet, d’après ces étudiants de langue arabe envoyés par l’Etat du Sénégal, ce qu’ils réclament aujourd’hui, c’est l'exigence de savoir établir une équivalence entre le Bac arabe officiel du Sénégal et celui qui permet d'entrer dans les universités égyptiennes, particulièrement Al-Azhar, l'attribution de bourses aux étudiants ayant rempli les conditions nécessaires, le renouvellement de leurs passeports mais encore le départ de l’ambassadeur. «Une délégation du Bureau des bourses à Paris, dirigée par son président, Moïse Sarr (ndlr : nouveau secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur), est venue rencontrer les étudiants au Caire pour les informer des réformes rétablies par le ministère de l'Enseignement supérieur dans l’attribution de bouses. Pour rappel, ces réformes visaient à arrêter d'envoyer dans les pays arabes des étudiants n'ayant pas obtenu le Bac-Arabe de l’État, annuler le billet de retour des étudiants étant restés dans le pays d'étude plus d’un an après l'obtention de leur diplôme, réduire le nombre de bourses d'études accordées par Al-Azhar Al-Sharif au gouvernement sénégalais de 25 à 5 par an et annuler la bourse secondaire», se rappellent-ils
Mais, malheureusement, malgré les promesses faites par les autorités sénégalaises et leur insistance à déclarer que le problème était résolu, rien n’a jusqu’à présent été mis en œuvre. «Jusqu’à présent, il n’y a pas d'équivalence entre le Sénégal et l'Université d'Al-Azhar ; ce qui fait que les étudiants, arrivés au Caire avec leur baccalauréat, reconnu par l’État, sont obligés de subir un test de placement pour ensuite être réorientés au lycée ou parfois au collège. Ils ne pourront enter à l’université qu’après l’obtention du Bac d’Al-Azhar. Ce qui constitue un problème qui pourrait être réglé si l’équivalence existait. En plus, ces étudiants ne pourront pas bénéficier de bourses pendant ce temps», se désolent-ils.
Un autre problème se pose pour les étudiants sénégalais établis au Caire. C’est celui des bourses. En effet, d’après ces derniers, un grand nombre d'étudiants ne bénéficient pas de bourse, alors qu’ils remplissent les conditions exigées par les nouvelles réformes : «Ils ont déposé leurs dossiers et fourni tous les documents demandés, mais leurs demandes ont été rejetées, pour des raisons qui n’ont jamais été expliquées par le Bureau des bourses à Paris. C’est un problème qui doit être réglé le plus rapidement possible».
Le renouvellement des passeports est souvent un grand problème
«Plusieurs Sénégalais souffrent de l’expiration de leurs passeports. D’aucuns ont été victimes d’expulsion sous les yeux de l’ambassadeur. Parfois, c’est lui-même qui les dénonce aux autorités égyptiennes pour qu’ils soient expulsés. Ce ne sont pas des accusations gratuites, nous avons des témoins. La dernière fois que la Commission de renouvellement de passeport est venue au Caire, c’était en 2017. Les Sénégalais sont obligés de se rendre à Dakar pour avoir un nouveau passeport».
Face à tous ces problèmes qui perdurent, ils exigent le départ de l’ambassadeur. «À observer les choses en face, nous nous disons avec la grande désolation qu’il y a véritablement un gaspillage de compétence», s’offusquent-ils. «Un bon ambassadeur, pouvant nous aider à bien faire nos études et représenter la communauté sénégalaise, tout en travaillant pour démontrer notre culture dans la scène internationale, c’est l’un de nos souhaits les plus importants», terminent-ils.
Khadidjatou DIAKHATE