À Enampore, l’ancienne ministre brise le silence et dénonce la spirale des arrestations, les dérives verbales et l’absence de réponses aux urgences nationales.
Sous le haut parrainage d’Aminata Angélique Manga, la finale de la Coupe du Roi du Mofovi, disputée ce week-end à Enampore, a été bien plus qu’un simple rendez-vous sportif. L’ancienne ministre a profité de l’événement pour livrer un discours sans concession sur la situation politique et sociale du Sénégal, appelant les dirigeants à “sortir des querelles stériles” et à se concentrer sur les véritables urgences.
« La violence engendre la violence »
Dans une ambiance festive mais chargée d’émotion, Aminata Angélique Manga a d’abord salué la jeunesse locale et félicité l’équipe victorieuse d’Enampore. « C’était un très beau match. Comme tout match, il faut un vainqueur et un vaincu. Enampore n’a pas démérité, car cette équipe a disputé trois finales en moins de deux semaines. Ce n’était pas évident. Mais aujourd’hui, elle a été tout simplement meilleure et mérite amplement sa victoire. »
Très vite, le ton a changé lorsqu’elle a abordé la situation politique nationale. L’ancienne ministre a dénoncé une atmosphère délétère où les arrestations et gardes à vue se multiplient, mettant à mal les principes démocratiques. « L’actualité politique est minée par des emprisonnements et des gardes à vue. C’est pathétique d’en arriver là dans le Sénégal de Senghor, d’Abdou Diouf, d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall. On ne devrait pas en être là, et je le dénonce avec la dernière énergie », a-t-elle martelé.
Pour un retour à la raison politique
Très incisive, Aminata Angélique Manga a mis en garde contre une dérive dangereuse dans le débat public. « Il serait dangereux de substituer la présomption d’innocence à la certitude de culpabilité. Pourquoi un fonctionnaire ne pourrait-il pas être milliardaire ? Quelle loi l’interdit ? »
Elle a appelé l’ensemble de la classe politique, tous bords confondus, à rompre avec la surenchère verbale et à éviter d’ « installer les populations dans une spirale de violence. La violence engendre la violence. Il faut que cela cesse. »
« Le peuple a faim, il attend des solutions »
Pour l’ancienne ministre, le véritable combat se joue ailleurs, dans la résolution des défis économiques et sociaux pressants. « Les urgences nationales sont là, les inondations à Bakel et Kanel, la rentrée scolaire difficile, le coût de la vie élevé et le chômage galopant », a-t-elle rappelé.
Elle a dressé un tableau sans fard de la situation des ménages sénégalais. « Les parents d’élèves sont épuisés, les prix sont exorbitants, le peuple a faim. Pendant ce temps, ceux qui dirigeaient hier accusent ceux qui gouvernent aujourd’hui, et inversement. Mais le peuple, lui, attend des solutions. »
Dans un message direct au gouvernement en place, elle a conclu sans ambages, « il faut que les Sénégalais sentent qu’ils ont un gouvernement. Ceux qui sont aujourd’hui aux affaires doivent arrêter de se plaindre et se mettre au travail. »
Un appel à la responsabilité collective
En rompant le silence sur la situation politique, Aminata Angélique Manga rappelle que la stabilité du pays repose sur la responsabilité partagée des acteurs politiques. Depuis Enampore, son message résonne comme une mise en garde et un appel à la raison, tourner la page des règlements de comptes pour affronter, ensemble, les défis urgents du Sénégal.
BMS













