À l’Assemblée nationale, samedi, dans le cadre du Débat d’orientation budgétaire, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a été interpelé par les députés sur l’affaire Prodac qui défraye la chronique depuis quelque temps. En guise de réponse, Amadou Ba a déclaré qu’il était possible qu’il y ait eu des manquements au niveau du ministère des Finances, même si, jusque-là, rien ne donne à le penser. Le ministre en a profité pour aborder les relations qu’il a avec son collègue du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
C’est Aida Mbodj qui a soulevé la question, lors du Débat d’orientation budgétaire. Désignant l’affaire par l’acronyme «Prodacgate», l’ex-ministre de la Femme a noté, à l’endroit d’Amadou Ba, que les députés étaient en droit de connaître la vérité. «Si à travers le rapport de la Commission des finances, vous nous avez servi une réponse laconique, qu’on peut qualifier de diplomatique, votre collègue actuel ministre en charge du Tourisme vous a attaqué. Lui vous a attaqué sans équivoque, en vous citant pour vous charger gravement. Alors, Monsieur le Ministre, la Représentation nationale n’est-elle pas en droit d’entendre votre part de vérité relativement à ce dossier ?», a lancé l’ancien maire de Bambey, notant que plus que la part de vérité du ministre, ils (les députés) attendent la vérité tout court.
Moustapha Guirassy s’y est aussi mis. Selon lui, le gouvernement du Sénégal a cessé d’entendre les complaintes de son peuple. Il a fait le rapprochement entre la pauvreté «en croissance» et la «politisation des projets et programmes», ce qui vise les élections. «Et pour l’affaire Prodac, je dois dire que j’ai très mal pour ces jeunes. Ces milliards qui devait créer de l’emploi pour les jeunes… aujourd’hui, silence radio», s’indigne-t-il.
Ainsi reprenant la parole, Amadou Bâ de préciser d’emblée que «honnêtement, très humblement», c’est une question sur laquelle il ne voudrait pas s’exprimer. Parce qu’il souhaite rester un haut fonctionnaire, un grand commis de l’État. «Ce projet, dans la pratique, ne souffre pas de grandes difficultés, comme on le pense ou comme on le sent. Non. Il faut être honnête et j’ai aussi l’obligation de solidarité dans le gouvernement», explique l’argentier de l’État du Sénégal.
«Il y a eu fuite dans les rapports provisoires, mais…, ce n’est pas au niveau du ministère des Finances»
Poursuivant, il explique : «lorsque le ministre a senti qu’il y avait des difficultés, c’est lui qui a pris l’initiative de nous saisir». Ensuite, il reconnait : «il y a eu fuite dans les rapports provisoires». Avant d’expliquer : «mais, ça aussi, ça existe dans tous les États et c’est aussi vieux que le monde. On voit souvent dans la presse des Pv de police. On l’a vu aux États-Unis avec Wikileaks». «Il est possible qu’il y ait eu des manquements au niveau du ministère des Finances, mais, à la date d’aujourd’hui, les informations en ma possession laissent penser que ce n’est pas au niveau du ministère des Finances», assure Amadou Ba.
«Mame Mbaye Niang a toute ma solidarité en tant que membre du gouvernement. Aussi, je le considère comme un jeune frère»
Mais, s’il en est ainsi, c’est parce qu’un rapport provisoire est donné à l’ensemble des acteurs qui sont cités. «Ça peut être un simple fournisseur, ça peut être un prestataire, ça peut être un agent de l’État. Maintenant, le rapport définitif, il vient de sortir. Je viens de le recevoir. Il n’est pas encore exploité. Donc, je ne peux pas, aujourd’hui, me fier sur ces informations», dit-il. Et de terminer : «en tout cas, le collègue a toute ma solidarité en tant que membre du gouvernement du Sénégal. Aussi, je le considère comme un jeune frère. En tout cas, c’est la qualité des relations que nous avons toujours eues. C’est un dossier qui suit son court».
Sidy Djimby NDAO