20 ans de travaux forcés, c’est la peine qu’a requise le procureur Saliou Ngom à l’encontre du marchand Aïdara Chérif Mouhamed Traoré dit Aïdara qui, le 22 août 2013, avait poignardé à mort, à 4 endroits du corps, son ami Pape Mbaye Ndong, qui lui avait reproché d’avoir voulu passer un moment dans sa chambre avec sa copine. L’accusé, après 5 ans de détention préventive, a comparu hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour assassinat et détention d’arme blanche sans autorisation. Verdict le 17 août prochain.
En détention préventive depuis 5 ans, le marchand Aïdara Chérif Mouhamed dit Aïdara a comparu, hier, face au juge de la Chambre criminelle de Dakar pour assassinat et détention d’arme blanche sans autorisation administrative. Il encourt 20 ans de travaux forcés, si les réquisitions du parquet son appliquées à son encontre. Décrit par son propre père comme un homme violent et déchainé, en plus d’être un adepte de l’alcool, cet accusé âgé aujourd’hui de 33 ans a confirmé le témoignage fait par son papa, le jour où il a attenté à la vie de son ami Pape Mbaye Ndong qui avait 33 ans au moment des faits.
Il voulait passer du bon temps avec sa copine dans la chambre de sa copine
Sur les faits, le 22 août 2013, Aïdara, qui était en compagnie de sa copine, Awa Cheikh Yaba Diop s’était rendu au domicile de son ami Pape Mbaye Ndong qui se trouvait au travail, histoire d’être en intimité dans la chambre de ce dernier. Cependant, lorsqu’il a voulu accéder à ladite pièce, Aïdara a été stoppé net par la mère de sa victime, qui l’a chassé après lui avoir expliqué que sa maison n’était pas un lieu de débauche. Au retour de son fils, la dame lui a fait des reproches concernant le comportement d’Aïdara.
Il a poignardé sa victime au cou, à l’épaule gauche, au nez et sur l’arcade gauche
Ainsi, à son tour, Pape Mbaye Ndong a fait des remarques à Aïdara. Des remarques que ce dernier n’a pas bien appréciées. Conséquence : ils en sont venus aux mains. Ne pouvant toujours pas digérer sa colère, Aïdara s’est emparé d’un couteau de cuisine chez lui et, par surprise, en a administré 4 coups à différents endroits du corps (le cou, l’épaule gauche, le nez et sur l’arcade gauche) de Pape Mbaye Ndong, à l’issue d’une vive altercation. Sa victime gisant sur le sol, Aïdara a pris la clé des champs avec l’arme du crime qu’il a cachée dans sa maison.
Sentant ainsi la gravité des faits, Aïdara est allé se cacher à Pikine au domicile de sa grand-mère pour se soustraire à la justice. Il a été finalement interpellé lors d’un contrôle par les éléments de Thiaroye. Entendu lors de l’enquête, il a nié les faits, en soutenant qu’il voulait blesser Pape Mbaye Ndong et non le tuer.
Son ex-copine disculpe la victime
A la barre de la Chambre criminelle, l’homme au passé pénal chargé a réitéré les mêmes dénégations, sauf que, cette fois-ci, il a affirmé avoir détenu le couteau pour se défendre lorsqu’il a été malmené par la victime. Mais, précise-t-il, le couteau a touché la victime par inadvertance au cours de la mêlée, mais qu’il n’avait pas l’intention de le tuer. Selon l’ex-copine de l’accusé, Amy Cheikh Yaba Diop, qui avait pourtant déclaré à l’enquête que son amant était un homme jaloux, qui l’enfermait souvent dans une chambre toute une journée durant, elle a varié en attestant qu’il n’était pas agressif, même s’il buvait de l’alcool.
La femme de la victime réclame 4 millions, la mère de son autre fils demande 5 millions
Le père de la victime, qui a affirmé que l’accusé a surpris son fils avant de le poignarder à mort, n’a pas réclamé de dommages et intérêts. Mais Seynabou Diallo, l’épouse du défunt avec qui il a eu un enfant, a demandé 4 millions. De même que Mame Binta Mbaye, avec qui la victime a eu un autre enfant, qui a réclamé 5 millions de dommages.
Le procureur demande 20 ans
Faisant ses réquisitions, le procureur Saliou Ngom a argué que l’assassinat est prémédité et que la culpabilité de l’accusé coule de source. Selon lui, les coups ont été administrés par surprise sur des parties sensibles du corps. Sur ce, le parquetier a requis qu’il soit condamné pour assassinat et détention d’arme blanche sans autorisation, avec une peine de 20 ans de travaux forcés.. De l’avis de Me Ndèye Fatou Sarr de la défense, son client n’est pas initiateur de la bagarre, mais c’est la victime qui est allée vers lui. De ce fait, dit-elle, il n’y a pas eu préméditation dans cette affaire. Sollicitant la disqualification de l’assassinat en coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, en lui faisant une application bienveillante de la loi, elle a aussi souhaité l’acquittement sur la détention d’arme sans autorisation administrative. Le délibéré est fixé au 17 août 2018.
Fatou D. DIONE