Contrairement à la remarque selon laquelle les Africains n’ont pas de capacité d’indignation, l’ancien Directeur général de la Sonatel, Alioune Ndiaye estime que si la Sonatel a aujourd’hui réussi, c’est parce qu’il y a eu la capacité d’indignation de tous les acteurs, syndicalistes comme le corps managérial. Une révélation faite lors de la cérémonie de dédicace du livre de Mamadou Aïdara Diop intitulé «Sonatel : le fleuron technologique de l’économie numérique sénégalaise et africaine».
L’ancien représentant du personnel au Conseil d’administration de Sonatel, Mamadou Aïdara Diop, a procédé hier à la séance de dédicace de son livre intitulé : «la marque Sonatel, le fleuron technologique de l’économie numérique sénégalaise et africaine», en présence des anciens DgAlassane Daly Ndiaye et Alioune Ndiaye ainsi que différentes figures syndicales qui ont marqué la société de téléphonie. Le livrerevient, entre autres, sur la création de la Sonatel, les difficultés rencontrées, les réalisations en termes d’investissement, de capital humain, etc. En somme, après près de 35 ans à la Sonatel, il a capitalisé et a voulu partager avec les générations actuelles toutes les péripéties traversées à l’intérieur de la Sonatel. A l’en croire, si la Sonatel est devenue aujourd’hui une entreprise internationale avec une présence dans cinq pays, c’est parce quel’expertise locale s’est exprimée de manière brillante. Le livre revient également sur la balkanisation de la Sonatel après que l’Etat a décidé de séparer les télécoms et les postes. Les syndicats, rappelle-t-il, avaient rué dans les brancards pour dire non. Mais la réforme, dit-il, était arrivée à maturité avec l’organisation des journées sénégalaises des télécoms en 1983. «Tous les cadres des télécoms et des postes de Telesénégal s’étaient réunis pendant trois jours et ont formulé des recommandations sur les orientations à prendre. C’est à ce moment qu’il y a eu la première révolution et la création de Sonatel», annonce l’auteur du livre.
Si la Sonatel a réussi …
Présent à la cérémonie, l’ancien Directeur général de la Sonatel, Alioune Ndiaye, a levé le voile sur le succès de la société de téléphonie. «Si Sonatel a réussi, c’est parce qu’il y a eu de la capacité d’indignation de tous les acteurs ; des secrétaires généraux des syndicats, le management aussi qui a défendu sa position. C’est bien que tout le monde comprenne cette dynamique», fait remarquer l’ancien patron de la Sonatel. Cette clé du succès est d’autant plus importante à ses yeux que beaucoup de ses amis européens et anglophones s’interrogent sur le fait que les Africains n’aient pas de capacité d’indignation, notamment avec certains présidents qui s’éternisent au pouvoir pendant 40 ans sans que cela n’émeuve personne. Ce qui lui fait dire que les jeunes peuvent apprendre de ce livre et comprendre en quoi l’expérience de Sonatel peut servir à d’autres. «Il faut qu’on reconnaisse que c’est un modèle dont on devrait s’inspirer. Malheureusement, ce n’est pas encore totalement le cas dans tous les domaines d’activités dans nos différents pays», se désole de constater Alioune Ndiaye.
Des rapports tendus avec les syndicalistes …
En effet, la réussite de cette entreprise est née d’une vision de l’Etat que les dirigeants ont incarné et mis en œuvre. C’est aussi le fait, dit-il, qu’on avait foi en le capital humain. Poursuivant, il est revenu sur ses rapports avec les syndicalistes les secrétaires généraux des syndicats de la Sonatel. «Des rapports qui étaient des plus tendus au début parce qu’on se disait la vérité. C’était tendu, dur avec les syndicalistes Gabou, Ibrahima Konté, Mamadou Aïdara. Je me rappelle qu’on a passé des nuits blanches avec Aïdara pour négocier les accords d’entreprise à Wagane Diouf. Mais finalement, ce sont des gens (les secrétaires généraux) pour qui j’ai énormément de respect», admet-il.
En outre, il est aussi revenu sur sa nomination à la tête de la Sonatel en 2012. «Ibrahima Konté m’a appelé en 2011 en me disant qu’il voulait me voir au Mali. Il m’a dit qu’il voulait qu’on discute de l’avenir de Sonatel. Il m’a demandé si j’étais candidat pour être Dg de Sonatel. J’ai répondu par la négative. Il m’a ensuite demandé de réviser ma position pour l’intérêt de Sonatel et du Sénégal. Être directeur de Sonatel m’a fait comprendre qu’il y a des gens dans l’entreprise qui ont des slogans patriotiques et qui y croient. Des gens qui sont véridiques, qui ne te font pas de louanges ; des gens qui sont fiables», témoigne l’ancien patron de la Sonatel.
M. CISS












