Aliou Sall est en colère et il ne fait pas la fine bouche quand il parle des événements de mars dernier et les développements qui ont suivi cette affaire. Le président de l’Association des maires du Sénégal et petit-frère du président de la République, parlant des événements de mars dernier dans son allocution, tonne que l’on semble valider toutes les caractéristiques d’une République à la périphérie de la République sans que cela n’émeuve nullement.
A l’occasion de de l’Assemblée générale d’informations sur les politiques publiques initiée par l’Association des maires du Sénégal (Ams), Aliou Sall, n’a pas manqué cette occasion pour tancer l’opposition, les activistes et la société civile en général. Sur un ton ferme et frontal, il largue ses missiles sans pour autant citer nommément ces cibles. «Nous voilà encore réunis au lendemain d’une séquence malheureuse de notre pays. Nous avons tous été témoins de manifestations de rue et d’un déchainement de passion morbide, d’une violence telle qu’on n’en a oublié le fait divers hideux et la surenchère verbale qui en ont été les facteurs déclencheurs. Il aura fallu toute la clairvoyance et la responsabilité de nos gouvernants, la retenue de nos forces de l’ordre ainsi que la sagesse de nos autorités morales mise au service exclusif de l’intérêt national, pour éviter à notre pays de basculer irrémédiablement dans le chaos», fait-il savoir.
Toutefois, il n’a pas raté le leader de Pastef sans le citer. «La surenchère malsaine et maladroite, nous la laissons aux adeptes du populisme. Les propagandistes de bas étage et maitres du rejet de tout, ces étrangleurs barbares, comme le dirait l’autre, dont le fonds de commerce consiste à tirer parti des situations de précarité des populations pour s’ériger en homme providentiel tout droit sorti de la cuisse de Jupiter. Ces hommes providentiels, ces hommes au pouvoir messianique, l’histoire du passé et celle du présent nous les ont montrés dans l’exercice de leur sport favori et sous leur vrai visage. Et ce n’est pas toujours beau à voir». Il poursuit pour alerter et rappeler les pays de la sous-région qui ont vécu cette situation à laquelle le Sénégal a miraculeusement échappé. «Beaucoup de pays en ont fait l’amère expérience et continuent de payer le lourd tribut à leurs élucubrations et à leurs lubies dévastatrices. Et ce, vêtus qu’ils sont des emblèmes pour ne pas dire des masques de la politique, de la démocratie, de la justice, de l’équité, de la transparence, de la religion aussi qu’ils passent entre les coudes et sévices sans scrupules» peste le maire de Guédiawaye.
Pour Aliou Sall, le Sénégal commence à perdre son titre d’exemple en Afrique. «L’exception sénégalaise est en train de devenir l’anomalie sénégalaise où les institutions sont désacralisées voire foulées aux pieds, où la justice est vouée aux gémonies et défiée sans conséquence aucune, où l’on appelle à l’insurrection et au Mortal Kombat en toute impunité, où l’on préconise et se félicite de casser les mairies, les édifices publics, de brûler des domiciles de personnalités et parfois même de simples citoyens anonymes, où une certaine présence étrangère n’est plus à l’abri de la furie destructrice de fanatiques, où au nom de causes obscures l’on ne se retourne même plus pour prier sur les morts. Bref, on semble valider toutes les caractéristiques d’une République à la périphérie de la République, sans que cela n’émeuve nullement. Ce n’est pas ce Sénégal-là que nous aimons, ce n’est pas ce Sénégal-là que nous voulons. La crise de confiance n’exclut pas tout», conclut le maire de Guédiawaye.
Baye Modou SARR