Les coupures du courant et les délestages intempestifs menacent de revenir en force, si la Senelec ne sort pas rapidement de l’ornière des créances non recouvrées, sur l’Etat et les collectivités locales, pour un montant global de 235 milliards, tel que révélé par le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité, Souleymane Souaré. La centrale à charbon de Sendou, qui doit venir en appoint, est assoiffée par la pénurie d’eau ambiante, d’où un risque plus grand.
La période chaude de l’année est considérée comme celle d’une grande consommation d’électricité. Ce qui, au Sénégal, est allé pendant longtemps de pair avec coupures intempestives et délestages. Jusqu’à ces dernières années où un mieux notable a été relevé par les consommateurs, grâce à une politique de mix énergétique qui a boosté la production. Mais, aujourd’hui les craintes reprennent le dessus, avec les alertes lancées par le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité, Souleymane Souaré, sur la Rfm. Selon le syndicaliste, la société nationale d’électricité (Senelec) risque de ne plus être en mesure d’acheter le fuel nécessaire auprès de la Société africaine de raffinage, son principal fournisseur. En cause, une raréfaction des moyens financiers à la Senelec. Mais également, la centrale à charbon de Sendou, grosse consommatrice d’eau, est en train de subir la pénurie d’eau qui frappe la capitale sénégalaise.
235 milliards dus par le service public entre subvention et factures échues
«Nous avons d’énormes difficultés pour récupérer la compensation tarifaire due à la Senelec et qui s’élève à presque 100 milliards. Nous avons aussi des difficultés dans le recouvrement des factures échues, dues par l’Etat, de l’ordre de quelque 26 milliards. Nous avons des difficultés pour le paiement des factures dues par les collectivités locales, presque du même montant que la facture de l’Etat. Au total, c’est dans l’ordre de 235 milliards qui sont dus aujourd’hui à la Senelec», énumère le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’électricité. A en croire ce dernier, ces difficultés financières pourraient bien plomber le redressement de Senelec. «Et à coup sûr, par effet de dominos, cela va avoir des conséquences sur le paiement des factures d’approvisionnement en fuel à la Sar», alerte-t-il, non sans préciser : «si Senelec n’est pas approvisionnée correctement, il y aura probablement des coupures et des délestages sur le réseau, par ces temps de canicule».
La centrale à charbon de Sendou subit la pénurie d’eau
Souleymane Souaré d’attirer l’attention des autorités sur les risques liés à cette situation de marasme financier à la Senelec et de tirer la sonnette d’alarme. Et un malheur ne venant jamais seul, le syndicaliste évoque une autre difficulté. «Il s’y ajoute que, actuellement, nous avons une centrale qui devait être mise en service, qui est la centrale à charbon de Sendou, laquelle a besoin de 30.000 litres d’eau par jour pour pouvoir fonctionner. Et malgré les essais qui ont été concluants, avec la pénurie d’eau actuelle, il va s’avérer difficile de pouvoir mettre en service cette centrale, qui, normalement, devra contribuer à la fourniture correcte par Senelec pendant cette période de pointe».
La balle est désormais dans le camp des autorités publiques, dont la responsabilité est engagée dans le versement de la subvention tarifaire et l’apurement de la dette de l’Etat vis-à-vis de la Senelec. Et comme une Loi de finances rectificative a été récemment adoptée, la dette aux entreprises a dû être prise en compte et la Société d’électricité ne doit pas être la dernière roue de la charrette, même si les entreprises de Btp sont privilégiées à cause des grands chantiers du Président Macky Sall.
Mansour KANE