A la suite de l’accusation dans cette affaire dite de «faux médicaments», c’est au tour de la défense des personnes impliquées, constituée dans un collectif d’avocats, de monter au créneau pour livrer leur part de vérité dans cette affaire. Contrairement à l’enquête qui parle de faux médicaments, Me El Hadj Diouf parle de dispositifs médicaux et défie le ministre de la Santé et la Direction de la pharmacie nationale de prouver l’existence d’un seul médicament dans l’entrepôt. A l’en croire, c’est un complot pour casser une entreprise au profit d’une autre.
Suite à l’affaire dite des «faux médicaments» saisis dans un immeuble à la Patte-d’oie, à l’origine de l’interpellation de deux ressortissants chinois, de leur cuisinier et d’un pharmacien, en l’occurrence Aliou Ba pour les délits d’association de malfaiteurs, fabrication, contrefaçon et trafic de produits médicaux, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux, mise en danger de la vie d’autrui, exercice illégale de la profession de pharmacien, contrebande et complicité, les avocats constitués pour le compte des mis en cause ont fait face à la presse, hier, pour démonter l’accusation et livrer leur part de vérité dans cette affaire. Il s’agit de Me El Hadj Diouf, Me Amadou Aly Kane, Me Aboubacry Barro et Me Alassane Diallo. D’emblée, Me El Hadji Diouf a déploré l’arrestation de ses clients, présentés, dit-il, comme de «vulgaires bandits», avant de contester l’existence des faux médicaments. «Pour qu’il y ait faux médicaments, il faudrait qu’il y ait d’abord des médicaments», précise l’avocat qui révèle qu’il s’agit plutôt de dispositifs médicaux. Il en veut pour preuve une kyrielle d’autorisations d’importations de dispositifs médicaux datée du 8 mars et du 8 février 2021, mais aussi du 20 juin 2020, délivrée par la Direction de la pharmacie nationale pour le compte de la société Dahaico Sarl. Ces dispositifs médicaux sont, entre autres composés, dit-il, de gants, de bottes, de seringues, de rouleaux de bandage. Ce qui lui fait dire qu’il n’y a pas d’importation frauduleuse encore moins d’importation de faux médicaments et prend en témoin le communiqué de la Douane. «Il n’y a pas d’infraction de trafic de médicaments. C’est un mensonge grotesque, un complot», accuse Me Diouf.
Me Diouf charge et défie le ministre de la Santé…
Revenant sur les déclarations du ministre de la Santé qui a soutenu que c’est un crime, avant d’annoncer des poursuites contre les auteurs de cette affaire, Me Diouf révèle que Abdoulaye Diouf Sarr a été «imprudent». Il devait, dit-il, mener son enquête pour savoir s’il s’agit réellement de faux médicaments ou pas. «Aucun médicament contre une maladie n’a été trouvé sur place. C’est de la malhonnêteté», sérine l’avocat qui dénonce, dans la foulée, ce procédé qui consiste à fermer l’entreprise Dahaico au profit d’une autre. Or Dahaico, ajoute la robe noire, est bien connue des structures hospitalières, de la Douane et de la Direction de la pharmacie nationale. «Il est facile d’accuser, mais il faut le prouver. Je défie le ministère de la Santé et la Direction de la pharmacie nationale. Qu’ils nous montrent un seul faux médicament ? Il faut d’abord prouver que le médicament existe, il faut ensuite qu’il y ait une expertise pour conclure à la fausseté du médicament», renchérit Me Diouf. Pour davantage dénigrer les mis en cause aux yeux de l’opinion, ils ont dit, regrette l’avocat, que les médicaments étaient stockés dans les toilettes. Ce qui n’est pas conforme, dit-il, à la vérité. A l’en croire, c’est une affaire montée de toutes pièces par la Direction de la pharmacie nationale et la police.
Me Amadou Ali Kane : «C’est grâce à Dahaico que beaucoup de Sénégalais ne sont pas morts»
Son confrère de la défense, Me Amadou Ali Kane, de son côté, parle de faits travestis pour abattre des concurrents. «On présente des gens comme des criminels. C’est dangereux. Aliou Ba est un pharmacien et sait faire la distinction entre médicaments et consommables», indique Me Kane qui révèle que c’est grâce à la société Dahaico Sarl que beaucoup de Sénégalais ne sont pas morts de Covid-19. A l’en croire, lorsqu’il y avait pénurie de solutés, c’est Dahaico qui approvisionnait les structures hospitalières, publiques comme privées. Ce qui lui fait dire que Dahaico qu’on présente comme un bourreau a, au contraire, sauvé les Sénégalais. Au sujet de l’exercice illégal de la profession de pharmacien, Me Alassane Diallo rappelle que la sortie de promotion de Aliou Ba a été parrainée par l’actuel directeur de la Pharmacie nationale. Mieux, il révèle qu’il a soutenu sa thèse de doctorat avec la mention «très honorable et félicitations unanimes du jury». S’y ajoute, en février 2012, dit-il, Aliou Ba a été désigné par l’Ordre national des pharmaciens du Sénégal pour remplacer le pharmacien titulaire à Ziguinchor. Toutes choses qui lui font dire que cette accusation ne tient pas la route.
Moussa CISS
Retour de parquet en attendant de confier le dossier à un juge d’instruction
Les personnes impliquées dans cette affaire dite «de faux médicaments», dont deux ressortissants chinois et un pharmacien, ont été déférés, hier, devant le procureur de la République pour les délits d’association de malfaiteurs, fabrication, contrefaçon et trafic de produits médicaux, blanchiment de capitaux, mise en danger de la vie d’autrui, etc. Cependant, la bande à Aliou Ba a bénéficié d’un retour de parquet. En effet, on va vers une procédure d’instruction. Seulement, un magistrat instructeur n’a pas, pour le moment, été trouvé pour tirer cette affaire au clair et situer les responsabilités. En tout cas, de l’avis de Me El Hadj Diouf qui donne l’information, la défense est confiante, car, dit-il, dans cette affaire, ses clients n’ont commis aucun crime et aucun délit ne peut être reproché à ses clients.
M. C