L’instruction ne sera pas de tout repos pour le Doyen des juges dans la nouvelle affaire Cheikh Gadiaga. Connu pour sa subtilité, Me Ciré Clédor Ly a déjà entamé la bataille de procédure pour faire sortir son client de prison. L’avocat, qui estime que le procureur a travesti les propos de son client, a déposé sur la table du magistrat instructeur une requête pour demander la désignation d’un expert wolof-français, pour reprendre exactement les termes de Cheikh Gadiaga. Outre cela, la robe noire a saisi la Chambre d’accusation pour l’annulation de la procédure en considérant que le procureur de la République s’est trompé dans son réquisitoire introductif.
En fin procédurier, Me Ciré Clédor va tenter de déceler toutes les failles laissées par le procureur de la République dans l’affaire Cheikh Gadiaga. Attendre d’être renvoyé devant la juridiction de jugement sera peut-être long pour la robe noire et surtout pour son client. Conséquence : l’avocat va d’abord chercher si le Code de procédure pénale a été tout à fait respecté. Et selon Me Ly, le procureur de la République a violé certaines dispositions du Code de procédure pénale pour demander le mandat de dépôt et envoyer son client en prison. La première chose décelée par la défense de Cheikh Gadiaga, c’est les propos de son client qui ont été «envenimés», selon lui, par le chef du Parquet. En effet, pour la robe noire, le maître des poursuites, dans son réquisitoire introductif par lequel il a saisi le Doyen des juges d’instruction, pour demander l’inculpation et le placement sous mandat de dépôt de son client, a travesti les propos de Cheikh Gadiaga. «Ce n’est pas exactement ce qu’a dit mon client en wolof», jure l’avocat. Il a ainsi déposé sur la table du magistrat instructeur une requête sollicitant du juge la désignation d’un interprète wolof-français pour avoir la traduction exacte des mots utilisés par son client.
Cette «formalité substantielle» pas respectée par le procureur selon Me Ciré Clédor Ly
Mais, ce n’est pas tout, la robe noire a également trouvé d’autres failles dans le réquisitoire du chef du Parquet. A l’en croire, il y a une «formalité substantielle» qui n’a pas été respectée par le procureur dans son réquisitoire par lequel il a demandé le mandat de dépôt. Et pour lui, cela fait que le Doyen des juges ne devait même pas placer sous mandat de dépôt Cheikh Gadiaga. Du coup, il a saisi la Chambre d’accusation d’une requête aux fins d’annulation de la procédure. Une requête qui devrait bientôt être traitée par la juridiction de recours puisque le procureur, qui vient d’être saisi par le juge d’instruction pour avis, a 10 jours, selon le Code de procédure pénale, pour transmettre le dossier à la Chambre d’accusation. Rappelons que Cheikh Mbacké Gadiaga a été inculpé en fin décembre dernier pour avoir, lors de sa conférence de presse, accusé «l’épouse d’un grand Khalife» de faire partie d’une association de malfaiteurs qui voulaient faire gagner Idrissa Seck des voix à Touba.
Alassane DRAME