C’est la dernière ligne droite de la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule auCameroun jusqu’au 6. Le 3 février en soirée, on saura quelles seront les équipes finalistes. Mais aujourd’hui déjà, Lions de la Teranga du Sénégal et Étalons du Burkina Faso vont se disputer le premier ticket pour le dernier match de la compétition. Si au Sénégal, on est plus ou moins confiant quant à une victoire des Lions, première équipe africaine depuis plus de 3 ans, au Burkina Faso, on veut bien croire aux chances des Étalons. Ainsi, à quelques heures de ce première demi-finale entre le Sénégal et le Burkina Faso, «Les Echos» a donné la parole à Adama Salambéré, journaliste sportif à l’Agence d'information du Burkina (Aib). Au cours de notre entretien réalisé au téléphone, le journaliste burkinabé nous a permis de prendre la température à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et autres grandes villes. Le journaliste dira que même si au début de la Can, il n’y avait pas grand monde qui fondait espoir sur une bonne participation des Étalons ; les choses ont complétement changé au point qu’on parle désormais des chances de l’équipe de remporter le tournoi. Il assure que les Burkinabé, qui ont une jeune équipe compacte, vont battre les Sénégalais qui ont des joueurs de renom, mais qui n’ont vraiment pas une équipe. D’autant que les riches hommes d’affaire à travers le pays enchainent les promesses d’argent très alléchantes à l’endroit des Étalons.
Les Echos - Les Etalons vont jouer contre les Lions du Sénégal ce mercredi en demi-finale de la Can. Comment les Burkinabè préparent-ils cette opposition ?
Adama Salambéré : Depuis que les Étalons ont franchi le premier tour de cette Can, les Burkinabé ont un espoir sur cette équipe qui avant la compétition ne faisait pas rêver et les Burkinabé ne croyaient pas que l’équipe allait passer le cap du premier tour. Mais depuis que les Étalons ont passé le premier tour, la ferveur est montée en flèche et les Burkinabé ont commencé à y croire. Vous allez sentir dans les rues de Ouagadougou, dans les maquis, dans les «vidéos-clubs»… que les Burkinabé sont devenus beaucoup plus enthousiastes. Les drapeaux sont sortis et beaucoup de gens ont implanté les couleurs nationales sur les toits de leurs maisons, dans leurs commerces, dans les rues… Au-delà de Ouagadougou, dans les 13 régions, dans les 45 provinces du Burkina, les gens sont désormais impliqués. La confiance est surtout venue du match où les Étalons ont sorti les Tunisiens.
Sur le papier, le Sénégal part favori pour cette rencontre. D’après vous quelles sont les chances des Étalons ?
C’est vrai que sur le papier, le Sénégal part largement favori, au vu de son effectif étoffé, au vu des joueurs qui composent cette équipe des Lions de la Teranga avec des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs d’Europe, contrairement aux joueurs burkinabé qui n’ont pas de très grands clubs, mais c’est normal, c’est une équipe jeune. Mais il faut se dire que quand il s’agit d’un match Sénégal – Burkina c’est toujours difficile. Ça reste un derby parce que c’est une opposition entre deux équipes de la même sous-région ouest-africaine, ce qui fait que la rivalité est toujours intense.
On se souvient de ces deux matchs lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2018 pour lesquels les deux équipes se sont rencontrées à deux reprises courant 2017 et aucune des deux équipes n’a su s’imposer. Elles ont fait 2-2 à Ouagadougou et 0-0 au Sénégal. C’est pour dire que malgré que le Sénégal part favori, sur le terrain, ça sera un autre match. Parce que le Burkina Faso est une équipe qui aime les challenges. Lorsqu’on parle de derby ou de match de ce genre, les joueurs sont dans une autre dimension.
Aujourd’hui, ce qui est sûr, c’est que les Étalons sont capables de battre les Sénégalais et le peuple comme les joueurs y croient fermement. Ici les gens ne rêvent que de voir la Coupe d’Afrique au Burkina. Et au vu des prestations que nous avons vues des Sénégalais et des Burkinabé, les gens pensent que les Étalons sont au-dessus des Lions de la Teranga. Parce qu’ils disent que le Sénégal n’a pas montré un meilleur visage depuis le début de la compétition et les Sadio Mané, Ismaïla Sarr… n’ont pas montré grand-chose depuis le début de la Can.
Que représenterait une finale de Can avec les Étalons pour le peuple burkinabé, au regard de la situation socio-politique actuelle dans votre pays ?
Déjà, je dois vous dire que les nouvelles autorités du pays, à savoir les membres du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (la junte militaire au pouvoir, ndlr), ont tenu à joindre les joueurs et les membres du staff technique du côté de Yaoundé pour apporter leur soutien à l’équipe. Aujourd’hui, au regard de la situation que traverse le Burkina Faso, les joueurs ont une motivation supplémentaire pour se surpasser, battre cette équipe du Sénégal et remporter le trophée pour la première fois pour l’offrir au peuple burkinabé qui vit une situation sécuritaire et politique difficile.
Avez-vous des nouvelles des joueurs et du staff technique qui sont à Yaoundé ? Que disent-ils par rapport à ce match ? Dans quel état d’esprit sont-ils ?
Du côté de Yaoundé, les nouvelles sont bonnes. Puisque l’équipe n’a enregistré aucun cas de Covid-19 en prélude à ce match. Ce qui assure parce que cela veut dire que le Burkina va pouvoir aborder la rencontre au complet. Le second point positif, c’est qu’il y a près de 300 personnes qui ont effectué le déplacement pour aller renforcer le contingent sur place pour soutenir les Étalons. Pendant ce temps à Ouagadougou la mobilisation continue. À ce propos, il faut savoir que les opérateurs économiques sont en train de s’exprimer à travers des promesses d’argent très alléchantes. Par exemple il y a une banque qui a donné 50 millions aux Étalons et qui promet encore 100 autres millions en cas de victoire finale. Il y a également un opérateur économique qui a promis de donner 400 millions si les Étalons reviennent au pays avec le trophée. Ce dernier opérateur économique a également promis d’envoyer 300 supporters de plus au Cameroun en cas de qualification en finale. Et tout cela arrive aux oreilles des Étalons et participe à les ragaillardir.
Avez-vous un message pour les Sénégalais ?
Oui, juste pour dire que tout le peuple burkinabé croit à son équipe. Les Étalons sont certes une jeune équipe, mais c’est une équipe compacte qui sait jouer au football avec de jeunes joueurs qui veulent écrire leur propre histoire. Tout le contraire du Sénégal qui a des joueurs de renom mais qui n’a vraiment pas une équipe.
Entretien réalisé par Sidy Djimby NDAO