
Le ministre du Tourisme n’a pas dit son dernier mot malgré le verdict rendu par le Tribunal de Dakar dans l’affaire de diffamation qui l’opposait à Ousmane Sonko. En conférence de presse, il annonce que ses avocats vont faire appel de la décision rendue avant-hier, parce que la sanction financière est largement en deçà de ce qu’il réclamait. Il veut que ce montant soit revu à la hausse et que la maison de Sonko soit saisie.
Mame Mbaye Niang annonce que ses avocats vont faire appel pour corser la sanction financière qu’il juge insuffisante. Ainsi, le ministre du Tourisme veut recevoir 29 milliards qu’il compte verser à une œuvre caritative. «Nous avons fait appel car nous avons jugé les 200 millions insuffisants. Dès que la condamnation sera définitive, je demanderai par le biais de mes avocats la saisie de son domicile. Je précise qu’aucun membre de ma famille ne verra la couleur de cet argent. Il sera divisé en deux parties : les victimes causées par les appels à l'insurrection d’Ousmane Sonko et les daaras», fait savoir le ministre.
A moins d’un an de la présidentielle du 25 février 2024, Mame Mbaye Niang disqualifie déjà le challenger de son mentor, Macky Sall. Il fait savoir que même s’il ne perd pas son éligibilité, il a perdu sa dignité et sa crédibilité. «En plus, il peut se targuer de dire qu’il a gardé son éligibilité. Mais il a perdu sa dignité qui est encore plus forte. Son image est désormais ternie. La religion est très claire sur les condamnés au tribunal. Elle enseigne que toute personne condamnée pour mensonge n’est plus crédible pour témoigner. Il ne doit plus témoigner. Et dans l’Islam, cette personne ne doit plus diriger, donc il ne doit pas briguer la présidence. Il n’a pas de valeurs, il n’a pas de dignité. Il ne peut plus témoigner sur quoi que ce soit», s’est-il réjoui.
Le ministre du Tourisme de revenir encore sur son innocence. «Je défie quiconque au tribunal qui m’emmènera un rapport de l’Igf. Je suis prêt à aller en prison pour ça. Il n’y a aucun rapport qui peut nous incriminer, encore moins des fautes de gestion. Il a toujours manipulé les Sénégalais. Son ascension a commencé par le mensonge et va se terminer par le mensonge. Je ne fais pas partie du champ de compétence de l'Igf, c’est ça la manipulation sordide. Jusqu’à l’extinction du soleil, il ne produira pas ce rapport. Je demande à ses souteneurs et sympathisants de ne plus le suivre», conclut le ministre du Tourisme.
Baye Modou SARR
EXPULSION DE Me JUAN BRANCO
Olivier Sur, avocat de Mame Mbaye Niang, enseigne à son confrère la leçon d’humilité et de vie
Venu de France plaider pour le ministre du Tourisme et des Loisirs, l’ancien bâtonnier du barreau de Paris est revenu sur l’incident concernant son jeune confrère Branco. Olivier Sur n’a pas raté Juan Branco, qu’il a fini de peindre comme un avocat qui manque d’expérience et de culture internationale dans les relations entre avocats. «Je regrette qu’on ait éconduit à la frontière un avocat, ce n’est pas un ancien bâtonnier de Paris qui va vous dire que c’est une chose qui le satisfasse. Mais comment accueillir quelqu’un qui annonce dans un brûlot qu’il diffuse partout sur internet que le chef d’Etat du Sénégal est un tyran et qu’il a la recette de cuisine pour organiser une insurrection ? C’est comme dire à un chef de maison qu’on vient pour violer sa femme. C’est quelque chose qu’on ne peut pas demander à un État normalement organisé. Vous remarquerez que je n’ai jamais pris la parole avant le procès. Personne ne savait que je faisais partie de l’équipe. Avant le procès, je suis allé me présenter auprès des magistrats et du barreau où je me suis soumis. Ce sont des règles du barreau qu’il a méconnues. Il a beau me traiter de sorcier blanc, je lui renvoie dans la figure ce compliment en me posant la question si c’est de l’injure ou de la diffamation. Mes confrères me le diront. Notre appel est un appel mécanique dès lors que le parquet a formé un appel», peste l’avocat.
Revenant sur la victoire de son client, il a égratigné Sonko. «Faire un procès en diffamation, c’est se faire un procès en soi-même. On ne peut y aller que si on est sûr et certain qu’on est blanc comme neige, qu’on est absolument insusceptible de se voir reprocher quoi que ce soit. Qu’on ne risque rien en termes de preuve qu’on peut rapporter contre soi», conclut l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris.
Baye Modou SARR