Fidel Corbin Guedegbe a comparu, hier, devant le juge correctionnel. Sa faute : avoir accédé «illégalement» au compte de sa femme avant de faire constater les mails «adultérins» de cette dernière par un huissier. La partie civile, avec qui il vient de divorcer, lui réclame 100 millions de francs pour avoir porté atteinte à sa dignité. Verdict le 12 juin prochain.
La jalousie l’a-t-il rongé au point qu’il a accédé au compte mail de son épouse jusqu’à chercher à lui nuire ? Si Fidel Corbin Guedegbe a répondu par la négative, hier, devant le juge d’instruction, c’est en tout cas la conviction de Me Emmanuel Padonou, le conseil de l’épouse du prévenu, qui est partie civile dans cette affaire. En fait, Corbin Guedegbe a comparu, hier, pour accès illégal et maintien dans un système d’information, usurpation d’identité, collecte, traitement, stockage et transmission de données personnelles de manière illégitime, illicite et frauduleuse. Il a accédé dans le compte mail de sa femme après y avoir lu des «échanges adultérins». Pire, soupçonnant que la dame le trompe, il a changé le mot de passe du compte, après avoir fait constater les échanges par un huissier. En fait, il avait engagé les services d’un premier huissier, mais n’ayant plus confiance en celui-ci, il a changé d’huissier. L’épouse, ne pouvant plus se servir de son compte, a saisi la Division des investigations criminelles. Au final, c’est le Procureur qui lui a servi une citation à comparaître.
Hier, Corbin Guedegbe a reconnu avoir lu les mails, mais il ignorait qu’il s’agissait du compte de sa femme avec qui il n’était plus en odeur de sainteté depuis un certain temps. D’ailleurs, ils faisaient chambre à part. Lorsqu’il a vu les messages, il a poursuivi la lecture et a compris qu’il s’agissait du compte de son épouse. C’est alors qu’il est allé voir un huissier pour faire constater les messages. En fait, Corbin Guedegbe est un informaticien béninois. Il s’y connait très bien en ordinateur, mais il a juré n’avoir pas cherché à accéder au compte de son épouse ; et s’il a changé le mot de passe, c’est simplement dit-il parce qu’il voulait sauvegarder les mails pour que sa femme ne les supprime pas.
La partie civile réclame 100 millions de FCfa
Selon l’avocat de la partie civile, le prévenu, en plus d’accéder au compte et collecter les informations, s’y est installé et se l’est approprié, parce qu’il a changé le code d’accès et a refusé de le donner. Me Padonou a demandé la condamnation de l’informaticien à payer à sa cliente 100 millions de francs à titre de dommages et intérêts. En fait, selon la robe noire, c’est le prévenu lui-même qui a mis en marche «ses activités» après s’être approprié le compte. Tous les mails, c’est lui qui les envoyait. Il cherchait à fait perdre son épouse dans la procédure de divorce qu’il a finalement perdue. Des accusations contestées par le conseil de la défense, Me Bame Gningue. «Quel intérêt a-t-il de salir la mère de ses enfants ?», s’est interrogé l’avocat. Selon toujours la défense, le juge doit tenir compte de l’intention de son client, faisant constater les mails par un huissier. L’affaire sera vidée le 12 juin prochain.
Alassane DRAME