Si le pouvoir peut compter sur le parti Pur, allié dans la coalition Yewwi pour voter le projet de loi portant révision de la Constitution, rien n’est moins sûr pour les anciens alliés de Taxawu, jusqu’ici indécis sur la question. Les partisans de Khalifa Sall ont promis de peser le pour et le contre avant d’exprimer leur position. Un choix qui, de l’avis de Aba Mbaye, ne sera pas lié au choix de Benno ou de Pastef.
Le pouvoir en place va-t-il bénéficier du vote favorable des anciens alliés de Taxawu dans la coalition Yewwi pour faire passer le projet de loi portant révision de la Constitution en vue de supprimer le Conseil économique social et environnemental (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) ? Rien n’est moins sûr. Selon le député Ababacar Aba Mbaye, Taxawu est en train de peser le pour et le contre avant d’exprimer sa position le jour du vote. « On sera en commission et on aura le temps d’ici lundi de nous réunir pour échanger. Comme on le fait chez nous, la majorité l’emporte. Quelqu’un peut être d’un avis contraire au mien et tout le monde adopte sa position et au finish on applique le choix collectif du groupe. Mais notre choix n’est pas lié au choix de Benno ou de Pastef, mais à l’analyse que nous ferons de la situation politique et de la situation actuelle du pays », a précisé Aba Mbaye. Une position qui se détache de la posture commune lorsque Taxawu était dans la coalition Yewwi. A l’en croire, Taxawu avait suivi la loi de la majorité dans Yewwi en dépit de sa vision sur les institutions en question. « Nous considérions que le Hcct est une approche communautaire qui est passée dans le cadre des assises et confirmée par la Cnri à travers une chambre des territoires qui serait le prolongement de la gouvernance du pays. C’est une chambre assez intéressante. Nous étions pour un Cese qu’il fallait améliorer et réorganiser. Mais quand le groupe a décidé, nous nous sommes alignés sur la majorité et nous avons fait le choix de ne pas participer à l’élection du Haut Conseil, même si nous avions la possibilité de récupérer tous nos postes », rappelle le député de Taxawu.
« Qu’on nous dise c’est quoi le Projet »
En effet, ces institutions, dit-il, à l’image du Hcct, présentent des limites comme en témoigne la grève des agents des collectivités territoriales depuis deux ans. Ce qui lui fait dire que ces institutions sont réformables et adaptables. Néanmoins, il se désole de constater que l’option du gouvernement à travers ce projet de loi consiste tout simplement à supprimer ces deux institutions pour des raisons budgétaires. « Nous aurions préféré qu’on nous donne des solutions, qu’on nous dise c’est quoi le Projet. L’approche institutionnelle ne peut pas être uniquement financière. Nous voulons des engagements clairs. Qu’à l’avenir, on ne va pas nous amener les institutions du Projet. Le moment est venu pour notre pays de stabiliser ses institutions. Une grande démocratie, c’est une démocratie qui stabilise ses institutions. Nous devons nous accorder définitivement sur le type d’institutions que nous voulons », préconise Aba Mbaye.
« Demander à des gens de même parti de s’auto-balayer, c’est cynique »
En outre, il n’a pas manqué de déplorer la démarche du pouvoir et trouve inélégante cette approche qui consiste à demander aux députés de Benno de décréter la mise à mort des institutions dirigées par leurs camarades. Ce, au moment où, dit-il, le Règlement intérieur n’a même pas été promulgué. « Demander à des gens de même parti de s’auto-balayer, c’est cynique. Ils auraient pu attendre la prochaine législature », indique le responsable politique de Taxawu.
Sokhna Ba : « nous allons soutenir le Président à respecter son engagement »
Cependant, si Taxawu reste indécis quant au vote du projet de loi en faveur d’une dissolution, pour le parti Pur, allié de la coalition Yewwi, ce projet de loi sera voté. D'autant plus, de l’avis de Sokhna Ba, que le projet de loi entre en droite ligne des engagements des leaders de la coalition Yaw à sa création. « Les candidats issus de la coalition Yewwi avaient promis, une fois au pouvoir, de passer à la dissolution de ces institutions jugées budgétaires. En tant que députés de la coalition Yaw, nous n’avons jamais adopté le budget de ces deux institutions. Nous avons toujours considéré que ces fonds pouvaient être orientés vers d’autres secteurs prioritaires », explique le député de Pur qui précise que son parti s’est toujours inscrit dans cette dynamique. « Nous voulons rester cohérents et conséquents avec nous-mêmes et respecter les principes qui nous lient dans la coalition Yewwi. Nous allons soutenir le président de la République à respecter cet engagement au nom de la coalition et à respecter cet engagement électoral qu’il avait pris devant le peuple sénégalais », tranche Sokhna Ba.
Moussa CISS