A presque 6 mois de la fin de l'instruction, le Doyen des juges d'instruction a rendu une ordonnance de renvoi en police correctionnelle dans l'affaire Cheikh Mbacké Gadiaga. Pour Me Ciré Cledor Ly, c'est simple, c'est une astuce trouvée par le procureur et le juge d'instruction, pour retenir encore longtemps son client. L'avocat estime qu'il y a une violation de la loi.
Il y a quelques semaines, Me Ciré Cledor Ly avait prédit la prolongation de séjour carcéral de Cheikh Mbacké Gadiaga après une «trouvaille» du parquet et du magistrat instructeur. Aujourd'hui, l’ancien homme de confiance de Cheikh Amar est renvoyé en police correctionnelle par le Doyen des juges d'instruction qui a donc bouclé son enquête. Suffisant pour susciter l'ire de l'avocat, qui considère que c'est fait exprès de la part de procureur et du juge d'instruction pour prolonger le séjour carcéral de son client. La robe noire craignait qu'il y eût un motif pour maintenir son client en prison. Selon Me Ly, le fait pour le Doyen des juges d'instruction d'attendre une semaine de la fin des six mois d'instruction pour rendre son ordonnance est assez significatif de la volonté de prolonger le séjour de Cheikh Mbacké Gadiaga en prison. Car, normalement, selon lui, son client devait bénéficier d'une libération d'office, puisque les six mois allaient être bouclés.
Mais, le renvoyer en police correctionnelle c'est le maintenir en prison puisqu'il faudra encore du temps au parquet pour renvoyer en jugement, c'est-à-dire programmer le dossier en audience. Et pendant ce temps indéterminé, son client reste en prison. «Le Doyen des juges et le procureur de la République retiennent encore Cheikh Mbacké Gadiaga en prison, à une semaine de sa liberté provisoire d'office. Plusieurs de ses droits ont été violés sciemment par le juge. C'est très regrettable et dommage», se désole le conseil de Cheikh Mbacké Gadiaga.
Dans tous ses états, il poursuit : «cette manipulation des règles de procédure permet malheureusement de violer la présomption d'innocence, parce que c'est objectivement une condamnation avant jugement et par des autorités non habilitées, en prolongeant la détention qui n’est que provisoire ; mais encore le plus blâmable est qu’elle constitue en fait une usurpation de la fonction de juger qui est séparée et distincte de celle d'enquête judiciaire». L' avocat est d'autant plus en colère qu'il a saisi la Chambre d'accusation, il y a quelques semaines, pour demander l'annulation de la procédure, mais également la Cour suprême, sur la mise en liberté provisoire. Il considère ainsi que le dossier ne peut pas être bouclé et que le juge a fait fi de ces deux requêtes.
Rappelons que Cheikh Mbacké Gadiaga est poursuivi pour injure, diffusion de données à caractère personnel contre la famille de feu Ndiouga Kebe.
Alassane DRAMÉ